« Gratter » 10 jours grâce aux drones
Semer des graines de moutarde en dérobée, avant même la moisson, c'est possible, grâce à un drone.

Il faut essayer pour voir si ça marche. C'est dans cet état d'esprit que Jérôme Gervais, conseiller à la Chambre d'agriculture, et Cyril Pautet, agriculteur à Rouvres-en-Plaine, ont organisé une démonstration de semis de moutarde d'été à l'aide d'un drone. Le rendez-vous était donné le 23 juin sur une parcelle de 10 ha d'orges d'hiver appartenant à l'exploitant concerné. Aéro Vision, une société spécialisée dans les techniques aériennes et basée à Colmar, avait fait le déplacement avec l'un de ses 17 appareils. L'exercice a été accompli assez rapidement : un drone peut emporter avec lui 10 kg de graines et semer environ trois hectares en un seul voyage. « Une fois que tout est programmé, il ne faut que cinq minutes pour semer un hectare. En pratique, après la programmation, il n'y a qu'à surveiller et remplir le drone quand celui-ci revient vers nous. Une seule personne est requise, l'agriculteur n'a pas besoin d'être présent », présente Jérôme Gervais, qui ne cache pas son impatience d'apprécier la future répartition des graines lors de la levée.
40 euros/ha
Cyril Pautet partage ses motivations à mener ce test : « J'avais vu plusieurs vidéos sur le sujet sur internet, cette idée me passait par la tête depuis un petit moment ! Avec un drone, on ne touche pas au sol, l'intervention est moins chère, le bilan carbone est plus intéressant et nous grattons plusieurs jours dans le cycle court de cette culture. Tout cela apparaît très bénéfique, nous évaluerons le résultat ». Jérôme Gervais estime à 10 jours avant la récolte la période idéale pour semer : « pour cet essai, tout ne s'est pas passé comme nous l'avions prévu. Nous avons perdu un peu de temps à cause de l'autorisation demandée par la BA102... Mais l'idée est là : en semant dix jours avant le passage de la moissonneuse, les graines pourrait profiter de la fraîcheur de la végétation. Nous gagnerions aussi autant de jours en précocité à l'automne ». Le conseiller de la Chambre ajoute un autre atout potentiel : « le drone peut aussi être une solution de secours quand il est difficile d'entrer dans la parcelle. L'an passé, c'était notamment le cas car il pleuvait tout le temps. Question tarifs, 40 euros/ha sont demandés, une somme 10 à 15% moindre qu'un passage de semoir ».
De multiples possibilités
Les drones sont de plus en plus utilisés en agriculture. Arnaud Sohler, gérant de la société Aero Vision, fait le point sur tous ses services proposés : « Nous réalisons des semis en dérobées, mais également du largage de trichogrammes, ce sont des micro-guêpes qui parasitent les oeufs de la pyrale du maïs. C'est une excellente alternative aux tracteurs et à l'utilisation d'insecticide. Très prochainement, nous utiliserons nos drones pour faire de la pulvérisation en vignoble en forte pentes (+20%). L'idée est de n'utiliser que des traitements bio et de limiter le risque d'accidents du travail ainsi que la pénibilité. Nous proposons aussi des services de cartographie comme l'estimation des dégâts de sangliers, de verses... ».