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Elvéa 21-89

«Il manque 400 euros par bête»

Réunie en assemblée générale le 23 mai à Vitteaux, Elvéa 21-89 a dressé un nouvel état des lieux fragilisé du monde de l’élevage. Le point avec le président de l’association.
Par Aurélien Genest
«Il manque 400 euros par bête»
« L’aval doit prendre ses responsabilités », souligne François Deroye.
«Nous dressons chaque année le même constat lors de notre rendez-vous annuel. Hormis 2012, l’élevage évolue dans une situation toujours aussi délicate», déplore François Deroye, lors de l’assemblée d’Elvéa 21-89. La sécheresse estivale et automnale n’a bien sûr rien arrangé. «Cet aléa s’est prolongé jusqu’à l’entrée de l’hiver et a fragilisé d’autant plus nos exploitations. L’envolée du prix des fourrages a été déraisonnable», poursuit le président. Aussi et surtout, les prix de vente des animaux d’élevage, inférieurs aux prix de revient, restent bien trop bas : «il manque au bas mot 400 euros par bête. Nous avons des charges incompressibles et il faut bien faire face. Aujourd’hui, nous sommes loin du calcul de l’indicateur de prix de revient, calculé par l’Institut de l’élevage et validé par l’interprofession pour des bêtes finies». Des données issues des références conjoncturelles du second semestre 2017 donnent ainsi 4,64 euros/kg pour une vache allaitante, 5,08 euros pour une génisse, 4,50 euros pour un jeune bovin. Dans le maigre, le broutard affiche un prix de revient de 3,08 euros du kilo vif.

Le prix est bloqué
L’euro supplémentaire demandé par la profession ne représenterait que quelques centimes d’euros sur le prix au kilogramme de la viande commercialisée, rappelle François Deroye : «nous étions arrivés à ce niveau de prix en 2012, les abattoirs avaient alors continué à travailler et la viande se consommait toujours, ne l’oublions pas. L’aval bloque les prix, son pouvoir est si important qu’il imprime le rythme du marché. Devant la menace de recul du troupeau allaitant, il va bien falloir que l’aval prenne ses responsabilités». Le président d’Elvéa 21-89 espère des avancées dans le cadre de la loi Égalim : «cette loi réglemente l’ensemble des filières agricoles afin de se mettre en conformité avec l’OCM, dans le but de déverrouiller les prix agricoles. Les états généraux de l’alimentation, je n’y croyais pas tellement, je le reconnais, mais je me dis qu’il ne faudrait peut-être pas grand-chose pour débloquer les prix. Les possibilités offertes pour arriver à une hausse de la viande sont actuellement au stade embryonnaire, mais des leviers sont en train de se mettre en place pour débloquer une situation sclérosée depuis de nombreuses années, il faut y croire». Lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée ce même 23 mai, Elvéa 21-89 a modifié ses statuts afin de respecter la loi Égalim, dans le but de pouvoir signer des contrats incluant un prix et un volume au nom de ses adhérents. «Ces évolutions se font en partenariat avec nos acheteurs», précise le président, «on n’ose plus y croire mais les choses sont peut-être en train de bouger avec des demandes de la part de la grande distribution sur différents critères de qualité incluant le respect de l’environnement et des bonnes pratiques d’élevage».