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Syndicalisme

Glyphosate: pas de retrait sans alternative viable

La France votera contre la proposition européenne de réautoriser le glyphosate pour 10 ans encore. Récit du feuilleton glyphosate de la semaine, entre les ministères parisiens et les bureaux de la FDSEA de la Nièvre.
Par FDSEA 58
Glyphosate: pas de retrait sans alternative viable
La FDSEA en anticipation sur le dossier
Dès l’annonce de Nicolas Hulot, la FDSEA et les députés Perrine Goulet et Patrice Perrot se sont mobilisés pour défendre la profession agricole jusqu’à Paris.
La FDSEA, via sa section Grandes cultures, a constituée la semaine dernière une petite délégation formée d’administrateurs FDSEA, d’élus des groupes de développement du département et d’agriculteurs venus témoigner, pour alerter les députés sur les incidences d’une éventuelle interdiction du glyphosate sur la ferme Nièvre,  en cultures et en viticulture. Objectif partagé entre la profession et les parlementaires: faire valoir les arguments de la profession agricole, entre les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique et Matignon.

Des arguments entendus en haut lieu
Perrine Goulet, membre de la Commission des Finances à l’Assemblée Nationale, avait eu l’occasion de sensibiliser le Premier Ministre à nos arguments, et ils étaient de taille ! Nombreux efforts déjà effectués par les agriculteurs sans retour de rémunération, utilisation du glyphosate en dessous des seuils autorisés,  produit homologué au niveau national et européen par les autorités de santé, absence d’alternatives viables et au même coût....
Les arguments ont été entendus en haut lieu (en particulier l’absence d’alternative) et alimentent maintenant une bataille entre le ministère de l’Agriculture et celui de la Transition écologique, Nicolas Hulot semblant prendre l’ascendant sur Monsieur Travert....

«Pas de sur-transposition»
La FDSEA s’est fait confirmer, de la bouche des deux députés, qu’il n’y «aurait pas de sur-transposition», dans le cas où l’Union Européenne renouvellerait l’autorisation du glyphosate. C’est donc le scénario d’un retrait progressif qui semble privilégié: mais à quelles conditions? Avec quel calendrier?

Les efforts de la profession
La délégation FDSEA a mis en avant les nombreux efforts déjà entrepris par les agriculteurs en termes de réduction d’intrants.  La profession, au travers des groupes de développement pour ne citer qu’eux, est mobilisée depuis des années dans les champs pour tester les alternatives, analyser les conditions de réussite de telle ou telle solution mécanique ou chimique. Les cycles végétaux et le tempo des expérimentations ne se calquent pas sur les effets d’annonce politiques. Le processus d’appropriation de nouvelles techniques est long, lui aussi.
La délégation FDSEA a aussi pu prouver, chiffres à l’appui, quelques unes des améliorations  agronomiques et environnementales permises par le glyphosate, notamment en Techniques Culturales Simplifiées et chez tous ceux qui labourent moins aujourd’hui. Guy Robail, agriculteur à Chateauneuf Val de Bargis, a ainsi pu calculer que sur les parcelles non labourées, et en utilisant du glyphosate bien en dessous des seuils autorisés, il a pu augmenter de près de 30% le volume de CO2 stocké depuis 10 ans.

États Généraux de l’Alimentation (EGA)
Le rendez-vous a aussi été l’occasion d’aborder l’organisation des Etats Généraux de l’Alimentation dans le département.
La FDSEA a tenu à préciser que la priorité absolue des Etats Généraux était la rémunération des producteurs, le retour de la valeur ajoutée aux producteurs, plutôt que la remise en cause du modèle agricole. Benoît Mathé a ainsi expliqué que «notre agriculture produit d’ores et déjà une alimentation saine, sûre et durable; ce qu’il faut c’est questionner le consommateur sur ses choix et son budget alimentaires, car la qualité, toutes productions confondues, a un coût. On ne peut pas vouloir la meilleure qualité et en même temps les prix les plus bas».

L’analyse de Didier Guyon, président de la section Grandes Cultures

«Jusqu’où la peur d’un produit pourtant homologué aveuglera-t-elle certains consommateurs et nos décideurs politiques? L’action publique réclame analyse, réflexion, rationalité. C’est un exercice de séduction démagogique auquel le gouvernement se livre, au détriment de toute une profession, qui depuis des années fait la preuve de sa rigueur professionnelle, en termes d’évolution de pratiques, de qualité de l’eau, de réduction des intrants, de pratiques culturales plus respectueuses de l’environnement.... Le glyphosate ne dispose aujourd’hui d’aucune autre alternative, chimique, biologique ou mécanique aussi efficace et au même coût.
Les évolutions vers plus de mieux-disant environnemental, entreprises par les agriculteurs, se sont souvent faites au détriment d’un confort de travail, et sans jamais aucun retour en termes de revenu. L’enjeu, au-delà de la disparition d’un énième moyen de production, est donc celui de la rémunération de cet effort d’adaptation, de la rémunération du travail des producteurs qui chaque jour font évoluer leurs pratiques. L’agriculture française est la plus vertueuse de toute l’Europe, d’un point de vue environnemental, sanitaire, de traçabilité..... et le mérite en revient aux agriculteurs et agricultrices. Cette excellence, fruit du travail de nos agriculteurs, n’est nullement rémunérée.
La question centrale qui doit animer les Etats Généraux de l’Alimentation est bien celle de retour juste de valeur au producteur, dans un contexte de marchés mondiaux mais de contraintes environnementales, fiscales et sociales nationales. Les agriculteurs n’ont pas à subir la double peine: prendre de plein fouet les fluctuations et les niveau des prix mondiaux et d’un autre côté s’ajuster à des réglementations plus contraignantes que nos voisins européens».