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Syndicalisme

Ils veillent au grain

L’assemblée générale de la FDSEA de Côte d’Or s’est déroulée la semaine dernière à Sombernon.
Par Aurélien Genest
Ils veillent au grain
Éric Thirouin et Fabrice Faivre : FNSEA et FDSEA main dans la main pour la défense des intérêts agricoles.
Tous les agriculteurs ne sont pas adhérents mais leurs actions profitent à tous. FDSEA et FNSEA ont fait le point mercredi 20 mai sur les nombreux acquis syndicaux de l’année écoulée. Fabrice Genin et Samuel Maréchal, vice-président et secrétaire général de la FDSEA de Côte d’Or, sont revenus sur les différents combats menés ces derniers mois. Si certains sont encore loin d’être gagnés, le syndicalisme ne baisse pas les bras et peut compter sur le renfort de son entité nationale, à l’image du parc des forêts de Champagne-Bourgogne.

Le dialogue pas les gazs
Éric Thirouin, membre du bureau de la FNSEA, a notamment indiqué: «Il est inadmissible que le seul moyen de dialogue sur ce dossier soit les gaz lacrymogènes que vous avez reçus à Chaumont. Vous pouvez compter sur mon appui total, il faut taper plus fort pour avancer et revenir à ce qui était initialement annoncé dans ce projet».

Président de la commission environnement de la FNSEA, Éric Thirouin a mis en avant la nécessité d’un «travail de longue haleine» pour les différents dossiers environnementaux: «sur les cours d’eau, la FNSEA réclame une clarification depuis des mois. Nous voulons aussi une charte de l’entretien du contrôleur et du contrôlé. Vous savez, je vois certaines choses inimaginables à Paris... Des délais énormes pour arriver à une petite signature, notamment de la part du ministère de l’Écologie. Tout le monde est pourtant d’accord sur le principe d’avancer ensemble. Les agriculteurs continuent d’être pénalisés durant ces temps d’attente interminables. Heureusement, grâce à notre pression constante, nous devrions arriver très prochainement à nos fins pour ces différents points».

Nouveau délai pour les télédéclarations ?
Pour Fabrice Faivre, la France «n’est malheureusement plus gouvernée, mais administrée». Le président de la FDSEA de Côte d’Or a tout d’abord évoqué les actuelles déclarations Pac, «complexes et pleines d’incohérences» : «Je ne pense pas que tout le monde arrive à tout boucler en temps et en heure avant la date du 9 juin. Avec les SIE, les ilots à redessiner et tout le reste, nous avons à faire face à des non-sens environnementaux, c’est scandaleux. J’espère que nous aurons un nouveau délai, je ne vois pas comment cela pourrait être autrement». Le président a ensuite abordé les «lourdes conséquences» de la nouvelle Pac pour le département de la Côte d’Or : «nous avons vécu pendant 23 ans dans un système basé sur des aides qui représentaient une composante importante de nos revenus. Nous allons revenir à une politique dans laquelle ces revenus dépendront des prix et des volumes, avec toutes les incertitudes liées à la mondialisation». Le président s’inquiète d’autant plus que la situation économique est déjà «très difficile» dans les exploitations, avant même cette «désastreuse» réforme : «en plus de la baisse du budget, nos dirigeants ont fait le choix de transférer les aides du nord vers le sud... Nos exploitations, plutôt de grandes tailles et avec de faibles potentiels, vont être fortement impactées, entre 8 000 et 10 000 euros en moins par actif... Il va falloir trouver des marges de manœuvre pour s’en sortir. J’espère que nous aurons de bonnes récoltes cette année, cela devient tout simplement obligatoire».

A l’État d’intervenir
Fabrice Faivre s’attend à une forte réduction des investissements en agriculture : «ce sera l’une des conséquences de cette Pac, telle est la décision de nos dirigeants... Mais dans le même temps, Valls et Macron nous annoncent des mesures en faveur de l’investissement. Ce n’est à plus rien y comprendre». Le président de la FDSEA de Côte d’Or monte d’un cran en évoquant les «mouvements activistes» du moment : «l’agriculture du production est mise à mal par un certain nombre de détracteurs : médias, écolos, activistes divers et variés... Nous sommes considérés comme des pollueurs, des empoisonneurs, des pestiférés... La dernière action en date est l’action menée par Greenpeace au siège de la coopérative InVivo à Paris. Une action est même prévue en Côte d’Or cette fin de semaine. J’invite nos organismes stockeurs à la plus grande vigilance. Il serait plus juste que ces organisations luttent contre les cargos de soja et de tourteaux OGM qui débarquent à Lorient ou les tankers d’huile de palme qui arrivent au Havre. Que l’État intervienne, et pas seulement en Lybie, en Tunisie, en Syrie, au Mali. Qu’on ne laisse pas les adeptes de la décroissance agir dans notre pays !»

Entreprendre ensemble

Un exposé intitulé «Entreprendre ensemble pour une nouvelle dynamique en Côte d’Or» était proposé au cours de cette assemblée. François Purseigle, professeur des universités à l’école nationale supérieure agronomique de Toulouse, a retracé l’éclatement des formes d’organisation du travail en agriculture : «Il n’y a plus de modèle politique en tant que tel et l’agriculture familiale ne va pas de soi. Si on veut encore des agriculteurs familiaux il faut le dire, le vouloir, le construire et le penser. Pourquoi ? Parce qu’il y a des mouvements qui échappent aux formes familiales, il y a des mouvements de financiarisation et d’abstraction qui les affectent inéluctablement».