Action syndicale
L’agriculture en a marre et se fait entendre
Mercredi 27 novembre, le monde de l’agriculture est sorti dans la rue pour exprimer sa colère. Plus de 1 000 tracteurs et plusieurs milliers d’agriculteurs ont convergé vers Paris pour se faire entendre. Les uns en bloquant totalement le périphérique. Les autres en prenant possession de l’avenue Georges V dans le quartier des Champs-Élysées. Retour sur une journée, organisée par la FNSEA associée aux Jeunes agriculteurs, où l’avenir de l’agriculture française se jouait.

«Sans ce mouvement de mobilisation dans le calme, il n’y aurait pas eu le rendez-vous de ce soir (le mercredi 27 novembre à 17 heures, ndlr) en présence de la secrétaire générale adjointe de l’Élysée (Anne de Bayser) et du Ministre de l’agriculture (Didier Guillaume). Sur la question des ZNT (zones de non-traitement), nous avons obtenu très clairement sur le fait qu’il ne doit y avoir qu’une règle : le respect de la science, le respect de ce que disent les scientifiques et le respect de ce que dira l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Aujourd’hui, il est clairement dit : la référence c’est la science, toute la science mais rien que la science. Et si la science dit que des mesures équivalentes permettent d’aller à zéro mètre, le Gouvernement dira zéro mètre. C’est ce que nous voulions entendre !», a exprimé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA au soir de l’action syndicale.
Certains sont partis à minuit, en tracteurs. D’autres à 1 heure, à 2 heures, à 3 heures. Dans l’Yonne, c’est à 4 heures du matin que les agriculteurs ont pris la route. Tous se sont retrouvés à Paris, quelques heures plus tard, avec un même objectif : faire bouger les choses pour sauver l’agriculture française.
Car mercredi dernier, ce n’est pas la FDSEA 89, ni celles d’autres départements qui étaient dans la rue, mais bien le monde de l’agriculture. Avec trois principaux sujets : le dénigrement des activités agricoles (agribashing), les distorsions de concurrence avec notamment les ZNT et les nouvelles charges sur l’utilisation des produits phytos, et le sujet des états généraux de l’alimentation. «Sur le sujet des intrusions dans les exploitations et l’agribashing, le Ministre de l’agriculture a confirmé qu’une loi était en préparation pour mettre en place un délit d’entrave», a assuré Christiane Lambert.
«Lorsque l’on crie de loin, le Président ne nous entend pas, alors on se rapproche»
Vers 10 heures, plus de 1 000 tracteurs, dont une vingtaine de l’Yonne positionnés autour du Parc des Princes (stade du club de football du Paris-Saint-Germain, dans le XVIème arrondissement, ndlr) ont envahi et totalement bloqué le périphérique parisien, depuis une quinzaine de points autour de Paris. Pendant que plusieurs centaines d’agriculteurs, en voitures, se sont retrouvés avenue Georges V, dans le quartier des Champs-Élysées.
Mais pourquoi une manifestation sur Paris ? «On a déjà alerté l’État à tous les niveaux, dans nos départements respectifs, que ce soit les Préfets, les parlementaires. Mais lorsque l’on crie de loin, le Président de la République ne nous entend pas, alors on se rapproche», répond Damien Brayotel, Président de la FDSEA 89 et agriculteur à Saint-Julien-du-Sault. «Les revendications concernent essentiellement le revenu des agriculteurs aujourd’hui. Et c’est quelque chose qui concerne tout le monde, toutes les filières et toutes les régions. Sans compter les nouvelles réglementations qui s’empilent, la surenchère, des normes franco-françaises qui nous créent des distorsions de concurrence avec les autres pays. On a des charges supplémentaires par rapport aux autres et des prix qui ne sont pas à la hauteur, alors au final ça ne fait pas de revenu».
Aussi, «Paris c’est la capitale de la France, mais c’est également là où se décident beaucoup de politiques agricoles via l’Assemblée Nationale, le Sénat et le Gouvernement. Paris est l’endroit où se décide tout. Néanmoins, nos collègues sont présents dans toute la France pour manifester. C’est l’ensemble de la France agricole qui est dans la rue aujourd’hui», ajoute Francis Letellier, agriculteur à Saint-Privé.
«On est les laissés-pour-compte de la ruralité»
Si le lieu exact de la manifestation n’a jamais été communiqué en amont, c’est pour maintenir l’effet de surprise. Cependant, être présent sur les Champs-Élysées n’est pas anodin. «C’est le symbole du luxe et nous, la ruralité, on est très éloigné de tout ça, avec des gens qui n’arrivent pas à tirer de revenus de leurs exploitations. Pas tous, certes, mais ceux qui en tirent n’ont qu’un minimum. Il y a quelque chose qui ne va plus en France. On est les laissés-pour-compte de la ruralité», continue Francis Letellier. «On n’en peut plus de toutes ces normes que l’on nous impose. Les ZNT, le bien-être animal… On travaille déjà correctement. On a sans cesse amélioré nos pratiques sans en avoir le retour financier. Toute contrainte supplémentaire en agriculture est une charge supplémentaire et ça pèse sur notre pouvoir d’achat. L’agriculture investie des milliards d’euros par an, mais on n’en a pas le retour. Nous, on prend un risque en investissant, mais on n’a pas les fruits du risque prit. Mais les risques, on les prend au nom de l’ensemble des consommateurs français.».
