Bovins laitiers
Inquiétudes sur l’arrêt des quotas
Le syndicat des éleveurs de la race Montbéliarde, réuni en assemblée générale, a abordé l’une des actualités du moment.
Les quotas laitiers n’existent plus dans l’Union européenne depuis le 1er avril. Cette nouvelle donne inquiète Guy Minot, le président du syndicat d’élevage bovin de la race Montbéliarde : «Cette libération des quotas va jouer sur le marché mondial et donc sur les prix, car tout le monde est prêt à produire du lait. Les cours ont baissé brutalement en ce début d’année à cause de la hausse de production en 2014. Ça ne va donc pas s’arranger. La volatilité, elle, va devenir encore plus importante qu’aujourd’hui et compliquer le quotidien des éleveurs». La Côte d’Or ne serait pas spécialement «concernée» par cette future hausse de production : «nous avons déjà bien augmenté ces dernières années et, même s’il y a encore un peu de potentiel, beaucoup de bâtiments sont bien remplis et ne peuvent plus se développer. Mais surtout, ce n’est pas nous qui faisons le lait en France ! Je pense à l’Est et l’Ouest qui, selon moi, sont prêts à produire abondamment...». Dans un tel contexte, Guy Minot se réjouit de voir certaines adaptations professionnelles, comme c’est le cas dans l’AOP Époisses : «des quotas vont s’imposer en interne. Ceux qui voudront produire davantage seront moins payés. Produire pour produire n’est pas toujours la solution, il faut avant tout s’intéresser à la marge». Les enjeux et les outils de pilotage de trésorerie restent «très restreints en système lait» rappelle le président : «On est vite proche du coût de production au litre de lait qui, dans la durée, engendre rapidement des problèmes de trésorerie dans les exploitations». Cette notion de marge passe notamment par la qualité du lait. A ce titre, Jean-François Dessolin, technicien à Côte d’Or Conseil Élevage, a fait la présentation des résultats enregistrés en 2014. Si le taux protéique reste intéressant, le taux butyrique et les cellules continuent de se dégrader dans les exploitation. L’agrandissement de troupeaux est l’une des principales explications.
Douze «millionnaires» en Côte d’Or
Sur l’année civile 2014, la barre du million de litres de lait a été atteinte voire dépassée dans douze exploitations du département, principalement en races Montbéliardes et Prim’Hostein. Deux ans plus tôt, ce niveau n’était atteint que par deux fermes côte d’oriennes. Pour Jean-François Dessolin, cette tendance a trois principales explications : «Des producteurs ont acheté du quota en vue des nouveaux contrats. En effet, la dernière année servira de référence. Il y a également plusieurs regroupements d’exploitations qui contribuent à cette émergence de très importants litrages. Autre point : la volonté de certains éleveurs de produire un maximum. Pour ces derniers, la rentabilité de leur atelier passe par la quantité». Qu’en sera t-il dans cinq ans ? Le technicien de Côte d’Or Conseil Élevage voit une nouvelle augmentation de ce nombre de «millionnaires en litres», mais pas dans les mêmes proportions : «le phénomène robot, pour les exploitations qui en sont équipées, sera un facteur limitant. En effet, il faut un nombre de vaches bien précis par station. On passe de 60 à 120 puis 180 vaches. Des paliers ne seront vraiment pas faciles à franchir...».