Assemblée générale de la FDSEA
L’avenir se construit aujourd’hui
Phytos, inondations, glyphosate, biocarburants… Autant de sujets d’actualité abordés lors de l’assemblée générale de la FDSEA de l’Yonne, le 24 mai dernier, qui pour l’occasion, avait invité Arnaud Rousseau, président de la FOP et du Groupe Avril.

« La situation dans les exploitations est très difficile depuis de longs mois et cela entraîne des dossiers de plus en plus compliqués à traiter…» Vice-présidents de la FDSEA 89, Arnaud Rondeau et Arnaud Delestre ont d’emblée fixé le décor. Les sujets de mécontentements sont multiples et à tour de rôle les différents intervenants s’en sont fait l’écho tout au long de l’après-midi. À commencer par le volet phytos : «on est passé à un «agribashing» permanent avec une vision sociétale qui est aujourd’hui très fortement déformée par de multiples canaux… Autre source d’inquiétude : les États Généraux de l’Alimentation «qui en dépit d’une volonté louable au départ, de remettre du revenu dans les exploitations, suscitent la crainte de revoir un Grenelle de l’environnement bis, bien sûr à charge pour le monde agricole…» Également dans la ligne de mire, les mesures annoncées concernant l’interdiction du glyphosate : «avec la volonté d’interdire cette molécule sans aucun fondement scientifique ! Bel exemple que les promesses de campagne ne dépassent pas la fin des élections. Il existe aujourd’hui un réel amalgame sur ce dossier entre les phytos, Monsanto, les OGM, etc. Quand on veut tuer son chien…, vous connaissez la suite !»
«Notre métier, on le fait bien…»
Des motifs de satisfaction toutefois, comme avec les Bac, après avoir travaillé de concert avec l’administration pour l’adoption d’une charte sur la qualité de l’eau : «qui va dans le bon sens et ne tombe pas dans la surenchère, visant à limiter l’utilisation de certaines matières actives plutôt que de les interdire», se félicitant au passage de l’arrivée du nouveau préfet de l’Yonne, Patrice Latron : «cela a permis de renouer un dialogue constructif dont on ne se rappelait plus…» Coup de gueule du président de la FDSEA de l’Yonne, Damien Brayotel, sur l’utilisation des phytos : «il faut arrêter les discours binaires ! Il n’y a pas de bons et de mauvais, entre utilisateurs de phytos ou non, l’agriculture n’est pas si séparée que ça ! Il existe tous les modèles, le changement va se faire, il y a des choses qui bougent mais ça va prendre du temps et demande de la recherche et de l’innovation…» Avec l’impression qu’en dépit d’une consommation de phytos divisée par 2 en 20 ans, on n’en parle jamais : «à nous de reprendre la communication sur le sujet, pour arriver à démontrer que notre métier, on le fait bien…» Concernant la cartographie des cours d’eau, Arnaud Delestre a réitéré le besoin de déterminer le maillage existant : «aujourd’hui, nous en sommes à deux cartes existantes, sachant que pour tout ce qui était «chevelu», «nous avons demandé que les agents en charge, se déplacent sur le terrain et qu’on soit là pour les accueillir et leur expliquer comment ça fonctionne, pour coller au plus près de la réalité du terrain».
