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Écopâturage

L’entretien par les ovins

Un jeune de Francheville est actuellement à Dijon avec 60 de ses brebis.
Par Aurélien Genest
L’entretien par les ovins
Éloi Mony, il y a quelques jours au parc de la Combe à la serpent.
Éloi Mony s’est engagé avec la ville de Dijon pour un essai d’Écopâturage à la Combe à la Serpent. Le jeune de 22 ans siège depuis le 2 septembre dans ce parc périurbain qui, avec ses 326 hectares, fait partie des plus grands de France. «Je suis entré en contact avec la municipalité dijonnaise par un concours de circonstances. L’idée est d’entretenir une partie du site d’une manière très écologique, en évitant le passage de machines et la consommation de carburants», indique Éloi Mony, qui a fait le déplacement à Dijon avec une soixantaine de brebis romanes croisées suffolk appartenant à ses parents. Sur place, le Côte-d’orien surveille ses animaux et dort dans une petite caravane avec son chien Maxi, de race Beauceron. De nombreux passants n’hésitent pas à s’arrêter et à discuter avec le jeune homme : «c’est très convivial, les gens s’intéressent beaucoup aux moutons et me demandent ce que je fais ici, avec eux». L’Écopâturage réalisé par Éloi Mony et ses ovins s’étend sur environ deux hectares : «je suis trois semaines ici, je pars le 23 septembre. J’ai amené le matériel nécessaire pour constituer un enclos d’environ un demi-hectare, je le change plusieurs fois de place. J’ai amené une tonne d’eau, des agents de la ville viennent régulièrement la remplir. L’Écopâturage n’est pas nouveau ici, il est déjà pratiqué dans le reste de la Combe à la Serpent, grâce à une entreprise venant de Grenoble. Les moutons ont l’air de se plaire, ils mangent de l’herbe de friches avec du pâturin, du dactyle, du sainfoin, un peu de luzerne, du trèfle et du brome. Ce sera autant de nourriture qui ne sera pas consommée à Francheville».

Spécialiste de la tonte
Éloi Mony n’est pas encore officiellement éleveur. Depuis sa sortie de l’école il y a trois ans après un bac professionnel «productions animales» et un certificat de spécialisation ovin, ce passionné d’élevage s’est orienté vers la tonte de moutons. Devenu professionnel, Éloi Mony tond une moyenne de 8 000 ovins à l’année en Côte-d’Or et dans sept autres départements voisins : «j’aime ce métier, même si celui-ci est dur physiquement et très prenant. Tout jeune, j’étais en admiration devant Gérald Dupaquier, tondeur à Blaisy-Bas, qui venait – et vient toujours - sur l’exploitation de mes parents. Gérald m’avait pourtant montré les facettes négatives du métier, mais peu importe, je me suis lancé, après l’avoir suivi plusieurs fois dans ses déplacements au cours de mes stages». Éloi Mony perçoit 2,50 euros par animal tondu. «Une fois les charges retirées, nous gagnons entre 1,3 et 1,50 euros par animal. Pour vivre de ce métier et se dégager un peu plus qu’un Smic, il faut tondre au moins 20 000 bêtes dans l’année», informe le fils d’éleveur. Éloi Mony prévoit de s’installer au mois de janvier à Francheville, le fief de ses parents : «je conserverai mon activité de tonte quoiqu’il arrive. Mon père me cédera une vingtaine d’hectares sur lesquels j’élèverai entre 200 et 250 brebis. Nous aurons deux structures bien distinctes mais je m’inspirerai de son système extensif. Je pratiquerai la vaine pâture, comme mon père, qui consiste à emmener des moutons sur des parcelles appartenant à des voisins. Nous avons encore réalisé cette technique il y a peu, chez un producteur céréalier qui avait broyé 10 hectares de jachères : 280 brebis ont mangé les végétaux. C’est un système gagnant-gagnant car, d’un côté, les animaux se nourrissent gratuitement et de l’autre, le producteur céréalier fertilise sa parcelle avec les excréments et surtout, il n’a pas à repasser une deuxième fois le broyeur».