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Mise à l’herbe

Ils ont quitté le domicile

La très grande majorité des bovins sont aujourd’hui aux prés. Rencontre avec des éleveurs de l’Auxois.
Par Aurélien Genest
Ils ont quitté le domicile
Baptiste, Christine et Laurent Choubley, à Mercueil entre Saulieu et Pouilly.
La mise à l’herbe a commencé début avril dans le département. «Principalement avec les jeunes animaux, dans la zone de plaine» indique Édouard Bénayas. Le conseiller à la Chambre d’agriculture poursuit : «l’Auxois-Morvan a pris la relève il y a deux semaines et tout doit être terminé depuis quelques jours». La semaine dernière a sans doute connu le plus grand nombre de lâchers, les bétaillères allaient effectivement bon train sur les routes de Côte d’Or. Laurent, Christine et Baptiste Choubley en faisaient partie et ont été rencontrés sur la commune de Missery. «Les terrains sont portants, il y a un beau temps, le niveau d’herbe est satisfaisant... C’est le moment parfait pour lâcher les bêtes» relevait Laurent Choubley, qui avait déjà mis ses génisses au pré depuis quelques jours. Ses 380 charolais, dont 150 mères, ont quitté la stabulation en l’espace de trois jours. Trois jours «non-stop» commente l’éleveur de 53 ans, pour qui le plus exigeant n’est cependant pas la mise à l’herbe en elle-même, mais plutôt toutes les opérations à réaliser en amont : «une dizaine de jours ont été nécessaires pour toute la préparation des vaccins et des traitements. Il a fallu tailler certaines pattes et aussi trier les animaux. Nous faisons de la reproduction, nous recherchons les meilleurs croisements. Une vache avec un bon développement musculaire, par exemple, se retrouvera avec un taureau plus squelettique. Nous tentons de valoriser au mieux la génétique».

Clôtures électriques...
Une autre opération gourmande en temps de travail est l’entretien des clôtures. «C’est certain, ce n’est pas le travail le plus intéressant à faire avant la mise à l’herbe» reconnaît volontiers l’éleveur qui, malgré tout, tente de ne pas négliger cette tâche pour ne pas rencontrer de problèmes une fois ses bêtes au pré (ndlr : pour l’anecdote, le lendemain de cette rencontre, des vaches se retrouvaient sur l’autoroute A38 à hauteur de Sombernon, heureusement sans accident). Plus de 30 km de clôtures sont contrôlées chaque année sur l’exploitation de Laurent Choubley comptant 220 hectares de prairies. Depuis une dizaine d’années, les éleveurs privilégient les clôtures électriques : «en effet, tout ce qui est a changer est converti en électrique. Nous avons la chance d’avoir des prés à proximité de l’exploitation. Tout est branché sur secteur depuis la stabulation». Cette option est moins onéreuse avec la mise en place d’un piquet tous les dix mètres, soit cinq fois moins que dans un système plus conventionnel. «Il y a aussi une économie de fil : une ou deux rangées suffisent au lieu de quatre ou cinq» ajoute Laurent Choubley. La durée de vie de l’installation est également plus intéressante. Un entretien de la végétation s’avère toutefois nécessaire pour ne pas impacter l’électrification.

…. ou pas !
Le Gaec Mauguin, à Noidan dans l’ancien canton de Semur-en-Auxois, lâchait lui aussi ses bêtes la semaine dernière. Éric et Thierry Mauguin faisaient part des mêmes impressions laissées par Laurent Choubley, à savoir de très bonnes conditions de portance, une hauteur d’herbe satisfaisante et une préparation longue mais nécessaire avant la mise à l’herbe. Contrairement à Laurent Choubley, les deux éleveurs de Noidan n’optent pas pour la clôture électrique : «Nous avons des prés assez éloignés et dispersés, c’est davantage compliqué pour nous. Il y a bien l’option solaire mais une connaissance à nous s’est fait récemment voler une pompe solaire... C’est une perte de 4 000 euros et l’assurance n’a pas marché. Cela dissuade un peu ! Certes, l’entretien des clôtures est un travail qui peut vite atteindre une semaine, mais si cette tâche est réalisée chaque année, elle reste facilement réalisable malgré tout».

L’électrique peu développé

Selon Édouard Bénayas, à peine 5% des élevages Côte d’oriens seraient aujourd’hui équipés en clôtures électriques, malgré les nombreux avantages apportés (coût moins élevé que le barbelé, facilité et rapidité de pose, longévité et facilité d’entretien). Une porte-ouverte sur le sujet s’est tenue il y a quelques semaines chez Laurent Choubley. Delphine Buisson, technicienne chez Global, approuve les multiples atouts de l’électrique et évoque le développement «poussif» de ce type d’installation : «Le principal frein à la clôture électrique est tout simplement sa mauvaise image. Souvent, les éleveurs ont réalisé des chantiers sans conseil, avec de mauvais choix de produits et une mauvaise conception. Cela a entrainé des échecs. La plupart des clôtures n’étaient réalisées en électrique que sur les parcelles proches de la ferme pour être branchées sur le secteur, mais de nos jours, les postes avec panneaux solaires et batterie ont la même efficacité et permettent l’installation de ce type de clôture sur des parcelles éloignées. Certains pensent que ce produit reste réservé à un branchement sur secteur».