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110 Bourgogne

L’heure est aux économies

Plusieurs assemblées de section ont précédé l’Assemblée générale de 110 Bourgogne. L’occasion d’expliquer aux adhérents les mesures mises en place par la coopérative pour réaliser des économies et revenir sur les mesures d’accompagnement à destination des adhérents.
Par Dominique Bernerd
L’heure est aux économies
Jean-Marc Krebs, directeur de la coopérative 110 Bourgogne
Le train de mesures mis en place par la coopérative pour réaliser des économies sur le prochain exercice est à la hauteur de la situation dans laquelle est plongé le monde céréalier après la collecte catastrophique de l’année 2016. Un scénario entamé dès cet été, avec une révision des plans de stockage et de transfert des grains pour concentrer la marchandise sur les silos expéditeurs. Avec à la clé une économie de l’ordre de 400 à 500 K€. à l’étude également, une optimisation des frais de fonctionnement du service maintenance, ce qui pourrait dégager une économie de 150 K€ sur un budget global d’1 M€. Pas question pour autant d’un service «à minima», souligne Jean-Marc Krebs, le directeur de la coopérative : «on ne va pas laisser nos silos s’effondrer et on va continuer à maintenir l’outil en bon état. On n’a pas investi 34 millions € depuis 2003 pour tout laisser partir en javelle… !» Moins de grains à travailler, c’est aussi moins d’énergie dépensée et l’économie devrait atteindre 100 K€. Quant aux charges extérieures, elles devraient être en retrait de 600 K€. Le service communication paiera aussi son tribut, avec l’annulation de la soirée gala en février prochain et une assemblée générale sans intervenant ni invités. Une récolte diminuée de 40 % entraîne obligatoirement du travail en moins pour le personnel et un dispositif d’activité partielle a été engagé, qui va perdurer jusqu’au 30 septembre 2017, précise Jean-Marc Krebs, qui se félicite «de l’accueil bienveillant» des services de la Direccte et de l’engagement de l’ensemble du personnel dans l’acceptation du dispositif. Une mesure qui devrait là aussi entrainer une économie évaluée entre 400 et 500 K€. Au final, la coopérative devrait pouvoir dégager un programme d’économies se chiffrant entre 1,9 et 2 millions €.

Des mesures pour les adhérents
Mais l’urgence pour les adhérents, rappelle Jean-Marc Krebs, «c’est d’assurer le financement des approvisionnements sur l’exercice 2016/2017 et principalement, pour le printemps prochain…» Une convention appro a été proposée, avec un taux d’intérêt ramené à 1,5 %, mais réservé aux adhérents à jour de leur compte courant. Pour les autres, il leur est conseillé de se rapprocher de leur banque pour une demande d’ouverture de crédit. La coopérative pouvant alors se porter caution, «sous réserve que l’agriculteur souscrive une assurance aléas climatiques ou chiffre d’affaires…» Par ailleurs, si aucune marge de manœuvre n’est possible avec les fournisseurs, concernant les engrais et aliments, l’échéance restant fixée à 30 jours fin de mois, le délai sera ramené au 31 mai 2017 pour ce qui est des produits de protection des cultures et des semences de printemps. Soit respectivement 2 mois et 1 mois de crédit gratuit.

Plus de 4 000 ha de nouvelles cultures implantées

Lors de ces assemblées de section un point a été dressé sur les nouvelles cultures proposées par la coopérative, dans le cadre de la demande de diversification et d’allongement des rotations.
L’avoine nue a le vent en poupe, passée de 300 à 700 ha cette année, pour une surface qui devrait atteindre les 1 200 ha l’an prochain, entièrement contractualisés. En relation avec l’Association des Producteurs de Graines de Moutarde de Bourgogne (APGMB), 600 ha sont cultivés depuis plusieurs années en moutarde. Une surface dont les quotas devraient augmenter en 2017, suite à la demande croissante du donneur d’ordre, la Société Unilever Amora. Avec 830 ha, la culture de lin entre pour sa part en régime de croisière, souligne Eric Ducornet, responsable au sein de la coopérative, du secteur nouvelles cultures : « une culture liée à la filière Bleu Blanc Cœur, où l’on ne met en place que ce qu’ils nous demandent. Mais nous sommes aujourd’hui limités à cette surface et n’avons pu répondre à toutes les attentes des exploitants… »
Le chanvre entre dans sa 3e année de présence au sein de 110 Bourgogne, après deux cycles particulièrement mauvais en terme de rendement : « en 2015, la sécheresse a tué la fin de cycle et cette année, nous avons connu en début de cycle des conditions hydromorphes insupportables, avec pour résultat de gros problèmes d’implantation et au final du chanvre qui arrivait aux genoux, au lieu de la cabine de la moiss-batt ! » La surface reste pour le moment limitée à 300 ha, en filière avec Eurochanvre, toute augmentation de la sole étant conditionnée à l’acquisition d’une seconde machine de coupe : « notre machine fait le travail en un seul passage, récoltant à la fois le chènevis et conditionnant la paille en brins de 40 cm, mais ne peut assurer que 300 ha par campagne… » Une partie des cultures devrait être positionnée l’an prochain en zone bassin de captage et chez quelques producteurs bio. Autre dossier mené également depuis plusieurs années : celui des plantes porte-graines (luzerne, trèfle, sainfoin, vesce…). Leur surface est ainsi passée de 300 ha en 2015 à 500 ha cette année, mais pas de prévision à la hausse pour 2017.
Parmi les autres nouvelles cultures : le millet, avec 50 ha implantés l’an dernier, mais pour seulement 11 ha récoltés, compte tenu des conditions météo du printemps. L’essai sera néanmoins poursuivi et même augmenté, avec 150 ha de cultures contractualisées : « avec des débouchés pour l’alimentation humaine, garantissant des prix plus stables ». Egalement en test : le pois chiche, avec 260 ha implantés : « ces deux plantes nous viennent du sud et ont pour caractéristique de bien résister au sec, notamment dans les situations séchantes de juin et juillet que l’on rencontre d’ordinaire sur les plateaux argilo calcaire… » Peut-être une piste de solution pour remplacer demain le colza ?