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Production laitière

L’après-quota, ça va donner quoi ?

Un éleveur du canton de Laignes donne son point de vue sur l’un des faits marquants de la nouvelle année.
Par Aurélien Genest
L’après-quota, ça va donner quoi ?
Les contraintes environnementales sur les effluents d’élevage pourraient limiter le potentiel de production, selon Gilles Salomon.
Le 31 mars approche à grands pas. Cette date marquera la fin des quotas laitiers. Comme bon nombre d’éleveurs côte d’oriens, Gilles Salomon, à Savoisy, est encore «dans le flou total» : «on en entend parler depuis une paire d’années mais là, c’est bientôt arrivé. Beaucoup de personnes se demandent bien ce qu’il va se passer et quelles seront les conséquences dans les exploitations. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas grand chose de calé...».

Un statu quo ?
Les transformateurs et les collecteurs pourraient se baser sur les références existantes, selon l’éleveur de vaches brunes : «dans mon cas, je ne m’attends pas à de grands changements, enfin j’espère. Le litrage va augmenter mais par le biais de l’installation de mon fils Yannick. Il y a quelques mois, on m’a juste demandé ce que j’envisageais de faire ces prochaines années». Le Gaec Salomon, orienté en AOP Epoisses, arrivera prochainement aux alentours de 550 000 litres avec ses 65 vaches. «Nous ne pourrons pas en faire davantage par rapport au robot, aux bâtiments et tout le reste» relève Gilles Salomon, qui ne croit pas à une hausse systématique de la production locale : «à mon avis, les éleveurs vont déjà chercher à optimiser leurs systèmes. Il ne s’agira pas de produire à tout-va s’il n’y a pas de marges au bout. Le prix du lait est annoncé en baisse. Définir la rentabilité d’un investissement est devenu difficile. Cela ne va pas s’arranger avec l’arrêt des quotas qui va accroître encore plus la volatilité des prix. Des contraintes, il y en a déjà beaucoup dans notre métier, surtout dans notre cas avec l’AOP et son cahier des charges strict à respecter. Pour le moment, nous n’envisageons de modifier l’infrastructure de notre exploitation».

Attentif à la directive nitrates
Les producteurs qui ne sont pas en appellation contrôlée pourraient suivre la même logique  : «les mises aux normes vont en freiner plus d’un et de nombreuses personnes attendent de voir les conséquences de la directives nitrates. J’entends beaucoup dire que c’est elle qui va tout conditionner. Un éleveur qui est à 600 000 litres aujourd’hui ne voudra pas forcément atteindre le million de litres s’il a beaucoup de contraintes et de charges derrière». Gilles Salomon évoque également la saturation de nombreux bâtiments : «les effectifs augmentent ces dernières années, mais le nombre de cellules aussi. On le constate dans les résultats de Côte d’Or Conseil Élevage. Cela ne va pas dans le sens d’une bonne qualité de lait, c’est aussi un facteur à prendre en compte». Gilles Salomon termine sur une note optimiste : «si le prix du lait est annoncé en baisse, les besoins mondiaux seraient promis, eux, à une augmentation de 2% par an, c’est encourageant pour notre filière. Une anecdote sur l’arrêt des quotas : je me suis installé en 1981 avant leur apparition en 1984. Tout le monde les considérait alors comme une atteinte à la liberté de produire. Aujourd’hui, tout le monde redoute leur suppression».