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Gestion de l’eau

Irriguer grâce à une retenue collinaire

Alors que l’Yonne connaît des tensions hydriques à répétition, une exploitation du nord du département a recours à l’eau d’une retenue collinaire. Ce grand bassin permet de stocker les eaux d’hiver et de printemps pour irriguer à la saison sèche.
Par Hugo Albandea
Irriguer grâce à une retenue collinaire
La retenue s’étend sur deux hectares, au milieu des champs de Jean-Michel et Kevin Turpin.
«Cette retenue collinaire, c’est un vrai bonus pour nos terres, qui sont souvent exposées au sec». Jean-Michel Turpin est céréalier à Montacher-Villegardin, à la frontière de la Seine-et-Marne et du Loiret. Il irrigue ses cultures de betteraves, de maïs et de blé grâce à une retenue d’une capacité de 60 000 m3. En tout, ce sont 80 hectares environ qui bénéficient d’un complément en eau durant l’été.
Avant d’acquérir un tel plan d’eau, Jean-Michel et son fils Kevin ne cultivaient pas de maïs, et faisaient moins de betteraves. C’est en 2013 qu’ils achètent l’exploitation d’un agriculteur voisin, parti à la retraite, sur laquelle se trouve une retenue plus de deux hectares de surface, entourée par des digues. Kevin prend alors les choses en main : «Je connaissais déjà l’irrigation car je suis chef de culture en Seine-et-Marne et là-bas, on utilise un puits. Ici, il a juste fallu remettre le circuit en état, changer une pompe et des tuyaux. L’installation avait une vingtaine d’années et ne tournait plus depuis quelque temps». Depuis, les rendements de betteraves ont augmenté d’au moins 15 tonnes à l’hectare. Père et fils en cultivent maintenant plus de 20 hectares et autant de maïs. Les blés profitent aussi de l’irrigation de temps à autre, mais ne sont pas prioritaires car moins gourmands en eau.

Un bassin au milieu des champs
En général, les 60 000 m3 suffisent pour les besoins d’un été, sauf dans les périodes de grande sécheresse. En 2014 par exemple, la retenue était vide autour du
20 août. Cette année en revanche, elle devrait combler tous les besoins en eau : à la mi-août, elle reste à moitié pleine malgré la vigilance sécheresse annoncée dans le secteur. Contrairement à d’autres installations du même type, qui recueillent directement les eaux de ruissellement, la retenue de Jean-Michel et Kevin Turpin ne reçoit aucune eau en amont. Elle est située dans la plaine, au cœur des terres cultivées. Un avantage certain pour l’épandage, mais pas pour le remplissage, puisqu’il faut pomper l’eau du Lunain, la rivière du village qui se trouve à 500 mètres de la réserve. «Sans pomper, la retenue ne reçoit rien», explique Kevin Turpin. J’attends le début du printemps, que la rivière soit débarrassée des feuilles, et je remplis petit à petit».
Au quotidien, la retenue demande de l’entretien. Il faut gérer les pannes mécaniques, et surtout tirer l’enrouleur jusqu’aux parcelles à irriguer. Pour Kevin, «c’est une charge de travail supplémentaire, il faut se lever une heure plus tôt le matin». Il faut également compter un budget pour l’entretien des pièces et pour la facture énergétique, comme le rappelle Jean-Michel : «Ça coûte cher en électricité, de 700 à 800€ par mois pour pomper à 50 m3 de l’heure. Mais c’est un beau projet, une belle installation». Voilà qui devrait plaire au gouvernement, dont le porte-parole Christophe Castaner annonçait début août que les réserves collinaires étaient pour les agriculteurs «le meilleur moyen de stockage de l’eau».