« Je ne peux plus dormir sur mes épaules »

« J'ai toujours remarqué, dans mon ancien travail, les clientes qui avaient des fromages, lorsqu'elles arrivaient à la retraite, elles avaient les doigts crochus et arthrosés. C'est vraiment typique quand je vois les mains des femmes, parce qu'elles manipulent les petits moules toute la journée en grande quantité », témoigne Emmanuelle Toussaint, éleveuse de chèvres à Treigny. Après avoir débuté une carrière dans l'économie agricole, Emmanuelle, se lance dans la transformation fromagère. « L'activité a démarré il y a 18 mois. J'ai vendu mon premier fromage en juin 2023. Au début quand j'ai vu le site, je me suis tout de suite projetée sur cette exploitation », se remémore-t-elle. « Dans la conception du bâtiment, au début j'ai essayé d'y réfléchir pour quand je serais vieille. Comme j'ai travaillé à droite à gauche, on est souvent dans des boutiques où il faut porter à longueur de journée, et je me suis dit qu'au bout de vingt ans, on est usés », convient-elle, consciente des efforts physiques liés à son travail.
Pauline Massé, éleveuse en vaches à lait à Lainsecq, reprend petit à petit l'exploitation de son père. Entre être pompier volontaire et agricultrice, Pauline prend la décision d'anticiper les douleurs qu'elle pourra ressentir. « Dans la salle de traite, mon père fait à peu près la même taille que moi, donc au niveau de la hauteur c'est adapté. C'est surtout le poids, les griffes sont lourdes et les gestes répétitifs qu'on peut faire au cours des journées de travail. C'est également pour prévenir la douleur des épaules », témoigne la jeune agricultrice icaunaise.

« Ménage ta santé, adopte les bons gestes ! »

C'est donc dans ce cadre-là qu'Emmanuelle Toussin et Pauline Massé, agricultrices dans l'Yonne interviennent au cours de la Journée consacrée aux femmes organisée par la Chambre d'agriculture, "Ménage ta santé, adopte les bons gestes !". Elles souhaitent mettre en avant les troubles musculosquelettiques qu'elles peuvent développer au cours de leur carrière. Le 10 mars, au sein de l'exploitation de Pauline Massé, six ateliers thématiques étaient proposés. Le matin, direction le Gaec de Montreparé. « C'est pour voir et comprendre le fonctionnement de l'exosquelette et donc comprendre comment il peut faciliter le travail de la traite des vaches. L'exosquelette ça va être quelque chose de nouveau, je ne connais pas du tout. Si ça se passe bien et que j'arrive à m'adapter, je pense pouvoir investir dans un exosquelette », raconte Pauline Massé, curieuse de découvrir de nouveaux outils pour son bien-être au travail. Une journée destinée à la rencontre et à la découverte. « Cette journée c'est aussi l'occasion d’échanger, de pouvoir voir d'autres systèmes et d'autres avis », se réjouit-elle.
L'après-midi, sur l'exploitation d'Emmanuelle Toussin, six autres ateliers thématiques étaient organisés à la Maison Rouge, à Treigny. « Cette journée me tenait à cœur, parce que ça ne fait que 18 mois, et je ne peux déjà plus dormir sur mes épaules. Je suis obligée de dormir à plat dos. Les deux gros seaux de grains de la salle de traite je les porte à la main, et eux pour le coup, je les porte hauts, donc je pense que c'est à cause de ça. Il faudrait que j'aie une deuxième armoire de rangement dans la transformation parce que du coup j'en ai qu'une et on empile en hauteur », confie Emmanuelle Toussin, consciente que l'aménagement de son lieu de travail n'est pas encore terminé. « Il faut vraiment réfléchir à la circulation que l'on va avoir dans le bâtiment. Il faut vraiment que ça soit fluide », conclut-elle.