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Viticulture

«Il faut offrir des vins de qualité au consommateur»

Rosalinde Jaarsma est la nouvelle directrice du BIVC depuis le 7 janvier dernier. À 31 ans, la jeune femme arrive au sein de l’interprofession avec un parcours déjà bien rempli et la passion du vin comme leitmotiv. Brexit, plan de filière et stratégie à l’export sont quelques-uns des sujets abordés. Hasard du calendrier, elle nous a reçus dans son bureau à Sancerre, le jour de la Saint Vincent.
Par Propos recueillis par Théophile Mercier
«Il faut offrir des vins de qualité au consommateur»
Rosalinde Jaarsma est la nouvelle directrice du BIVC depuis le 7 janvier.
- Vous venez de prendre vos fonctions de directrice du BIVC. Quel est votre parcours en quelques mots ?
Rosalinde Jaarsma : «Je suis né à Gien, dans le Loiret, mais j’ai grandi dans l’Yonne, en Puisaye. Mes parents sont Néerlandais d’où mon prénom un peu étrange (rires). J’ai toujours baigné dans le milieu agricole de par mes grands-parents qui étaient éleveurs laitiers. Par la suite mon parcours m’a amené à étudier à Sciences Po Paris. En 2013, je commence ma carrière chez Ubifrance, devenu aujourd’hui Business France. Cette entreprise est l’agence d’État qui a vocation à internationaliser l’économie française soit en stimulant les sociétés étrangères à s’implanter France soit en aidant les entreprises nationales à exporter. Mes missions m’ont permis de faire connaissance avec le milieu du vin. Après une parenthèse d’un an chez Squla, start-up de jeux éducatifs pour enfants, j’ai eu la volonté de revenir dans la filière viticole. J’avais à cœur d’asseoir ma crédibilité auprès des viticulteurs sur le terrain. Mes connaissances du métier m’ont été transmises par les sommeliers lors de dégustations, mais il me manquait le côté technique».

- D’où votre arrivée à la Maison des Sancerre ?
R. J. : «En effet, ce poste m’a permis de découvrir le fonctionnement d’une appellation, de rencontrer les vignerons et de répondre à leurs attentes. J’avais en charge la communication de l’appellation à travers, notamment, la gestion du centre interprétatif. Cette expérience fut un très bon point de départ pour reprendre la direction du BIVC. J’ai la chance d’avoir toujours été bien accueillie dans la région par des professionnels passionnés et bienveillants».

- Quelle est votre feuille de route ?
R. J. : «La priorité du moment c’est la mise en place du plan de filière, dans la lignée de la loi Égalim. Ce dernier a été élaboré à l’échelle du Centre Loire et non pas au niveau de la grande Loire car nos problématiques sont différentes des autres appellations. C’est à ce sujet un vrai enjeu de pouvoir faire la synthèse et de proposer quelque chose de cohérent. Nous avons à ce jour trois parties dans ce cahier des charges : économie des marchés où l’on va définir le positionnement de nos produits, un volet sur l’emploi et notamment les transmissions. Enfin, il y a la partie environnementale constituée d’une charte environnementale en cours d’élaboration. C’est sur ce point que notre responsable de mission travaille actuellement de concert avec les autres organismes de la filière (FUVC, Sicavac) et bien sûr les vignerons».

- Vous pouvez nous en dire plus ?
R. J. : «C’est tout d’abord considérer l’environnement dans sa globalité, prenant en compte tous les aspects que cela représente : du travail du sol, à la réduction de produits phytosanitaires ou bien encore le recyclage. Nous souhaitons par exemple supprimer entièrement le plastique dans les vignes. L’idée est d’accompagner les producteurs vers la transition écologique, mais cette charte est moins contraignante qu’un cahier des charges, elle pourra être ajustée au fur et à mesure. En outre, le viticulteur qui s’engage à signer ce texte aura le niveau pour obtenir la certification HVE 3 (à faire certifier par un organisme agréé par ailleurs). Cette charte a été élaborée par et pour les viticulteurs du Centre Loire, 10 % d’entre eux ont en effet participé à l’exercice ! Cela est essentiel pour que tout le monde se l’approprie. Nous souhaitons, grâce à ce plan de filière, accompagner la montée en gamme de nos vins, seule voie de développement et de pérennisation de la filière».

- Votre stratégie à l’export est-elle impactée par la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne et par les récentes taxes américaines ?
R. J. : «C’est un sujet important car le ratio export aux États-Unis et au Royaume-Uni des vins du Centre Loire est élevé. Ces deux marchés représentent en effet plus de 50 % des volumes exportés pour nos vins.
Si le BIVC n’a pas vocation à élaborer de stratégie export qui est du ressort de chaque entreprise, nous avons néanmoins un rôle de conseil de marché. Nous accumulons des données qui permettent aux professionnels de s’orienter en fonction de nos informations et conseils. Il est important de ne pas “mettre tous les œufs dans le même panier” et sécuriser ses exportations en diversifiant les débouchés».

Contact : Bureau interprofessionnel des vins du Centre, 9 route de Chavignol, 18300 Sancerre. Tél. 02 48 78 51 07

Repères

Le BIVC représente des appellations qui s’étendent sur 5 910 hectares, à savoir :
Sancerre, Pouilly-Fumé, Pouilly sur Loire, Menetou-Salon, Quincy, Reuilly, Coteaux du Giennois et Châteaumeillant, Côtes de la Charité et Coteaux de Tannay.