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Châtillon-sur-Seine

Ils ont fait le taf’

Quatre étudiants du Lycée La Barotte viennent de communiquer sur le semis direct.
Par Aurélien Genest
Ils ont fait le taf’
Bien joué les Barottins ! Innov’barotte, évènement initié par quatre étudiants de BTS ACSE, a attiré près de 200 personnes jeudi 13 avril. Valentin Forey, Fabien Lebreton, Edouard Persillet et Guy Roger avaient dédié cette grande journée à la technique du semis direct. Les visiteurs ont pu apprécier différentes démonstrations de matériels et assister à différents exposés. Pour commencer Florent Sauvadet, technicien de la Chambre d’agriculture à proposé une conférence sur le semis direct, suivi d’une intervention de Philippe Houdan, agriculteur à Marigny, venu partager son expérience en agriculture de conservation, technique mise en place en 2005, suivi et accompagné de semis direct depuis 2009.

Un niveau de produits semblable
Des rencontres marquantes telles que Claude et Lydia Bourguignon, Frédéric Thomas (agriculteur fondateur de la revue TCS) et Eric Petiot ont incité Philippe Houdan à se pencher sur son sol. Redonner de la vie à ses sols passe par un minimum de travail du sol. Un choix que le paysan côte-d’orien ne saurait regretter aujourd’hui: «Le carbone est stocké dans nos sols, la vie microbienne se trouve être relancée : c’est à mes yeux le principal avantage de cette technique. Nous évoluons dans ce que nous pensons être une agriculture durable. La conservation de la matière organique diminue les à-coups du changement climatique. En ce qui concerne les rendements et les résultats de l’exploitation, nous avons exactement le même niveau de produits qu’avant, en raisonnant sur la moyenne de l’exploitation. Nos parcelles sont elles plus sales avec le semis direct ? Non, bien au contraire, car c’est en déstabilisant le sol que les graines des mauvaises herbes se mettent à germer».

Moins de mécanisation mais plus d’observation
Le témoignage de Philippe Houdan a permis de se donner une idée sur le gain de temps de travail réalisé lors du passage en semis direct. Plus que considérable, celui-ci avoisine les 70% en terme d’heures de tracteur. Aujourd’hui, il comptabilise approximativement 220 heures de tracteur pour une superficie de 375 hectares, contre à peu près 1000 auparavant. En revanche, il passe plus de temps en terme d’observation et de formation : «j’ai troqué ma grosse mécanique contre une bêche ! Je prends maintenant plaisir à aller dans mes champs, à observer l’évolution de mes cultures» confie l’agriculteur. Concernant l’aspect économique, le Gaec Houdan indique n’avoir perdu de l’argent qu’en 2016, à l’issue d’une campagne catastrophique sur tous les plans : «nous étions positifs en 2014 et 2015. Et si l’on prend la moyenne du centre de gestion, en huit ans nous avons réalisé l’équivalent de onze années d’EBE. Mais au delà du côté économique, ce qui me pousse à continuer dans cette voie, c’est l’impact écologique de la technique. Produire le plus sainement possible tout en respectant la vie du sol». Philippe Houdan reste persuadé que le semis direct peut être réalisé sur n’importe quel type de sol.

Allongement des rotations
Tout n’est malheureusement pas parfait avec le semis direct, comme le reconnaît Philippe Houdan : «les campagnols et les limaces représentent le principal inconvénient. En effet, les prédateurs ont du mal à les réguler car la paille en limite l’accès. Le sol étant constamment recouvert par les couverts, introduits entre deux cultures». D’un point de vue technique, le semis direct implique certains changements et notamment un allongement des rotations. Celles du Gaec Houdan sont passées de quatre à neuf ans avec l’introduction de féverole, pois, sarrasin, soja, vesce, trèfle et luzerne : «il a fallu se débrouiller pour valoriser nos produits. Je pense notamment au sarrasin : nous avons dû contacter un meunier en Bretagne car, à l’époque, personne n’en voulait. Ce n’est plus le cas aujourd’hui car nos coopératives se sont ouvertes au marché. D’un point de vue global, pour passer en agriculture de conservation, il ne faut pas hésiter à se faire aider, aller voir ailleurs, échanger... Aujourd’hui mon but n’est pas de convaincre mais de démontrer qu’il est possible de cultiver autrement. C’est pourquoi j’ai répondu avec plaisir à l’invitation de ces élèves. Je les en remercie et leur souhaite une belle évolution dans l’agriculture».