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Mobilisation syndicale

«L’agri-bashing, ça suffit»

La FDSEA et les JA de Côte-d’Or ont manifesté mercredi devant le Bien public, à Dijon.
Par Aurélien Genest
«L’agri-bashing, ça suffit»
Un papier qui ne passe pas. Jeudi 29 novembre, le journal Le Bien public publiait un article de presse qualifié d’«odieux» par Fabrice Faivre : «Cette communication parue en première page est un véritable affront pour l’agriculture, les chiffres sur les pesticides étaient totalement faux, les termes employés étaient totalement inappropriés. Je les cite : les eaux souterraines débordent de pesticides !» Une quarantaine d’agriculteurs se sont rendus mercredi matin devant le siège du Bien public, afin d’exprimer leur mécontentement. «Avant de publier, ils auraient dû vérifier les chiffres auprès de la Chambre d’agriculture et notamment son service environnement. L’impact est très négatif pour nos métiers. Ils ont préféré publier cela directement. La veille de la publication du fameux article, nous avions une réunion avec eux pour l’organisation des futurs trophées de l’agriculture. Le lendemain matin suivant, en première page, nous prenions un énorme coup de poignard, c’est choquant», poursuit le président de la FDSEA. Fabrice Faivre indique qu’il a fallu «se battre comme des chiffonniers pour tenter de rectifier cette erreur grotesque» : «le président de la Chambre d’agriculture a obtenu difficilement un droit de réponse le samedi suivant et encore, le texte est paru page 9 ou page 10, il est passé totalement inaperçu».

Excuses formulées
Une petite délégation d’agriculteurs s’est entretenue avec les responsables du journal. Ces derniers ont présenté leurs excuses, alors qu’un article rectificatif était sorti la veille de cette mobilisation syndicale. Le texte reconnaissait les erreurs chiffrées du 29 novembre. Mercredi, les agriculteurs ont tout de même dressé des banderoles revendicatives mais se sont engagés à ne pas déverser les bennes de fumier. «Nous avons été bien reçus et notre message est passé. La matière organique et notre paille, au prix qu’elles nous coûtent, seront bien mieux sur nos exploitations, mais nous restons vigilants», indique Antoine Carré, président des Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or. Le cortège s’est ensuite déplacé devant les locaux de France Bleu Bourgogne, suite à une communication du même type que celle du Bien public.

Pour une communication positive
«L’agri-bashing est malheureusement à la mode», déplore Fabrice Faivre, «il faut toujours en remettre une couche sur l’agriculture. Nous le dénonçons fermement. Nous ne nions pas qu’il existe un problème ou deux sur des puits de captage, mais nous préférerions que la communication soit axée sur ce qu’il se fait pour les protéger. J’en ai quelques-uns en tête, notamment ceux de Champdôtre et Aiserey. Les agriculteurs réalisent beaucoup d’efforts mais les médias préfèrent communiquer sur le négatif avec, en plus, des chiffres erronés ! Aujourd’hui, l’agri-bashing, ça suffit». L’agriculture n’a pas «besoin de ça», selon le président de la FDSEA : «le moral n’est déjà pas bon dans nos campagnes avec les aléas climatiques et la difficulté de sortir des revenus. Que se serait-il passé si un agriculteur s’était mis la corde autour du cou ce week-end, qui aurait été responsable de quoi ? Ils n’imaginent pas tout le mal qu’ils peuvent faire avec un article comme ça. Avec de telles publications, les médias sont largement responsables de la défiance des Français envers l’agriculture française. Ils n’ont pas le droit de mitrailler nos métiers de cette façon. Les agriculteurs sont des gens qui se lèvent tôt tous les matins, qui travaillent dur pour nourrir la population avec des produits de qualité. L’agriculture est engagée dans des démarches de progrès, notre agriculture est l’une des plus vertueuses au monde. Je demande au BP d’aller voir ce qu’il se fait en Amérique du Sud, aux États-Unis, en Russie, en Ukraine, en Chine ou encore en Inde. Nous pourrons voir, ensuite, ce qu’il est possible de faire chez nous».

Dans un communiqué, FDSEA et JA rappellent que la liberté de la presse est «nécessaire à la démocratie, mais c’est aussi la responsabilité des médias d’informer avec justesse et de parler des choses qui vont bien».