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Châtillonnais

Grosse «pilule» en blé et colza

Les rendements 2016 sont extrêmement faibles. Deux agriculteurs du nord du département témoignent.
Par Aurélien Genest
Grosse «pilule» en blé et colza
Rémy et Pascal Cornet, à droite, travaillent en Cuma avec des exploitants aubois.
Celle-ci sera dure à encaisser : avec 22q/ha en colza et pas plus de 40q/ha annoncés en blé, la moisson 2016 est très décevante chez Rémy et Pascal Cornet à Gomméville, petit village à quelques kilomètres au nord de Châtillon-sur-Seine à la limite du département de l’Aube. Les deux frères travaillant en Gaec n’avaient jamais connu pareils résultats: «22q/ha en colza, c’est une sacrée claque. C’est du jamais vu pour nous, même si nous sommes déjà descendus très bas certaines années avec la grêle» indique Pascal Cornet, «une année, normale en colza, nous faisons aux alentours de 30q/ha. Nous pouvons même espérer atteindre 35q/ha dans des champs où cette culture n’a jamais été semée. La situation semble généralisée dans notre secteur avec des résultats qui varient la plupart du temps entre 20 et 25q/ha. Ces chiffres ne sont bien sûr pas les bienvenus : le colza coûte très cher à produire et nous devons avancer beaucoup d’argent pendant une année». La récolte de blé, tout juste commencée il y a une semaine, s’annonçait également très mauvaise. «Les meilleures parcelles du Châtillonnais arrivent péniblement à 45q/ha. Sinon, c’est généralement 40q/ha, voire moins, ça va faire très mal. Il va manquer entre 20 et 25q/ha» commente Rémy Cornet, rappelant le printemps très pluvieux et surtout, l’humidité au stade de la floraison : «quand la fleur se retrouve sous la pluie, ce n’est jamais bien bon. Cette année, toutes les cultures y ont eu droit et ça n’a pas pardonné. Pour le blé, il y a peut-être eu, en plus, du gel pendant la méiose. Ça a été la totale».

Guère mieux pour l’orge
Avec 54q/ha de rendement final, les orges d’hiver, intégralement en variété Étincel, semblent les mieux loties de l’exploitation: «nous pouvons prétendre à 60q/ha lors d’une année normale, nous sommes en baisse cette année mais nous limitons quelque peu la casse. L’orge devrait être la culture qui s’en sort le moins mal en 2016, mais que ce fut dur avec beaucoup de maladies à gérer et beaucoup de salissement» poursuit Pascal Cornet. Le calibrage varie entre 65 et 70, les protéines entre 9,5 et 11. Les orges de printemps pourraient elles aussi lisser les mauvais résultats : «nous n’avons pas encore fauché mais les premiers échos du Châtillonnais tournent autour de 50q/ha. Compte tenu de l’année, on s’en contentera presque, même si les nôtres ne sont pas dans de bons champs et risquent de ne pas atteindre ce rendement» confie Rémy Cornet. Le maïs ensilage destiné aux 80 vaches laitières de l’exploitation (races Prim’Holstein, Brune et Montbéliarde) ne relèvera certainement pas la donne.  «Il fait aujourd’hui un mètre de haut alors qu’il devrait faire au moins le double» relève Rémy Cornet, qui annonce une seconde année très difficile pour cette culture : «nous avons liquidé les stocks l’an passé et comptions les reconstituer rapidement... C’est d’ores et déjà raté pour cette année, les difficultés vont s’accumuler dans l’atelier laitier qui trinque déjà beaucoup avec le prix actuel du lait, pour lequel il nous manque au minimum
60 euros des 1000 litres».

«Au bout d’un système»
La facture 2016 aurait pu être davantage salée si Rémy et Pascal Cornet avaient opté pour la culture du pois d’hiver : «nous voulions l’essayer cette année... Heureusement que nous n’avons rien fait ! Ceux qui en ont cultivé auront du mal à récolter leurs semences... Certains ont même broyé leurs parcelles tellement il n’y avait rien à récolter, c’est dire. Le pois d’hiver sera sans doute le plus gros fiasco de cette campagne». Tous les voyants sont donc au rouge dans le nord Côte d’Or. «S’il n’y avait pas eu ce problème de fécondation, je suis persuadé que nous aurions fait une moisson correcte» confie l’exploitant, pointant du doigt les caprices à répétition de la météo et les limites de la rotation traditionnelle colza-blé-orge. Rémy Cornet reste convaincu que les systèmes polyculture-élevages sont les mieux parés pour faire face aux difficultés : «sans élevage, cela me parait compliqué. L’apport de matière organique permis par le fumier est un atout indéniable et un atelier animal ouvre des portes à d’autres cultures, même si celles-ci sont mises à mal ces temps-ci. Nous ferions bien de la luzerne si les vaches rapportaient un peu plus... On en revient toujours au même point. J’espère comme tout le monde que les prix remonteront rapidement et que la météo sera plus clémente les prochaines années».

Rendez-vous à La Barotte
Membres de l’équipe des Jeunes agriculteurs de Châtillon/Laignes/Montigny, Rémy et Pascal Cornet invitent les exploitants et le grand public à se rendre dimanche 21 août à la fête départementale qui aura lieu sur le site du lycée La Barotte: «nous espérons avoir le beau temps et recevoir un maximum de visiteurs pour passer un moment des plus agréable. L’objectif est de faire aussi bien sinon mieux qu’en 2013. Le contexte agricole est loin d’être favorable mais cela ne va pas nous empêcher de communiquer sur les métiers agricole et de mettre le focus sur notre beau territoire du Châtillonnais. L’animation principale de la journée sera un manche du championnat de France de tracteur pulling : un rendez-vous exceptionnel pour les amateurs de sports mécaniques».