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FDSEA 89

Grogne et colère au menu du Conseil de rentrée

Dans un contexte économique difficile, la grogne envahit les campagnes, face aux nouvelles mesures environnementales. Un sujet longuement évoqué par les administrateurs de la FDSEA de l’Yonne au Conseil de rentrée du 23 septembre dernier.

Par Dominique Bernerd
Grogne et colère au menu  du Conseil de rentrée
Mobilisation pour protester contre les BAC classés grenelle, comme ici, le long de l’ancienne RN6, avec des adhérents du canton de Coulanges la Vineuse, producteurs à Jussy

«C’est une condamnation à grands traits de l’élevage qui s’annonce. Merci l’administration ! Merci les politiques ! Merci l’Europe !...» Face à la mesure annoncée concernant la nouvelle mise aux normes des bâtiments d’élevage dans le cadre de la Directive nitrates, le président de la FDSEA de l’Yonne est catégorique : «les éleveurs ont jusqu’à fin octobre pour s’engager à réaliser la mise aux normes, mais nous demandons à nos adhérents de ne pas le faire sans un accompagnement financier clair et défini de la part de l’administration… !» Rappelant le contexte national marqué par une tension économique dans les exploitations et une colère paysanne qui ne fait que grandir, Francis Letellier appelle à «l’instauration d’un moratoire sur le 5ème programme zones vulnérables, en attendant des bases scientifiques précisant les choses sur cette règle des 18 mg et faire remonter le tout à Bruxelles…» Le sentiment de «ras le bol» face à la réglementation environnementale semble se généraliser dans les campagnes et le président de l’instance syndicale départementale s’en émeut : «lorsqu’un État pond des lois à propos desquelles le citoyen est amené quasiment tous les matins à être en infraction, c’est que quelque chose ne va pas…».

 

Vers un socle assurantiel commun

Les évènements climatiques se succèdent au fil des années et face au problème, tous les acteurs reconnaissent que le système assurantiel actuel, ne correspond plus aux attentes de la profession. Président de l’établissement Yonne de Groupama Paris Val de Loire, Philippe Renoux, accompagné de l’expert Jean-Luc Sonnois, étaient les invités de ce Conseil, afin de faire le point sur les évolutions à attendre en la matière. Le récent phénomène de germination a généré 1054 déclarations sur la zone géographique de Groupama VDL, dont plus d’un tiers pour le seul département de l’Yonne. Sur ces 371 dossiers seulement 13 ont donné droit à une indemnisation, compte tenu du système ne prenant en compte que la seule perte de rendement et non de valeur. L’esquisse d’un nouveau système est en cours, mais le président Renoux se veut prudent et n’entrevoit pas une mise en pratique avant 2017 : «le but serait de créer un socle assurantiel à minima, commun à tous les assureurs, qui couvrirait les coûts de production. Complété d’un contrat propre à chacun et concurrentiel, pour tout ce qui est au dessus de ce coût de production. La perte de qualité n’étant toujours pas prise en compte dans le socle commun…» Nombreuses remarques dans l’assistance, pour tenter de définir ce que l’on entend par «coûts de production», en sachant que ce ne sera en aucun cas des charges de structure, mais bien des charges opérationnelles. L’assurance revenu, reconnaît Philippe Renoux, «est un rêve pour beaucoup d’entre nous…» Et le rêve n’est pas prêt de devenir réalité selon Jean-Luc Sonnois : «il faudrait dissocier un évènement climatique d’un accident de culture et ça, c’est pas gagné !»