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Accélération des émissions de méthane

L’élevage montré du doigt se «rebeef»

A l’occasion de la sortie du rapport scientifique « Global methane budget 2000-2012 », Interbev, l’Interprofession élevage et viande, souligne que l’élevage bovin français travaille à la réduction de ses émissions et à leur compensation grâce notamment au stockage carbone dans les prairies.
Par Ma signature
L’élevage montré du doigt se «rebeef»
Le stockage du carbone dans les prairies compense en partie les émissions de l’élevage.
Analysé de manière globale, le rapport intitulé «Global mathane budget 200-2012»,  ne pointe pas spécifiquement les ruminants, mais dresse un bilan factuel des différentes sources d’émissions de méthane et indique la difficulté de les quantifier, étant donné leur caractère diffus. La source biologique comme celle des ruminants, n’est pas la seule à prendre en compte. D’autres sources naturelles comme les zones humides, les formations géologiques... doivent aussi être intégrées dans les observations et les calculs. Il en va de même pour les déchets et les fuites liées aux extractions de charbon, pétrole et gaz, qui constituent également une part importante du méthane émis et doivent à ce titre être comptabilisés et réduits au même titre que le dioxyde de carbone (CO2).

Interbev a saisi cette actualité, pour rappeler que la filière élevage et viande ( à laquelle on attribue 75% des émissions agricoles) s’inscrit dans une démarche de progrès continu vers la réduction de ses émissions. Un des contributeurs au rapport, Philippe Bousquet, chercheur au CNRS, explique d’ailleurs que les émissions agricoles ne peuvent pas expliquer l’accélération des émissions de méthane. «Les animaux sont responsables d’une augmentation tranquille. Ils ne sont pas responsables de l’accélération». Les vraies raisons restent «mal comprises ; elles pourraient tout aussi bien découler d’une augmentation des émissions associées à l’exploitation des énergies fossiles».
Interbev souligne qu’il faut aussi prendre en compte le stockage du carbone à mettre au crédit des activités d’élevage. Naturellement émis par les ruminants, le méthane est directement lié à la digestion de l’herbe qui constitue 60 à 80% de leur ration alimentaire. Ainsi, l’élevage constitue l’une des rares activités (en France) qui compense directement ses propres émissions grâce au rôle de l’herbe sur laquelle les animaux pâturent et qui capte du carbone. L’organisation professionnelle estime que 75% des émissions de méthane des ruminants sont naturellement compensées.

De son côté, l’Institut de l’élevage a publié en 2012 une étude prenant en compte l’ensemble des gaz émis et stockés par les ruminants en France. «La prise en compte du stockage de carbone sous les prairies et les haies se traduit par une compensation comprise entre 6% et 43% selon les systèmes, en fonction de la part des prairies». Interbev ajoute à cela que les treize millions d’hectares de prairies du pays (soit 20% du territoire national)  «n’existeraient pas sans l’élevage, et offrent à la société des services paysagers et éconlogiques» comme le maintien de la biodiversité, la préservation de la qualité de l’eau, la qualité de l’air, etc.

Life Beef Carbon, un dispositif ambitieux de réduction des gaz à effet de serre
Au travers du dispositif «Life beef carbon», la filière viande bovine s’est également engagée dans un programme de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre avec pour objectif la réduction de son empreinte carbone de 15% d’ici 10 ans.

Ce dispositif en forme de programme a été labellisé Cop21. Il inclut la réduction des émissions de méthane, au même titre que celles du CO2 et le protoxyde d’azote (N2O), par un ensemble de pratiques destinées à une meilleure gestion du troupeau et de l’alimentation des bovins. La filière viande bovine française s’est aussi inscrite dans le programme ministériel du 4 pour 1 000, visant à maintenir et augmenter le stockage de carbone dans ses sols.

Philippe Bousquet confirme que pour aller plus loin et disposer de données plus précises «il faut une vision intégrée, pas seulement sous l’angle du méthane... Il y a beaucoup à faire, mais ça commence. L’Inra y travaille aussi».