« Je me suis demandé si j'avais le cran pour le faire »
Rencontre avec Manon Lebas, titulaire du BTS Anabiotec au Lycée agricole La Brosse, qui vient de passer avec succès son concours vétérinaire.

Originaire de Saint Sauveur en Puisaye, Manon Lebas, 20 ans, a vocation à devenir vétérinaire mixte. En se lançant dans un baccalauréat général à dominante scientifique au lycée, elle a l'idée en tête, mais ne franchit pas le pas, jusqu'à : « un stage que j'ai réalisé dans la clinique vétérinaire de mon village, où justement ils étaient mixtes. Ils soignaient des animaux de compagnie, des équins et des bovins. J'avais un peu d'a priori sur le vétérinaire rural. J'avais l'impression que c'était un métier à dominante masculine, et avec un travail dans des conditions climatiques particulières, en été, hiver… En faisant mon stage, je me suis rendu compte que c'était essentiel », confie-t-elle, le sourire aux lèvres. Attachée à son territoire, elle se lance donc dans la recherche d'études en accord avec son projet professionnel. C'est à ce moment-là qu'elle tombe sur le BTS Anabiotec au Lycée agricole d'Auxerre La Brosse. Un choix qu'elle ne regrette pas aujourd'hui. « Dans cette filière, on allie à la fois la théorie et la pratique, avec au moins deux jours de travaux pratiques (TP) par semaine, en plus d'un stage dès la fin de la première année, de huit semaines minimum », détaille-t-elle. Cette seconde expérience lui, permet de s'intéresser à la médecine rurale à travers « l'analyse pour dépister des maladies bovines, et notamment la BVD, diarrhée virale bovine au sein d'un laboratoire de santé animale », manifeste-t-elle avec passion. C'est accompagnée par l'un de ses professeurs que Manon Lebas, décide de tenter sa chance au concours vétérinaire. « Il m'a bien entraîné et ça m'a donné des clés dans l'argumentation, et c'est justement des choses qu'on n'a pas forcément dans d'autres lycées », ajoute-t-elle.
Réussir le concours, c'est possible
Avec trois de ses camarades, Manon Lebas, passe le concours. « Dans la première phase, nous devions rédiger une synthèse, je l'avais fait sur la BVD, suivi d'un dossier que l'on doit constituer sur notre parcours avec nos relevés de notes, du lycée jusqu'au BTS », explique-t-elle. Malgré la motivation, ses deux autres camarades, ne passent pas l'étape. Elle devient donc la dernière en lice. « J'ai dû réaliser quatre QCM de logique, biologie, physique chimie et mathématiques. C'était une épreuve compliquée, on devait répondre à 40 questions en 30 minutes », exprime-t-elle, un peu déçue de son résultat. Face à la phase finale, Manon Lebas, s'inquiète. « J'ai réalisé trois entretiens de dix minutes en visioconférence qui portaient sur la connaissance du monde agricole, sur des travaux ou un stage que l'on a pu effectuer et sur notre projet professionnel », déclare la jeune étudiante. N'étant pas issue du monde agricole, c'est pour elle l'entretien le plus difficile à maîtriser. « J'ai fait le choix de me documenter notamment sur l'agriculture de notre région. Je me suis intéressée aux enjeux du changement climatique, ainsi que les moyens que les éleveurs et les vétérinaires peuvent utiliser pour limiter la propagation des maladies », raconte-t-elle, les yeux pétillants. Après un travail de dur labeur, le résultat tombe : elle est retenue ! Le choix se porte sur Clermont Ferrand, pour retrouver sa sœur prise également en master à cet endroit-là. Après cinq ans d'études, Manon Lebas compte bien revenir sur ses terres, pour pallier le manque de vétérinaires ruraux. « J'ai envie de retourner chez moi, j'aime ma campagne. Chez moi, on a très peu de cliniques, et je sais qu'il en manque », conclut-elle, sur les bancs du Lycée agricole d'Auxerre La Brosse.