Chaque année, la population d’agriculteurs baisse en France. «On n’est plus que 450 000. Qu’est-ce qu’on veut de l’agriculture de demain ? 250 000 paysans ? 200 000 ? On abandonne l’export ? On abandonne les chartes de qualité ? On n’a pas de cap», poursuit-il.
L’inquiétude grandit également pour les futurs agriculteurs qui vont s’installer. «Même s’ils vont prendre le train en marche en disant qu’ils connaissent les contraintes et l’enjeu environnemental, il faut aussi qu’ils vivent de leur métier».
Descendre dans la rue, c’est avant tout faire part de son incompréhension. «Si on parle des ZNT, les mètres que l’on veut nous imposer ne sont pas logiques. Aujourd’hui, nous avons des moyens pour appliquer les produits qui sont hyper précis. On a tous investi, on a du matériel moderne», explique Francis Letellier. «S’il y a un agriculteur qui fait mal son travail, oui il faut le montrer du doigt. Mais on n’est pas dans ce cas-là. La quasi-totalité des paysans font correctement leur travail. Mais on est dans une hystérie collective où la minorité de gens extrémistes environnementalistes fait le pouvoir. Mais ce n’est pas ça qui fait la France. Regardons plutôt ce qui se fait de bien».
Certains sont partis à minuit, en tracteurs. D’autres à 1 heure, à 2 heures, à 3 heures. Dans l’Yonne, c’est à 4 heures du matin que les agriculteurs ont pris la route. Tous se sont retrouvés à Paris, quelques heures plus tard, avec un même objectif : faire bouger les choses pour sauver l’agriculture française.
Car mercredi dernier, ce n’est pas la FDSEA 89, ni celles d’autres départements qui étaient dans la rue, mais bien le monde de l’agriculture. Avec trois principaux sujets : le dénigrement des activités agricoles (agribashing), les distorsions de concurrence avec notamment les ZNT et les nouvelles charges sur l’utilisation des produits phytos, et le sujet des états généraux de l’alimentation. «Sur le sujet des intrusions dans les exploitations et l’agribashing, le Ministre de l’agriculture a confirmé qu’une loi était en préparation pour mettre en place un délit d’entrave», a assuré Christiane Lambert.
«Lorsque l’on crie de loin, le Président ne nous entend pas, alors on se rapproche»
Vers 10 heures, plus de 1 000 tracteurs, dont une vingtaine de l’Yonne positionnés autour du Parc des Princes (stade du club de football du Paris-Saint-Germain, dans le XVIème arrondissement, ndlr) ont envahi et totalement bloqué le périphérique parisien, depuis une quinzaine de points autour de Paris. Pendant que plusieurs centaines d’agriculteurs, en voitures, se sont retrouvés avenue Georges V, dans le quartier des Champs-Élysées.
Mais pourquoi une manifestation sur Paris ? «On a déjà alerté l’État à tous les niveaux, dans nos départements respectifs, que ce soit les Préfets, les parlementaires. Mais lorsque l’on crie de loin, le Président de la République ne nous entend pas, alors on se rapproche», répond Damien Brayotel, Président de la FDSEA 89 et agriculteur à Saint-Julien-du-Sault. «Les revendications concernent essentiellement le revenu des agriculteurs aujourd’hui. Et c’est quelque chose qui concerne tout le monde, toutes les filières et toutes les régions. Sans compter les nouvelles réglementations qui s’empilent, la surenchère, des normes franco-françaises qui nous créent des distorsions de concurrence avec les autres pays. On a des charges supplémentaires par rapport aux autres et des prix qui ne sont pas à la hauteur, alors au final ça ne fait pas de revenu».
Aussi, «Paris c’est la capitale de la France, mais c’est également là où se décident beaucoup de politiques agricoles via l’Assemblée Nationale, le Sénat et le Gouvernement. Paris est l’endroit où se décide tout. Néanmoins, nos collègues sont présents dans toute la France pour manifester. C’est l’ensemble de la France agricole qui est dans la rue aujourd’hui», ajoute Francis Letellier, agriculteur à Saint-Privé.