Un discours sans langue de bois
Installé exploitant en Seine et Marne, aux confins de l’Oise et de l’Aisne, Arnaud Rousseau est administrateur à la FOP depuis 2005 : «c’est en 2012 que Xavier Beulin m’a approché pour travailler ensemble et deux ans plus tard, je suis devenu l’un des quatre administrateurs du groupe Avril, avant d’en être élu président en 2017, quelques jours avant la disparition de Xavier…» Un groupe qui tire 35 % de son chiffre d’affaires de l’étranger et 65 % de ses activités sur le sol national, mais dont 90 % du résultat émane des actions menées à l’international, explique Arnaud Rousseau : «si nous n’avions pas ces investissements loin de nos bases, pour ramener du cash et faire tourner les outils auxquels on tient en France, au moment où je vous parle, on les aurait fermés…» Interrogé sur l’avenir de l’usine Saipol du Meriot, le président d’Avril ne manie pas la langue de bois : «ces derniers mois, elle a tourné à 75 % de son potentiel, alors que c’est comme une moiss’bat, elle doit fonctionner à plein régime ou pas». Se refusant à porter seul les pertes enregistrées : «il en va de la responsabilité de l’industriel, des OS, mais aussi des paysans ! Et dans le contexte du moment, si votre organisme stockeur vient vous voir en demandant de serrer les coudes, il faudra aller chercher le collectif. Rendez-vous dans un mois pour savoir qui est prêt à suivre le contrat proposé, visant à rémunérer un peu moins cher à court terme, le temps qu’on rétablisse les équilibres économiques, avec l’engagement en cas de retour à meilleure fortune, de redistribuer le différentiel qui aura été alloué». Les États Généraux de l’Alimentation ont également été évoqués par Arnaud Rousseau au cours de son intervention : «il ne fallait pas faire rêver les agriculteurs en leur expliquant que c’était à partir de leur coût de revient de ferme qu’allait être construit le prix de la valeur payée. Si certains ont compris ça dans la salle, on va les faire atterrir tout de suite, ce n’est pas possible ! En revanche, regarder ce que sont les indicateurs régionaux et la manière dont ils sont construits, a du sens». Un mot également sur les attentes sociétales : «en France, on est passé de la peur de manquer à l’après-guerre, à la peur aujourd’hui, d’être empoisonné ! En oubliant que jamais on a eu une telle sécurité alimentaire sur les aliments. Sortez de France, allez en Chine et vous verrez qu’ici, c’est Byzance ! En fait, nous n’avons pas conscience de notre savoir-faire et de notre chance».
«Une norme c’est quoi ? Une charge !»
Dans son discours de clôture, Damien Brayotel est revenu également sur les «Egalim» : «sur les prix, nos attentes étaient grandes, mais les avancées sont insignifiantes alors même que les industriels et les GMS étaient prêts à faire des concessions. La pilule est amère. Au final, rien sur le prix, mais pas mal d’attentes sociétales à satisfaire. Nous nous retrouvons avec de nouvelles normes, de nouvelles contraintes. Et une norme c’est quoi ? Une charge». Également évoqués, les accords de libre-échange, qu’ils aient pour nom Mercosur ou Ceta : «depuis 20 ans, les producteurs français se sont battus pour enrayer l’image de viande aux hormones, de farines animales et de vaches folles, d’OGM résistants au glyphosate et voilà que par un beau miracle, il faudrait ouvrir les vannes à des imports massifs !» Considérant comme une incohérence, le fait que dans le même temps, le discours politique appelle à toujours plus de circuit court, de label qualité et de productions locales… Mais pour le président de la FDSEA de l’Yonne, l’avenir se construit au présent, énumérant quelques exemples d’agriculteurs enclins à s’adapter pour se réapproprier l’acte de production : de l’agriculteur poyaudin s’engageant dans une OP laitière pour défendre son produit et son revenu, à cet éleveur changeant la race de son troupeau pour gagner en temps de travail et en coût de production, en passant par celui qui se lance un défi en s’engageant à 55 ans dans l’agro écologie ou ce paysan du tonnerrois postant des vidéos sur les réseaux sociaux et prenant la parole pour défendre le métier : «ce sont ces paysans qui génèrent l’énergie du collectif, c’est d’eux que vient la force de notre syndicat».
«Notre métier, on le fait bien…»
Des motifs de satisfaction toutefois, comme avec les Bac, après avoir travaillé de concert avec l’administration pour l’adoption d’une charte sur la qualité de l’eau : «qui va dans le bon sens et ne tombe pas dans la surenchère, visant à limiter l’utilisation de certaines matières actives plutôt que de les interdire», se félicitant au passage de l’arrivée du nouveau préfet de l’Yonne, Patrice Latron : «cela a permis de renouer un dialogue constructif dont on ne se rappelait plus…» Coup de gueule du président de la FDSEA de l’Yonne, Damien Brayotel, sur l’utilisation des phytos : «il faut arrêter les discours binaires ! Il n’y a pas de bons et de mauvais, entre utilisateurs de phytos ou non, l’agriculture n’est pas si séparée que ça ! Il existe tous les modèles, le changement va se faire, il y a des choses qui bougent mais ça va prendre du temps et demande de la recherche et de l’innovation…» Avec l’impression qu’en dépit d’une consommation de phytos divisée par 2 en 20 ans, on n’en parle jamais : «à nous de reprendre la communication sur le sujet, pour arriver à démontrer que notre métier, on le fait bien…» Concernant la cartographie des cours d’eau, Arnaud Delestre a réitéré le besoin de déterminer le maillage existant : «aujourd’hui, nous en sommes à deux cartes existantes, sachant que pour tout ce qui était «chevelu», «nous avons demandé que les agents en charge, se déplacent sur le terrain et qu’on soit là pour les accueillir et leur expliquer comment ça fonctionne, pour coller au plus près de la réalité du terrain».
