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La profession à la rencontre du ministre et de ses services

«Il faut aider la ferme Yonne»

Après sa visite dans les vignes, Stéphane Le Foll et son conseiller pour les questions agricoles ont reçu les représentants agricoles du département. Ambiance sérieuse, ton grave et qualité d’écoute ont marqué cet entretien pendant une heure, bien employée.
Par Anne-Marie Klein
«Il faut aider la ferme Yonne»
Stéphane Le Foll était venu parler agroécologie, mais l’actualité agricole et la réalité économique des exploitations icaunaises, durement touchées par des intempéries à répétition impactant toutes les productions, l’a rattrapé. En tout cas, tous les représentants de la profession agricole qui l’ont accompagné dans ses visites n’ont pas manqué de lui rappeler l’urgence de certaines décisions, pour pallier les effets dévastateurs pour les trésoreries et l’avenir des exploitations, de la situation actuelle.
Le deal était clair et le constat largement partagé, dans un département où les intempéries hors normes ont été préjudiciables à toutes les productions et produiront leurs effets négatifs encore longtemps, il fallait que le ministre et ses services prennent conscience de l’urgence des réponses à donner et de la nécessité de dégager des soutiens pour assurer le court terme, avant même d’envisager des solutions à plus long terme.

Des demandes appuyées et argumentées
«Il faut aider la ferme Yonne», tel était le sens du message de la FDSEA 89 et des JA, avec des demandes appuyées et argumentées, afin que l’ensemble du département, soit classé en calamités et pour toutes les productions. Nécessité aussi que le cas de force majeure s’applique à toutes les zones du département pour faciliter les indemnisations. Un nouveau plan d’aide est aussi réclamé, ouvert à l’ensemble des agriculteurs, ainsi que la possibilité dans le cadre d’une année blanche que tous les prêts bancaires puissent y prétendre, Agilor compris. Certaines exploitations risquent de ne pas se relever des dégâts économiques subis, les professionnels demandent en conséquence que des mesures d’accompagnement spécifiques soient mises en place, pour faciliter l’arrêt de l’activité et un atterrissage en douceur.
Effet double peine, les retards de paiement de la Pac 2015 aggravent les problèmes de trésorerie. La FDSEA 89 et les JA insistent pour «que le calendrier annoncé par le ministre de l’Agriculture pour les paiements 2015-2016 soit respecté coûte que coûte». Enfin, l’Yonne comme les autres zones intermédiaires se trouvent de fait plus exposée aux aléas économiques, à ce titre, demande est faite pour que la France maintienne à 10% l’enveloppe destinée au paiement redistributif, afin de ne pas dégrader davantage le revenu des agriculteurs du département.
Au terme d’une heure d’entretien, certains proches du ministre n’ont pas caché qu’ils repartaient avec le moral en berne. Le ministre réitérant par ailleurs les engagements de la France pour un paiement des aides Pac au début du mois de septembre, pour la majeure partie des dossiers et à la fin de ce même mois pour les plus difficiles. Nadine Darlot, vice-présidente de la FDSEA 89, estimait que le ministre et ses services avaient bien pris la mesure de la situation et l’état de désespérance des plus touchés, toutes productions confondues. En tant que représentants professionnels «nous avons fait le job» explique-t-elle «c’est notre responsabilité et il fallait que le ministre comprenne que l’agroécologie ce ne sont pas des mesures en plus, mais que la réflexion doit prendre en compte la réalité économique des territoires. L’agroécologie c’est déjà une réalité au niveau de nos territoires, dans l’équilibre entre toutes les productions, l’élevage et les grandes cultures se complétant pour limiter notre empreinte carbone. Encore faut-il qu’on permette à cette agriculture de travailler et de prospérer, sans sacrifier aucune production. Pas la peine de réinventer des systèmes, on a tout pour faire».
C’était aussi le sens des visites organisées par la FDSEA 89, à l’intention des services de la DDT, dans l’Avallonnais, en Puisaye et dans le Sénonais le vendredi 8 juillet, en amont de la visite ministérielle (voir p.12). Une façon de prouver que la ferme Yonne est bien pourvue pour relever le défi de l’avenir de l’agriculture, encore faut-il qu’elle soit soutenue pour supporter cette mauvaise passe et opérer les ajustements nécessaires.