«On est les laissés-pour-compte de la ruralité»
Si le lieu exact de la manifestation n’a jamais été communiqué en amont, c’est pour maintenir l’effet de surprise. Cependant, être présent sur les Champs-Élysées n’est pas anodin. «C’est le symbole du luxe et nous, la ruralité, on est très éloigné de tout ça, avec des gens qui n’arrivent pas à tirer de revenus de leurs exploitations. Pas tous, certes, mais ceux qui en tirent n’ont qu’un minimum. Il y a quelque chose qui ne va plus en France. On est les laissés-pour-compte de la ruralité», continue Francis Letellier. «On n’en peut plus de toutes ces normes que l’on nous impose. Les ZNT, le bien-être animal… On travaille déjà correctement. On a sans cesse amélioré nos pratiques sans en avoir le retour financier. Toute contrainte supplémentaire en agriculture est une charge supplémentaire et ça pèse sur notre pouvoir d’achat. L’agriculture investie des milliards d’euros par an, mais on n’en a pas le retour. Nous, on prend un risque en investissant, mais on n’a pas les fruits du risque prit. Mais les risques, on les prend au nom de l’ensemble des consommateurs français.».
Chaque année, la population d’agriculteurs baisse en France. «On n’est plus que 450 000. Qu’est-ce qu’on veut de l’agriculture de demain ? 250 000 paysans ? 200 000 ? On abandonne l’export ? On abandonne les chartes de qualité ? On n’a pas de cap», poursuit-il.
L’inquiétude grandit également pour les futurs agriculteurs qui vont s’installer. «Même s’ils vont prendre le train en marche en disant qu’ils connaissent les contraintes et l’enjeu environnemental, il faut aussi qu’ils vivent de leur métier».
Descendre dans la rue, c’est avant tout faire part de son incompréhension. «Si on parle des ZNT, les mètres que l’on veut nous imposer ne sont pas logiques. Aujourd’hui, nous avons des moyens pour appliquer les produits qui sont hyper précis. On a tous investi, on a du matériel moderne», explique Francis Letellier. «S’il y a un agriculteur qui fait mal son travail, oui il faut le montrer du doigt. Mais on n’est pas dans ce cas-là. La quasi-totalité des paysans font correctement leur travail. Mais on est dans une hystérie collective où la minorité de gens extrémistes environnementalistes fait le pouvoir. Mais ce n’est pas ça qui fait la France. Regardons plutôt ce qui se fait de bien».
«Assez d’insultes en direction de l’agriculture !»
Peu avant 17 h et le rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, et la secrétaire générale adjointe de l’Élysée, Anne de Bayser, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, s’est adressée aux agriculteurs présents aux Champs-Élysées. «S’il n’y avait pas eu ce rassemblement sur Paris, il n’y aurait pas eu depuis ce matin, une reprise dans les médias qui explique le mal-être, les problématiques et les revendications des agriculteurs. Nous avons choisi trois thèmes très emblématiques portés unanimement par nous tous : lutter contre les distorsions, au premier rang desquels la création de taxations et de règles nouvelles, notamment les ZNT. Lutter aussi contre les distorsions avec cette montée en gamme permanente qui coûte, alors que les autres pays n’ont pas les mêmes règles. Lutter contre les accords commerciaux inévitables qui nous sont imposés et qui sont une sorte de guet-apens puisque nous avons des règles que d’autres n’ont pas et forcément cela tire les prix vers le bas quand ces produits venant d’ailleurs pénètrent nos marchés, ça trompe nos consommateurs et ça insulte notre professionnalisme et notre capacité de production. Année après année, le potentiel de production de la France s’effrite. Nous perdons du poids économique, nous perdons du revenu, nous perdons des agriculteurs. C’est ça que nous dénonçons. Nous voulons les mêmes règles pour tous ! Europe : marché unique, règle unique. C’est ça notre slogan. Et lutter contre l’agribashing, c’est-à-dire le dénigrement du métier d’agriculteur aujourd’hui. C’est devenu insupportable de voir comment chacun s’improvise conseiller agricole pour nous dire ce qu’il faut faire. Il y a des mots que l’on ne veut plus entendre : pollueur, empoisonneur. Traiter ses cultures et ses plantes c’est normal. Les Français sont les champions du monde de la consommation de médicaments. Et ils voudraient nous laisser penser que l’on peut avoir une France zéro phytos et zéro antibio ? C’est faux, c’est un rêve que certains politiques et militants ont laissé se répandre pendant trop longtemps. Ce n’est pas ça la réalité de l’agriculture. Depuis 20 ans, depuis le Grenelle de l’environnement, nous faisons encore plus d’effort pour intégrer les problématiques environnementales dans nos exploitations. Qu’il s’agisse de la réduction des produits phytos, qu’il s’agisse des itinéraires culturaux, qu’il s’agisse des antibiotiques dans nos élevages, qu’il s’agisse de la biosécurité, de l’augmentation du bio contrôle dont le recours a été doublé en un an et demi. Quelle autre profession a fait autant de transitions que l’agriculture ? Aucune ! Nous sommes la profession qui trie 78 % de ses déchets alors que l’Europe a fixé un objectif de 50 %, que la société et les citoyens n’atteignent même pas. Alors assez d’insultes en direction de l’agriculture !»