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Chanvre

L'€™heure de la récolte a sonné

A la veille de l'€™automne, la récolte de chanvre industriel bat son plein. Une culture ancestrale qui depuis une dizaine d'€™années connaît un regain d'€™intérêt dans le département, du fait de ses qualités durables et des perspectives de marché. A ce jour, l'€™Yonne totalise près de 200 ha cultivés.
Par Dominique Bernerd
L'€™heure de la récolte a sonné
Exploitant céréalier à Quenne, Franck Pouillot a perpétué ce qui est devenu au fil des années une tradition familiale : la culture de chanvre industriel. Une culture initiée par Michel, son père, il y a 30 ans, alors qu'€™il était à la recherche d'€™une nouvelle tête de rotation. Aujourd'€™hui, Franck cultive une vingtaine d'€™ha autour d'€™Auxerre. Les conditions pour la moisson sont optimum : chaleurs le jour, rosée la nuit.
[I]«C'€™est la journée... !»[i] Après-midi noir pour Franck, dont la moissonneuse enchaîne les incidents mécaniques. Après la casse d'€™une barrette faute d'€™avoir été suffisamment resserrée, c'€™est au tour de l'€™éparpilleur, à l'€™arrière de la machine, qui a pris du jeu et s'€™est remis en position céréales, occasionnant un bourrage. Ne reste plus qu'€™à tout sortir à la main !

[INTER]Une moisson trois 3 étapes[inter]
Facile à cultiver, ne connaissant ni parasites, ni maladies, le chanvre n'€™a qu'€™un défaut : sa récolte ! La paille de chanvre contient des fibres très résistantes qui ont tendance à s'€™enrouler autour des parties en mouvement et les machines sont mises à rude épreuve.
Souci premier, les charges irrégulières : [I]«cette année, comme pour les autres cultures, les résultats sont hétérogènes et on se retrouve avec des plantes de toutes tailles selon qu'€™elles se trouvent en fond de vallée sur terres fraîches ou dans les cailloux, sur terres séchantes. Un écart énorme de plusieurs mètres, qui fait mal au matériel»[i]. Effectuée environ quatre à six semaines après la date de pleine floraison, la moisson du chanvre s'€™effectue en trois étapes : un premier passage effectué par la moissonneuse batteuse en position haute pour la récolte du chènevis.

Un second passage avec la faucheuse pour sectionner les tiges au ras du sol et les mettre en andains. Avant un séchage au sol pendant plusieurs jours et le pressage en balles rondes.
Pour Franck Pouillot deux impératifs : [I]«que les coupes lèvent assez haut, maximum 1,90 m et que les machines soient le plus simple possible pour éviter les enroulements à l'€™intérieur»[i]. En sol caillouteux, comme ici, à Beine, sur cette parcelle nichée en face des coteaux de chablis 1er Cru, gare à ne rien laisser en ratissant les andains : [I]«quand à l'€™usine, les cailloux arrivent jusque dans les broyeurs, ils apprécient moyennement !»[i]
Après un passage par le silo collecteur de Bonnard, toutes les graines de chènevis récoltées ici seront expédiées à la coopérative troyenne «Nouricia», qui en assure la commercialisation.

[INTER]Des cours repartis à la hausse[inter]
Excellente tête d'€™assolement, le chanvre est un précédent idéal pour les céréales d'€™hiver car il libère tôt le sol dans l'€™arrière-saison et améliore sa structure grâce à un système racinaire important qui l'€™aère. Franck a privilégié une rotation sur cinq ans : «juste derrière, on met du blé et après, du colza, de nouveau du blé et de l'€™orge».
Privilégiant un sol neutre ou légèrement alcalin (pH 7 à 7,5) mais s'€™adaptant à tous types de terres moyennes, le chanvre n'€™a qu'€™un seul ennemi : les sols argileux, trop compacts. Autre avantage : sa rapidité de croissance et sa vigueur, lui permettant de surmonter l'€™attaque de la plupart des maladies et ravageurs, sans utilisation de pesticides et herbicides. Rendement moyen pour l'€™agriculteur de Quenne : 12 q/ha, avec des pointes à 20 q/ha en terres fraîches. Quand aux cours, ils sont repartis à la hausse : [I]«le marché du chènevis se tient bien. Cette année, on peut espérer les 450 €/tonne. On pourrait même en faire le double, il n'€™y aurait pas de problème pour le placer. On a connu quelques soucis sur la valorisation de la paille, conséquence de la crise économique dans le bâtiment, mais ça repart bien. Aujourd'€™hui, on nous demande de produire 100 % des quotas et on parle même d'€™obligation à assurer le retard pris sur les années antérieures»[i].