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Bilan moisson 2017

L’année des grands écarts

La traditionnelle présentation du bilan moisson organisée par la Chambre d’agriculture a réuni les représentants professionnels, les instituts techniques, les organismes stockeurs et les techniciens de la Chambre d’agriculture.
Par Ma signature
L’année des grands écarts
Cette année plus qu’une autre, le contraste entre plaine et plateau est saisissant. Le bilan climatique alourdit la note sur les zones de plateau, alors qu’il favorise une meilleure expression du potentiel dans la plupart des zones de plaine. Ce fut l’année de tous les extrêmes, 2017 rejoignant ainsi d’autres années difficiles comme 2003-2014-2015. Les résultats qui suivent ont été élaborés à partir des enquêtes moissons réalisées par la Chambre d’agriculture et d’un réseau de parcelles ciblées. Les observations des organismes stockeurs présents dans le département complètent et éclairent ce bilan.

Sur le plateau, après un hiver sec, la douceur du mois de février a amené une reprise de végétation rapide et une montaison tout aussi rapide, avec des effets rendements divers et variés en fonction des secteurs.
Le retour de fortes gelées fin avril a produit ses effets négatifs sur les rendements et la suite du printemps, plutôt sec et diversement «arrosé» en fonction des secteurs a fini d’entamer le potentiel qualité, après avoir réduit la quantité. Point positif sur la zone plateau, l’ensoleillement intense a permis de compenser en partie certains dégâts, pour d’autres le mal était fait. La plaine a profité d’un ensoleillement tout aussi intense tout en bénéficiant de précipitations plus abondantes.
Les coups de froid ont également été bien moins marqués en plaine et les stades se sont accélérés ; la moisson s’en est trouvée resserrée.

Blé tendre : le retour de la protéine
C’est le nombre de grains au m2 qui a permis de constituer le rendement. Dans la plaine, on comptabilise -7% en nombre d’épis, mais une augmentation de +20% du nombre de grains par épis. Sur les plateaux le PMG s’affiche à -20%, le nombre d’épis à -10%, mais la fertilité augmente de +20%. La bonne fertilité des épis a permis de compenser en partie les pertes d’épis. Sur le plan du PMG, les jours échaudants induisent une perte de 10 à 15 q. L’échaudage tardif a eu raison du PMG et les variétés tardives ont plutôt déçu en fonction des épisodes climatiques.

Côté plus positif, les faibles rendements ont joué en faveur de la concentration des protéines. Dans la plaine la teneur en protéines se situe dans la moyenne à 12,8% ; sur les plateaux, elle est à 13,2%. Cette qualité retrouvée apparaît comme un point essentiel, ainsi que le fait que le bouquet variétal disponible semble bien en phase avec les attentes du marché.

Effet négatif d’un bilan climatique contrasté, dans la plaine les blés qui étaient à maturité avancée ont pu germer en certains endroits  au retour des pluies. Sur le plan sanitaire, la pression est restée limitée, avec un peu de mosaïque et des dégâts de limaces à l’automne, jusqu’à la reprise de la végétation.
Sur le bilan blé, si la plaine enregistre une moyenne de 70q/ha (12,8 de protéines et 76 en PS), les plateaux en revanche subissent la seconde plus mauvaise année après 2016 (52,3 q/ha). Les rendements vont du simple au double entre les petites régions.

Orges (OH - OP) : dans la moyenne
A l’inverse du blé, la précocité des orges d’hiver a favorisé l’expression d’un bon PMG à 43,7g, mais ce bon calibrage s’accompagne d’un taux de protéines souvent trop important (12,2% en moyenne) bien au-dessus de l’historique. Des disparités de rendements apparaissent ici aussi entre plaine et plateau. La plaine reste dans une moyenne plutôt basse à 64,7 q/ha (87 de calibrage et 11,4 de protéines) ; les plateaux enregistrent leur plus mauvaise année depuis 2006 et 2011 à 52,1 q/ha de moyenne (77 en calibrage et 11,7 en protéines).
Les orges de printemps ont moins souffert du sec que les espèces d’hiver et le peuplement épis s’est révélé important. En revanche, les températures échaudantes de fin de cycle ont produit leurs effets négatifs et certains PMG sont en berne. Les écarts se resserrent sur cette production entre plaine (51,9 q/ha, protéines 11,3%, calibrage 79) et plateaux (49,2 q/ha, protéines 11,9%, clibrage 84).

Colza : la surprise !
Sauf incidents localisés, la culture réalise une bonne performance et même en situation dégradée, les résultats sont meilleurs que ce que l’on craignait. Côté ciel, la sécheresse a représenté un facteur limitant et en fonction des secteurs, la date du retour de la pluie s’est avérée déterminante. Certains secteurs ne se remettant pas du gel de la nuit du 19 au 20 avril. L’impact en fonction de la localisation a pu être important, mais la capacité de récupération du colza a été étonnante sur les secteurs où le retour de la pluie est intervenu au bon moment. Dans la plaine la moyenne des rendements sur les zones enquêtées s’établit à 38,8 q/ha et 30,7 q/ha, sur la zone plateaux, avec des écarts de rendement entre 20 et 54 q/ha sur l’ensemble du département.

