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Cultures d’automne

Il va falloir courber le dos

Les récoltes de tournesol, soja et maïs grain sont très mauvaises sur l’ensemble du département.
Par Aurélien Genest
Il va falloir courber le dos
Les rendements du tournesol, comme ceux du soja, sont deux fois moindres que lors d’une année normale.
Treize et demi : s’il s’agissait de la teneur en protéines du blé, tout le monde aurait sans doute signé. Là, il est question du rendement moyen à l’hectare de quatorze parcelles de tournesol, propriétés de huit exploitants qui ont fait remonter leurs résultats à la Chambre d’agriculture de Côte d’Or pour sa traditionnelle enquête annuelle. «Quand on regarde les rendements des dernières campagnes, la baisse est de l’ordre de 50%. Cela va sans dire, c’est très mauvais. Cela correspond à peu de choses près à ce que l’on entend dire sur le terrain. Nous sommes donc proches de la réalité» commente le chef du service «Grandes cultures» Damien Ronget. De grandes disparités sont à distinguer selon la profondeur des sols : sur terres superficielles, le rendement n’est que de 6,3 q/ha, quand celui-ci atteint 23 q/ha en sols profonds. «Plus la réserve utile a été importante et mieux la culture s’en est sortie. Les terres superficielles ont une capacité de stockage en eau bien plus faible que les autres : leurs cultures ont davantage souffert de la sécheresse et avec guère plus de 6q/ha à certains endroits, on voit bien que ça ne pardonne pas» poursuit Damien Ronget.

Soja, la même «cata»
L’analyse semble la même pour le soja. Douze parcelles remontées dans le répertoire de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or font part d’un rendement moyen de 18,2 q/ha. «C’est la première année où les résultats de notre enquête sont exploitables pour cette culture. Ce rendement est lui aussi très décevant et doit être très proche lui aussi des -50% par rapport à une année normale» relève le chef de service de la Chambre. Les variations sont également importantes et passent de 12,7 q/ha dans les sols moyens à 22,2 q/ha en terres profondes. Damien Ronget signale un autre impact considérable lié à l’irrigation : «en sols moyens, les rendements passent d’une moyenne de 12,7q/ha à 19q/ha si le soja est irrigué. Le gain est donc de 50% si les agriculteurs ont eu la possibilité d’arroser leurs parcelles. En sols profonds, les rendements atteignent même 34q/ha avec l’irrigation qui semble effacer l’impact de la sécheresse». Les résultats de l’enquête sur le maïs grain ne sont pas encore assez étoffés pour dresser «quelconque conclusion» d’après Damien Ronget : «ce sera sans doute mauvais encore, les premiers échos que nous avons confirment cette tendance. Toutes les cultures payent très cher les aléas climatiques de cette campagne et notamment le manque d’eau durant la floraison en début d’été. Le stress hydrique était tellement important que les plantes ont adopté des réflexes de survie en ne se développant que très peu».

Des situations plus que tendues
Damien Ronget rappelle que certaines exploitations de Côte d’Or font de ces moissons d’automne la grande majorité de leurs récoltes annuelles. «Si l’on enlève le soja, le maïs et le tournesol chez un certain nombre de producteurs, il ne reste souvent que le blé. Les relatifs bons résultats de ce dernier ne compenseront en aucun cas de tels niveaux de rendements pour ces cultures d’automne, d’autant que leurs prix sont actuellement au plus bas. L’impact va être considérable dans bon nombre d’exploitations où la situation économique risque de devenir plus que tendue».