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Journée Innov’Action

H’Api agri: des couverts et des abeilles

Une rentrée fleurie et bourdonnante pour Innov’action et le groupe Dephy. Une journée portes ouvertes a été organisée vendredi dernier sur le thème des couverts et des abeilles.
Par Chambre d’agriculture de l’Yonne
H’Api agri: des couverts et des abeilles
Une journée autour des couverts et des abeilles.
Xavier, agriculteur à Venizy, membre actif de l’Apad (Association de promotion de l’agriculture durable) ouvrait les portes de son exploitation du 14 au 16 septembre dans le cadre des journées nationales du patrimoine sol. Il lui tenait à cœur de présenter ses techniques et ses manières de travailler. Vendredi 14 septembre, le programme co-construit avec la Chambre d’agriculture de l’Yonne, le Cerd et Terres Inovia, était plus particulièrement ciblé sur les liens existants entre les céréaliers et les apiculteurs.
«Je suis profondément blessé par les critiques qui sont adressées aux agriculteurs. Je le prends comme un jugement qui m’est directement envoyé». Xavier avait à cœur en cette journée d’échange, de montrer ce qu’est l’agriculture de conservation des sols, que ses pratiques sont respectueuses de l’environnement. «Pour travailler en semis direct, je dois obligatoirement couvrir mes sols». Que ce soit par des couverts d’interculture gélifs ou par des couverts permanents, il y a toujours des végétaux pour protéger, améliorer les sols de l’exploitation. Quant à l’usage des produits phytosanitaires, «avec mes objectifs de rendement moyens je peux limiter l’usage d’intrants. C’est afin de comparer ma stratégie, de vérifier si oui ou non j’utilise beaucoup de produits phytosanitaires, que j’ai intégrés en 2018 le groupe Dephy grandes cultures de l’Yonne».

L’IFT : un indice révélateur
Ce groupe animé par Sarah Gonzalez, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Yonne, a pour objectif de réunir des agriculteurs volontaires autour de l’enjeu de réduction de l’usage des produits phytosanitaires en utilisant tous les leviers possibles. Chaque exploitation suit pour cela son usage de produit phytosanitaire par culture et par campagne via l’IFT (indice de fréquence de traitement). Créé en 2010, il a permis à certains de se rassurer dans le bon niveau environnemental de leur système. Inversement, pour d’autres, il a permis une prise de conscience sur les défis à relever. Quant à Xavier, Sarah le confirme, avec un IFT de 2,9, il est nettement en dessous de la moyenne régionale de 5,5.
Éric Boulet, agriculteur à Saint Privé, est également membre du groupe Dephy grandes cultures de l’Yonne, depuis sa création. Lui aussi travaille en agriculture de conservation des sols. Ses résultats sont sans appel, il a un IFT de 2,3 et il n’utilise plus d’insecticide. «Pour demain je réfléchis à une conversion à l’agriculture biologique».
Si Éric et Xavier sont convaincus de l’intérêt de leur technique de non-travail du sol pour la vie du sol, ils s’interrogent aujourd’hui sur la compatibilité de leur système avec les pollinisateurs.

Les couverts
pour nourrir les abeilles
Xavier explique que pour ses sols et ses cultures, il a besoin de matière verte, rapidement dégradable. «Je broie donc mes couverts avant leur floraison». Cela pose la question de la disponibilité de la ressource alimentaire pour les abeilles. Pascal Vigneau et Christine Busson, apiculteurs dans l’Yonne, confirment leur intérêt pour les couverts végétaux, source de pollen et de nectar pour les abeilles. Mais il faut en effet qu’ils soient en fleur ! Éric lui, attend beaucoup des abeilles pour ses productions de cultures porte-graine de luzerne et trèfle. Il travaille déjà en partenariat avec un apiculteur qui met des ruches à proximité de ses parcelles. Elle facilite ainsi la pollinisation des fleurs et donc améliore le rendement final. La luzerne quant à elle, produit du nectar nécessaire à l’alimentation de la ruche.
Pour Nicolas Cerrutti, chargé de mission à Terres Inovia, l’importance pour les abeilles est avant tout l’accès continu à la ressource alimentaire constituée du pollen et du nectar. Le pollen leur fournit les protéines quand le nectar leur fournit de l’énergie. Selon les espèces, les plantes fournissent plutôt l’un ou l’autre. Pascal Vigneau précise qu’une même plante, la luzerne par exemple, fournira ou pas du nectar ou du pollen en fonction du sol sur lequel elle est implantée. Les apiculteurs sont donc attentifs au milieu dans lequel sont cultivées les différentes espèces qui les intéressent. Parmi les plus intéressantes nous pourrons retenir :
- La phacélie. Produite en interculture elle assure une source importante de pollen et de nectar à une période où la ressource se fait plus rare : fin de l’été début de l’automne.
- Le sarrasin qui peut être cultivé en dérobé, apporte du nectar lors de la période estivale où les fleurs sont plus rares.
- La féverole, le tournesol et la moutarde sont également des plantes mellifères qui peuvent être utilisées en interculture et nourrir les abeilles.
Pour plus d’informations vous pouvez retrouver tous les contenus présentés lors de cette journée sur le site internet de la Chambre d’agriculture de l’Yonne.