Un discours sans langue de bois
Installé exploitant en Seine et Marne, aux confins de l’Oise et de l’Aisne, Arnaud Rousseau est administrateur à la FOP depuis 2005 : «c’est en 2012 que Xavier Beulin m’a approché pour travailler ensemble et deux ans plus tard, je suis devenu l’un des quatre administrateurs du groupe Avril, avant d’en être élu président en 2017, quelques jours avant la disparition de Xavier…» Un groupe qui tire 35 % de son chiffre d’affaires de l’étranger et 65 % de ses activités sur le sol national, mais dont 90 % du résultat émane des actions menées à l’international, explique Arnaud Rousseau : «si nous n’avions pas ces investissements loin de nos bases, pour ramener du cash et faire tourner les outils auxquels on tient en France, au moment où je vous parle, on les aurait fermés…» Interrogé sur l’avenir de l’usine Saipol du Meriot, le président d’Avril ne manie pas la langue de bois : «ces derniers mois, elle a tourné à 75 % de son potentiel, alors que c’est comme une moiss’bat, elle doit fonctionner à plein régime ou pas». Se refusant à porter seul les pertes enregistrées : «il en va de la responsabilité de l’industriel, des OS, mais aussi des paysans ! Et dans le contexte du moment, si votre organisme stockeur vient vous voir en demandant de serrer les coudes, il faudra aller chercher le collectif. Rendez-vous dans un mois pour savoir qui est prêt à suivre le contrat proposé, visant à rémunérer un peu moins cher à court terme, le temps qu’on rétablisse les équilibres économiques, avec l’engagement en cas de retour à meilleure fortune, de redistribuer le différentiel qui aura été alloué». Les États Généraux de l’Alimentation ont également été évoqués par Arnaud Rousseau au cours de son intervention : «il ne fallait pas faire rêver les agriculteurs en leur expliquant que c’était à partir de leur coût de revient de ferme qu’allait être construit le prix de la valeur payée. Si certains ont compris ça dans la salle, on va les faire atterrir tout de suite, ce n’est pas possible ! En revanche, regarder ce que sont les indicateurs régionaux et la manière dont ils sont construits, a du sens». Un mot également sur les attentes sociétales : «en France, on est passé de la peur de manquer à l’après-guerre, à la peur aujourd’hui, d’être empoisonné ! En oubliant que jamais on a eu une telle sécurité alimentaire sur les aliments. Sortez de France, allez en Chine et vous verrez qu’ici, c’est Byzance ! En fait, nous n’avons pas conscience de notre savoir-faire et de notre chance».
«Une norme c’est quoi ? Une charge !»
Dans son discours de clôture, Damien Brayotel est revenu également sur les «Egalim» : «sur les prix, nos attentes étaient grandes, mais les avancées sont insignifiantes alors même que les industriels et les GMS étaient prêts à faire des concessions. La pilule est amère. Au final, rien sur le prix, mais pas mal d’attentes sociétales à satisfaire. Nous nous retrouvons avec de nouvelles normes, de nouvelles contraintes. Et une norme c’est quoi ? Une charge». Également évoqués, les accords de libre-échange, qu’ils aient pour nom Mercosur ou Ceta : «depuis 20 ans, les producteurs français se sont battus pour enrayer l’image de viande aux hormones, de farines animales et de vaches folles, d’OGM résistants au glyphosate et voilà que par un beau miracle, il faudrait ouvrir les vannes à des imports massifs !» Considérant comme une incohérence, le fait que dans le même temps, le discours politique appelle à toujours plus de circuit court, de label qualité et de productions locales… Mais pour le président de la FDSEA de l’Yonne, l’avenir se construit au présent, énumérant quelques exemples d’agriculteurs enclins à s’adapter pour se réapproprier l’acte de production : de l’agriculteur poyaudin s’engageant dans une OP laitière pour défendre son produit et son revenu, à cet éleveur changeant la race de son troupeau pour gagner en temps de travail et en coût de production, en passant par celui qui se lance un défi en s’engageant à 55 ans dans l’agro écologie ou ce paysan du tonnerrois postant des vidéos sur les réseaux sociaux et prenant la parole pour défendre le métier : «ce sont ces paysans qui génèrent l’énergie du collectif, c’est d’eux que vient la force de notre syndicat».