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Lycée viticole de Cosne-sur-Loire

« Il faut raisonner les pratiques »

Sophie Ramet a été nommée il y a quelques semaines directrice de l’exploitation du lycée viticole de Cosne-sur-Loire. L’occasion de s’intéresser à son parcours et à sa vision pour l’exploitation viticole. Rencontre
Par Théophile Mercier
« Il faut raisonner les pratiques »
Sophie Ramet dans la boutique du domaine des Athénées
C’est une jeune femme pétillante et dynamique qui vient de prendre la tête du domaine des Athénées. À 25 ans Sophie Ramet, a été nommée directrice de l’exploitation du lycée viticole de Cosne-sur-Loire. À l’image d’Obélix, elle est tombée dans l’agriculture quand elle était petite. D’une part, par son grand-père qui possédait des vignes et de l’autre, part son père éleveur à Limon.
« J’ai toujours aidé mon grand-père au moment des vendanges, car j’aimais bien cet univers. Je me rappelle fouler les vignes avec les pieds » raconte-t-elle avec le sourire. Avant de se lancer dans la viticulture, elle embrasse d’abord des études de biologie. Elle rentre à la faculté de Médecine et de Pharmacie d’Auvergne, elle y restera jusqu’en 2016. « Ce que j’aime c’est la production dans le domaine viticole à savoir produire de A à Z et faire découvrir aux consommateurs le fruit de mon travail » détaille en longueur la jeune femme. C’est la raison pour laquelle elle intègre dès 2016 l’université de Reims Champagne-Ardenne, pour y effectuer son Master en Sciences de la Vignes et du Vins, spécialité Vins et Champagne : « Malgré mes connaissances scientifiques, j’ai estimé à l’époque qu’il me manquait des notions pédologiques, j’ai donc décidé de poursuivre dans la même université mais pour préparer le Diplôme Nationale d’Œnologue (DNO) qui aura duré deux ans. J’ai pu étudier entre autres, la viticulture, la microbiologie du vin, la pédologie, et la deuxième année j’ai dû effectuer un stage. À Reims, celui-ci se fait en deux fois trois mois. Je suis donc partie dans le Roussillon à la Coopérative Dom Brial d’août à novembre 2018. C’est la plus grosse coopérative productrice de muscat de Rivesaltes. J’ai dû travailler sur le contrôle de la maturité des parcelles de la cave, sur la mise en place d’un essai sur l’utilisation de levures acidifiantes (blanc, rouge, rosé) ou encore apprendre la traçabilité via le logiciel Agréo Vin. Ce qui m’a plu ce sont les méthodes de vinification qui sont très larges». La deuxième partie de son stage, Sophie Ramet l’a occupé à mettre en place une stratégie de conversion à l’Agriculture Biologique au sein de la coopérative. Globalement, elle ressort avec de nouvelles méthodes de vinification qu’elle pourrait reprendre à son compte pour le lycée. Ces efforts à la fois en cours et en stage se sont montrés payants puisque la jeune femme obtient son DNO mention bien.

Le début d’une carrière prometteuse
Diplôme en poche, Sophie Ramet commence sa jeune carrière à La Chablisienne en tant qu’assistante œnologue. « J’avais en charge les protocoles de vinification pour le millésime 2019. Expérience intéressante qui m’a fait connaître là encore une autre méthode de travail. À la suite de cet emploi, j’ai été embauchée au sein de l’exploitation du lycée viticole de Cosne-sur-Loire. C’est lors du salon du vin « Papille O’Nez » organisé à la Ferme du Marault que j’ai appris qu’un poste se libérait au sein de l’établissement » explique-t-elle. Sa priorité est d’abord de moderniser le matériel de l’exploitation qui n’est plus représentatif de ce qui se fait ailleurs. « J’attends avec impatience le nouveau chai pédagogique dont le projet a été lancé avant mon arrivée avec la région Bourgogne Franche-Comté. Pour l’heure, nous en sommes au stade de l’appel d’offres. Si tout se passe comme prévu, il devrait sortir de terre et être opérationnel pour les vendanges 2021 » poursuit-elle. « Aujourd’hui nous faisons appel à plusieurs prestataires alors qu’en modernisant l’exploitation nous pourrions le faire en interne. Nous devons faire évoluer rapidement la situation. Il est donc important d’investir afin de permettre aux élèves et aux adultes encadrés par le CFFPA de se former sur du matériel qu’ils seront amenés à utiliser dans leur carrière professionnelle. L’enjeu est bien entendu d’attirer plus d’élèves » affirme la nouvelle directrice d’exploitation.

« Il faut que les élèves se fassent leur opinion »
Avec la montée du bio, l’exploitation viticole de Cosne-sur-Loire a décidé de convertir sa parcelle de Pouilly-sur-Loire. La volonté n’est pas, pour l’heure, de convertir l’ensemble de l’exploitation. « Je considère que les élèves doivent être capables d’appréhender les différents itinéraires de production et de se faire leur propre opinion. Toutefois, il est important de raisonner les pratiques ». Pour l’heure, le travail est à la promotion du vin de l’exploitation qui souffre aujourd’hui d’un déficit de notoriété. En effet, la commercialisation ne se fait qu’en vente directe soit à la boutique à Plagny soit directement au lycée. Un chantier qui va être ouvert par la directrice d’exploitation en lien avec les élèves. « C’est une réflexion globale qui doit prendre en compte la vigne, le vin et la pédagogie » conclut Sophie Ramet.