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Énergies renouvelables

L'autosuffisance d'ici 15 ans

Le 23 juin, une session plénière du Conseil départemental de la Nièvre, suivie d'un débat, était organisée sur la stratégie de développement des énergies renouvelables dans le département. 

Par Chloé Monget
L'autosuffisance d'ici 15 ans
Conseil départemental de la Nièvre
La session plénière du 23 juin s'est tenue en présence de, de gauche à droite, Cyrille Forest, Fabienne Decottignies, Fabien Bazin (président du Conseil Départemental de la Nièvre), Blandine Delaporte (vice-présidente du CD en charge des transitions, du fonds d'innovation et d'investissement territorial ainsi que du dialogue avec les habitants) et Guy Hourcabie (président du SIEEEN).

Afin de détailler sa stratégie de développement des énergies renouvelables élaborée avec le Syndicat intercommunal d'énergies, d'équipement et d'environnement de la Nièvre (SIEEEN), le Conseil départemental orchestrait une session plénière le 23 juin à Nevers. Pour rappel, la stratégie vise l'autosuffisance de la Nièvre en énergie d'ici 15 ans au travers d'un programme s'articulant autour de différents axes dont la réduction des consommations ou encore la diversification de l'énergie (structuration des filières de valorisation de biodéchets ou conception d'une stratégie autour du bois énergie, par exemple). Outre la présentation de cette dynamique, un bilan d'actions déjà menées fut présenté avec notamment, l'identification des zones d'accélérations destinées à cibler les potentiels lieux d'accueil de production d'énergies renouvelables, le tout via un accompagnement des communes réalisé par l'État, le SIEEEN et le Parc naturel régional du Morvan. 

Une implication de longue date 

À l'occasion de cette session plénière, la préfète de la Nièvre, Fabienne Decottignies et Cyrille Forest, président de la Chambre d'agriculture de la Nièvre, étaient conviés à assister à la présentation qui était suivie d'un débat. Durant les échanges, Didier Guyon, président de la commission « Énergies renouvelables » à la Chambre d'agriculture de la Nièvre, rappela les actions de la Chambre depuis de nombreuses années en la matière : « Cela fait un peu plus de 6 ans que la Chambre d'agriculture de la Nièvre a pris à bras-le-corps l'apparition de nouveaux projets axés principalement sur le photovoltaïque et plus spécifiquement sur l'agrivoltaïsme, durant la fin de mandature d'Éric Bertrand, et toute celle de Didier Ramet, la nécessité d'encadrer les projets était devenue claire afin de préserver notre environnement et les activités agricoles. Ces considérations ont permis d'aboutir à la délibération du 21 février 2021, relative au développement encadré des énergies renouvelables (agrivoltaïsme et photovoltaïque sur toiture ou encore méthanisation) qui insiste sur la synergie de fonctionnement indispensable entre la production d'énergie et la production agricole. Cette délibération acta aussi les limites de l'agrivoltaïsme avec une puissance contenue de 2 000 Méga Watts, produite dans moins d'1% de la Surface Agricole Utile (SAU) du département »

Partage et cohésion 

Il poursuit : « Outre cela, la question du retour de la valeur dans les territoires fut mise en lumière avec la création du Groupement d'utilisation des financements agricoles (GUFA) de la Nièvre. Ce dernier a pour but de centraliser une taxe prédéfinie de 1 500 euros HT du Méga Watts / ha de parc agrivoltaïque et par an. Cet argent a pour but de financer des projets collectifs et innovants dans notre territoire, à l'image du soutien déjà apporté à La Fermille (Saint-Benin-d'Azy), à un pont-bascule ou aux abattoirs de la Nièvre ». Pour lui, cette politique menée par la Chambre d'agriculture avait pour but de « montrer que le monde agricole s'est intéressé depuis longtemps à ce sujet de l'implantation des énergies renouvelables avec la conviction que c'est avec l'ensemble des acteurs du territoire qu'elle peut aboutir à des projets utiles et pertinents », tout en martelant : « Au vu des difficultés agricoles, il est important de se diversifier afin de pouvoir pérenniser l'activité agricole mais pas seulement ». Pour ce dernier point, il pointe : « Sans le consentement de la municipalité d'accueillir de telles énergies, il n'est pas concevable d'imposer quoi que ce soit. Il faut une véritable cohésion ». Une vision partagée par le Conseil départemental, comme mentionné dans un communiqué : « Cette transition [énergétique] ne repose pas seulement sur la technologie. Elle repose sur la coopération. Sur la solidarité territoriale. Sur une gouvernance partagée, qui donne à chacun un rôle à jouer ». Enfin, face à l'avenir, Didier Guyon identifie plusieurs enjeux : « Le premier est la création de postes sources pour réinjecter l'énergie produite dans le réseau. Pour cela, il faut déjà se concentrer sur la réalisation et l'aboutissement des projets en cours. À l'issue, un bilan devra être dressé afin de savoir si d'autres sont nécessaires (toujours en respectant les surfaces imposées citées plus haut), car à quoi bon voir les projets pousser comme des champignons si le réseau n'a pas la capacité à accueillir l'énergie ? Ensuite, le second enjeu est la définition que l'État doit donner au « partage de la valeur »... Pour le moment, cette notion reste floue, et il sera nécessaire de la préciser pour éviter les dérives ». Il conclut : « Dans tous les cas, le travail collectif est la clé de voûte pour arriver à l'autosuffisance ». Après les débats, la Stratégie de développement des énergies renouvelables a été votée à l'unanimité le 23 juin, et est consultable sur : https://nievre.fr/cadre-de-vie/environnement/energies-non-renouvelables/

Crédit photo : Conseil départemental de la Nièvre.
Didier Guyon (en vert), prenant la parole durant la session plénière du 23 juin.