Parc national
L’agriculture, prioritaire en rien
Le monde agricole ne décolère pas suite aux évènements du 11 février à Chaumont. Un exploitant du canton de Recey-sur-Ource témoigne.
«On se sent vraiment seul, je vous l’assure. L’agriculture est tout sauf une priorité pour les gens du GIP» déplore Pascal Isselin, à Lucey. Cet homme de 46 ans s’est retrouvé une demi-heure à terre lors des échauffourées de Chaumont (voire notre dernière édition). «Gazé comme un blaireau» lâche le Côte d’orien. L’action des agriculteurs n’aura servi à rien et le dossier du parc national sera désormais conduit par le ministère de l’Environnement. Pascal Isselin se dit «abattu»: «les modalités de ce vote sont une honte. Le Maire de Châtillon qui représente 7 000 personnes compte 150 fois moins que le préfet, est-ce normal ? Il n’y a pas de démocratie dans cette démarche, mais uniquement des intérêts personnels. Certains veulent monter en grade, d’autres veulent sans doute aller au gouvernement. D’autres ont le cul entre deux chaises, disons-le franchement. Nous agriculteurs, n’avons rien du tout et ne sommes pas écoutés. Moi, j’ai deux enfants et je me bats pour eux». Pascal Isselin le dit et le répète : «un parc oui, mais uniquement avec des forêts, comme cela était initialement prévu. Des terres agricoles ? Uniquement sous forme de bénévolat. Qu’on laisse les gens travailler, ils ne demande que ça». Le Côte d’orien rebondit sur les coûts de fonctionnement du GIP: «ils sont à hauteur de 580 000 euros, voilà où va l’argent public. Dans la conjoncture actuelle, j’ai vraiment plus de mal à l’avaler». Pascal Isselin est d’autant plus triste qu’à l’heure de ces commentaires, il rentrait tout juste d’un enterrement, celui du JA Arnaud Chauve, décédé dans un accident de la route au lendemain de l’assemblée générale du GIP en Haute-Marne : «Arnaud était l’un des hommes forts de la situation. Il avait pris ce dossier très à cœur. Tout le monde est sous le choc».
François Sauvadet attend des réponses
Le président du Conseil général de Côte d’Or réagit sur le dossier du Parc et la façon dont ont été reçus les agriculteurs à Chaumont: «La position du Conseil général n’a pas varié. Oui au Parc, mais à un Parc qui doit revenir à ses propositions initiales.Un avis favorable a donc été émis par le Conseil Général de la Côte-d’Or pour ce qui constituerait le 11ème Parc National français, mais assorti de réserves qui tiennent compte des demandes des acteurs locaux. Ainsi le Conseil général souhaite que : le périmètre de la zone d’étude du cœur soit revu à la baisse, que le parc permette une réelle mobilisation de la ressource en bois et prévoit des compensations pour la perte de ces ressources, que les surfaces des terres agricoles situées dans le cœur du parc soient réduites, que les règles de gouvernance du Groupement d’intérêt public (GIP) en charge de la configuration du Parc soient revues afin de garantir une meilleure représentation des forces économiques dans ses instances, que les contraintes réglementaires soient clairement identifiées et proportionnées pour les principaux acteurs économiques, agriculteurs et forestiers et qu’une attention particulière soit portée à l’équilibre cynégétique. On ne peut pas poursuivre ce projet sans fournir de réponse aux légitimes interrogations des agriculteurs. Ce qu’il faut c’est de la concertation, du dialogue, une réflexion partagée. Car la violence n’est pas, n’est jamais, une solution. J’en appelle donc au dialogue et à la concertation car il n’y aura pas de Parc sans l’adhésion des acteurs concernés et des forces vives du territoire. Ils devront donc être non seulement écoutés mais entendus. J’attends donc des réponses claires aux préoccupations exprimées par le Conseil Général et par les professions agricoles».