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Assemblée générale de la FDSEA 21

L’avenir des productions des zones intermédiaires en questions... et réponses

La FDSEA 21 s’est réunie en assemblée générale à Sombernon. En débat, l’avenir des productions des zones intermédiaires soumises aux aléas climatiques comme à la dictature des prix et très fragilisées économiquement. L’action collective et syndicale en appui, les exploitations de ces zones à faible potentiel doivent trouver les moyens de dégager de nouvelles marges de manœuvre.
Par Anne-Marie Klein
L’avenir des productions des zones intermédiaires en questions... et réponses
Samuel Bulot, secrétaire général et Fabrice Faivre, président de la FDSEA 21 ont invité Frédéric Perrot (président de la FRSEA BFC) Etienne Gangneron (vice-président de la FNSEA) à enrichir les débats de cette assemblée générale en apportant leur expertis
L’année 2016 ne laisse que des mauvais souvenirs et 2017 pourrait bien «en remettre une couche» comme le craint Samuel Bulot, secrétaire général de la FDSEA, dans la présentation du rapport moral de la FDSEA 21, qui s’est réunie en assemblée générale à Sombernon le 19 mai dernier. Crainte confirmée par Fabrice Faivre, son président, qui considère que «l’année s’annonce mal, notamment sur les sols à faible potentiel, durement touchés par des épisodes de sécheresse, de gel et même de neige», le tout,  à contretemps de ce qu’il aurait fallu.
Dans les zones impactées, les orges d’hiver, les blés, le colza, la luzerne et les productions fourragères ne s’en sortiront pas indemnes. Et l’assurance, quand elle pourra jouer, sera vraisemblablement  loin de couvrir les pertes réelles. La nouvelle donne climatique impose donc son rythme cette année encore et tant que les moissons ne seront pas faites la crainte prévaudra de voir se reproduire le scénario calamiteux de 2016.
Cette crainte est d’autant plus forte que la situation de nombre d’exploitations ne s’est pas améliorée, loin s’en faut... La courbe des résultats en fonction des systèmes de production présentée par Fabrice Faivre, ne laisse aucun doute quant à la situation de détresse des exploitations de grandes cultures, prises dans le ciseau des rendements/prix et la baisse inexorable des soutiens au titre de la Pac. «Il y a le feu» interprète le président de la FDSEA 21.
La diminution drastique des aides Pac, les disparités franco-françaises dans la redistribution de ces aides, relevées par Fabrice Genin, vice-président de la FDSEA participent au fait que «les exploitations se trouvent de moins en moins en capacité de supporter une situation de crise, qu’elle soit économique ou climatique», résume Frédéric Perrot, président de la FRSEA BFC. La solution pour en sortir par le haut ? Si l’on ne peut pas faire grand chose concernant le climat, on peut au moins s’attaquer au «mal» français source d’iniquité entre les régions notamment en se battant pour la convergence des aides Pac aux grandes cultures sur l’ensemble du territoire national. «La dégradation des aides Pac dans les zones intermédiaires n’est plus supportable dans un contexte de revenu en chute libre, du fait des mauvaises récoltes et des prix bas, elle explique la situation de détresse de beaucoup d’agriculteurs» martelle Fabrice  Faivre.

Pac, la «version» française en question
La Pac reste le gros dossier de ces dernières années, elle s’avère un imbroglio de premier ordre, une politique commune «impossible à mettre en œuvre, une machine ingérable et incontrolable» que dénonce le président de la FDSEA. Un constat partagé par Etienne Gangneron,  vice-président de la FNSEA, invité à cette assemblée générale, qui remarque que les autres pays d’Europe ne subissent pas les mêmes déboires et retards accumulés.
Explication de cette nouvelle exception française ? «la France a opéré des choix trop complexes qui alourdissent le dispositif et le rendent difficile à mettre en œuvre, les outils français sont trop compliqués». Une fois de plus à force de vouloir laver plus blanc que blanc et de multiplier les spécificités , on en devient totalement contre-productif... Pour Jacques de Loisy, «c’est un fait qu’il faut une valorisation sur tous les prix et que les efforts de compétitivité concernent tout le monde, mais les écarts de compétitivité interne de la ferme France doivent trouver une solution». La solution? En grandes cultures, «Il faut solder le débat des 52 ha et aller rapidement à la convergence en mettant tout le monde sur un pied d’égalité». Mais sur ce sujet de la convergence, «le combat ne fait que commencer» car l’intérêt des uns peut aller à l’encontre de l’intérêt des autres.
Les combats - et les acquis - de l’année, évoqués par Samuel Bulot, ce sont : la mise en place du plan d’urgence (avec quelques couacs), la révision des zones défavorisées simples, l’opération coeur de gamme (où le Grand Ouest a gagné une certaine avance sur le Grand Est), la remise en cause de l’arrêté phyto (pour des mesures plus pragmatiques et réalistes), la volonté de voir la loi Sapin 2 nettement améliorée, les progrès importants dans la lutte contre  la tuberculose bovine, etc.

Les moyens d’en sortir par le haut...
Les nuages se sont donc accumulés sur l’agriculture de Côte d’Or, mais il faudra bien «passer le cap» pour retrouver une dynamique positive. Certaines solutions dépendent de l’extérieur,  d’autres concernent chaque agriculteur dans sa fonction d’entrepreneur et de gestionnaire. Frédéric Perrot énumère certaines de ces orientations qui peuvent ramener de la valeur ajoutée sur les systèmes : vendre et produire autrement en segmentant certaines productions, trouver de nouvelles  formules, innover et adapter son système d’exploitation, s’interroger sur son rapport au matériel, au parcellaire...
Trouver en somme de nouvelles marges de manœuvre, même quand  on a le sentiment d’avoir serrer tous les boulons,  de nouvelles pistes d’amélioration peuvent s’ouvrir.  Etienne Gangneron renforce le propos en soulignant que «sur certains sujets, comme l’assolement  commun, les exploitants français ont pris du retard», alors qu’il y a beaucoup à gagner à une bonne maîtrise du foncier, des charges de mécanisation et de gestion. «Même en pleine crise» il encourage «à s’adpater et à innover». Exemple à l’appui, de «ce qui était du domaine du rêve il y a encore peu de temps et qui peut devenir rapidement une réalité ouvrant de nouvelles perspectives : les robots et les drones», dont les applications ne cesse de s’enrichir.  Autre chantier, le travail particulier à mener pour faire reconnaître l’apport de zones à faible potentiel, au territoire,  à l’environnement et au paysage. Vincent Lavier, président de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or milite pour voir «s’établir un nouveau contrat entre l’agriculture de ces zones en grand danger actuellement et la société». Représentant du Ceser (Conseil économique, social et environnemental) Christophe Monot a insisté sur la nécessité «d’investir tous les créneaux, de la grande consommation au haut de gamme, car une filière a besoin de diversité pour exister» et les agriculteurs ont besoin de filières efficaces et performantes  économiquement pour écouler leur production et s’inscrire dans des marchés rémunérateurs et durables.