Le bilan des organismes stockeurs

Dijon Céréales
Le climat a été une nouvelle fois très particulier sur l’ensemble de la zone, voire chaotique par endroits avec une sécheresse au printemps et des gelées fin avril, des températures caniculaires et échaudantes en fin de cycle , une baisse accrue des températures avec des pluies fin juin et début juillet. Ainsi, la moisson d’été 2017 sur la zone Dijon Céréales est très hétérogène. Les rendements sont bons à très bons dans les terres profondes davantage arrosées au printemps et extrêmement décevants en terres superficielles qui ont subi les évènements climatiques de plein fouet. En dépit d’écarts très élevés (près de 30 quintaux entre moyenne de secteurs), les déceptions sont fortes en blés et en orges avec des rendements inférieurs aux moyennes pluriannuelles. En blé, le rendement récolte 2017 s’élève à 63 q/ha avec des critères qualitatifs, notamment PS et Temps de Chute d’Hagberg, localement dégradés à cause de la météo en fin de cycle. Le rendement des escourgeons atteint péniblement les 58 q/ha et l’orge de printemps 50 q/ha. Avec un rendement moyen de 35 q/ha, le colza est globalement la seule «bonne surprise» même si l’hétérogénéité entre secteurs reste avérée.

110 Bourgogne
La moisson 2017 est faible et le climat a largement perturbé son élaboration, 74 % des tonnages ont été récoltés en deux périodes de cinq jours successifs. Le rythme de réception et de dégagement est l’un des plus élevés gérés par le service transport. Le personnel des silos a réalisé les allotements variétaux successifs en blé pour préserver la qualité de la récolte. L’orge d’hiver est l’espèce la plus pénalisée au niveau du rendement. Il manque selon les régions de 5 à 20 q/ha par rapport à la moyenne historique. Résultats du Châtillonnais : humidité 12,1, PS 62,5, protéines 11,35 et calibrage 80,3. Le colza est la très bonne nouvelle de la moisson : mis à part les secteurs qui ont été durement éprouvés par le gel de début avril, le rendement est bon (35/38 q/ha en moyenne) à exceptionnel (46 à 52 q/ha). Le blé marque une très grande hétérogénéité, le rendement s’échelonne de - 10 q/ha à + 5 q/ha par rapport à la moyenne historique. Dès le début de la moisson, certaines variétés ont un temps de chute de Hagberg (TCH) inférieur à 150 secondes. Résultats du Châtillonnais: humidité 12, PS 74,45, protéines 12,84, TCH : en cours d’analyse. Pour l’orge de printemps, 110 Bourgogne s’attend à des rendements faibles à cause de l’épisode caniculaire de la troisième semaine de juin, avec des températures comprises entre 34 à 40°C. Les rendements sont globalement bons et supérieurs de 5 à 10 q/ha à la moyenne historique. Résultats du Châtillonnais : humidité 12,47, PS 63,66, protéines 12,09, calibrage 90,5.

SAS Bresson
La campagne 2017 a été très productive pour la SAS Bresson. En volume (+ 35% par rapport à 2016, + 20% en comparaison à la moyenne quinquennale), la récolte pourrait être la plus abondante jamais enregistrée au sein de l’entreprise familiale. Si le tonnage est présent, la qualité ne l’est malheureusement pas toujours, notamment dans les blés. De très bons rendements sont obtenus mais 40% de la production se retrouve déclassée, la faute à un temps de chute de Hagberg trop faible et/ou à de nombreux grains germés. Cette proportion est largement supérieure à celle de l’été 2014 quand «seulement» 15% des bennes avaient été déclassées à cause de la germination. Les orges de brasserie de la SAS Bresson obtiennent des rendements qualifiés de «normaux», dans la moyenne quinquennale, mais là encore avec des problèmes qualitatifs, en l’occurrence des excès de protéines qui pourraient être pénalisants lors de la livraison chez les malteurs. Le colza frise en revanche la perfection avec de très bons résultats. Des records sont établis chez de nombreux clients avec une hausse de 20% des volumes par rapport à la moyenne quinquennale.

Bourgogne du Sud
La moisson s’est bien déroulée pour Bourgogne du Sud. Entre Beaune et Seurre, les orges ont été récoltées avant le 27 juin, les blés et les colzas l’on été en deux phases : du 1er au 9 juillet puis du 12 au 20 juillet. Sur la zone plateaux (Bligny-sur-Ouche, Nolay), les orges se sont récoltées majoritairement début juillet. Le reste des cultures a été moissonné entre les épisodes pluvieux à partir de mi-juillet. Quelques parcelles n’étaient toujours pas fauchées début août, avec une qualité qui se dégradait. La moisson 2017 a été très rapide et se caractérise par de bons rendements, à des niveaux parfois jamais atteints (à l’exception des terrains séchants et des parcelles ayant subi des dégâts de gel d’épis ou de gousses en mai). Les teneurs en huile des colzas et en protéines des blés sont d’un bon niveau. La seule déception provient de la baisse des PS après la pluie des 9 et 10 juillet.