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Arboriculture

«Il faut que l’on soit à vos côtés…»

Promesse tenue pour la présidente de Région, Marie-Guite Dufay qui, après la filière céréalière, il y a deux mois, est revenue dans l’Yonne pour se pencher sur la situation de l’arboriculture départementale.
Par Dominique Bernerd
«Il faut que l’on soit à vos côtés…»
Une visite qui était une première pour la présidente, originaire d’une région plus habituée aux fruitières de comté qu’aux vergers de cerisiers  !
Interpellée par Alain Duruz, président de la section arboricole à la FDSEA de l’Yonne, lors de sa venue en avril dernier, la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, s’est rendue sur son exploitation, à Jussy pour évoquer avec les exploitants présents, la situation de l’arboriculture icaunaise, notamment, la production de cerises.
Avec 520 ha de vergers, l’arboriculture bourguignonne n’occupe que 0,03 % de la SAU du territoire, ce qui la situe à la 15ème place au rang national. L’Yonne est le premier département producteur, essentiellement en Pays d’Othe et dans le Sénonais, pour ce qui est des vergers de pommiers et dans le sud auxerrois, pour la production de cerises. Une filière qui, à son apogée, dans les années 80, a compté jusqu’à 1 200 ha de vergers et avait même obtenu une labellisation du paysage, classé «Cerisaie de la vallée de l’Yonne» en 1993 par le ministère de l’Environnement d’alors. Des aides avaient été apportées et 47 ha avaient pu être replantés. Mais le manque de rentabilité a, depuis, fait remplacer une partie des vergers par de la vigne. Plusieurs facteurs ont contribué à son déclin : concurrence avec la vallée du Rhône, manque d’irrigation, aléas climatiques…, rappelle Alain Duruz : «le problème par ici, est qu’il faudrait descendre à 50 m pour trouver de l’eau, alors on n’irrigue pas. L’autre souci étant que là où, dans le sud, ils font 10 tonnes à l’ha, nous, on ne dépasse à peine les 2 tonnes. Et même à 2 € du kilo, ça ne passe pas, nos charges de structure étant les mêmes…» Aujourd’hui subsistent environ 300 ha, pour une vingtaine de producteurs, répartis sur quelques communes au sud d’Auxerre : la quasi totalité de la production bourguignonne.  
 
La Région prête à aider
L’interdiction du diméthoate au printemps dernier par le ministère de l’Agriculture n’a fait que fragiliser un peu plus les exploitations, explique Alain Duruz : «c’était le seul insecticide que l’on avait face à la mouche (ndlr  : moucheron asiatique appelé drosophila suzukii).  Il existe des produits de substitution mais sans recul suffisant pour en connaître la réelle efficacité. De plus, ils nous obligent à repasser plus souvent dans les vergers, augmentant d’autant le coût de production à l’ha. Et de toute façon, ça ne sert à rien, face à l’interdiction de traiter 21 jours avant cueillette, puisque la mouche attaque surtout en fin de cycle, quand le fruit est bon à vendre  !» Quant aux filets protecteurs, leur prix est rédhibitoire, d’autant que les parcelles ne sont guère adaptées  : «à l’heure actuelle, on travaille dans des vergers en moyenne de 5 à 10 ares et installer une infrastructure de protection est impossible. Il nous faudrait au minimum, des blocs de 3 à 4 ha de vergers, pour pouvoir en mettre en place.» Un message écouté et entendu semble t-il par la présidente de Région, prête à faire quelque chose pour l’arboriculture icaunaise, mais pas sans conditions  : «pour moi, il n’y a pas photo, il faut que l’on soit à vos côtés. Mais pas pour faire n’importe quoi… Il faut déjà à mon avis, que vous vous organisiez et soyez force de proposition. À partir du moment où la Région a comme interlocuteur une filière organisée, c’est son devoir que de la suivre…». Appelant à ce qu’une Commission de travail se mette en œuvre rapidement en ce sens, sous l’égide d’Alain Duruz.

La cerise de l’Yonne labellisée ?

- Quel cadre donnez-vous à votre visite  ?
MG Dufay  : «Je suis venue voir comment  je pouvais soutenir les arboriculteurs sur qui depuis plusieurs années, pèse le poids des calamités agricoles. Ils m’avaient interpellé lors de ma venue dans l’Yonne en avril dernier et j’avais convenu avec eux de les rencontrer au moment de la récolte. Si en matière d’indemnisations, la région ne peut pas faire grand-chose, il faut voir à terme le type d’investissements pérennes  à réaliser, mais sous réserve pour cela, que les producteurs s’organisent entre eux. C’est ce que je leur ai demandé ce matin. Par rapport à toutes leurs contraintes ils ne pourront jamais faire face à la concurrence de la vallée du Rhône ou d’ailleurs et leur survie ne passera pas par la quantité, mais bien par la qualité…»

- Sous quelle forme  ?
«C’est la première fois que je me rends ainsi dans un verger de cerisiers et quand on voit des cerises de si belle qualité, on n’a qu’une envie, c’est de les valoriser. Et la meilleure façon de le faire, serait de faire primer la cerise de l’Yonne sous label AOC, même si le travail sera long pour y parvenir… Le métier d’arboriculteur en ce moment est vraiment un métier à risques et quand en parallèle, on produit de la qualité et bien le rôle de la Région, c’est d’accompagner… »