Accès au contenu
Polyculture-élevage

«Gagner en autonomie protéique»

Des agriculteurs de Saulieu et Liernais suivent une formation pour baisser les charges alimentaires de leur exploitation.
Par Aurélien Genest
«Gagner en autonomie protéique»
Des visites sont effectuées sur plusieurs parcelles. Ici, un mélange ray-grass/trèfle violet de Michel Bureau à Saulieu.
Ils avancent ensemble depuis bientôt cinq ans. Cette fois-ci, à l’initiative des JA, les membres du groupe de développement de Saulieu-Liernais ont entamé une formation intitulée «Bien choisir les espèces à implanter pour gagner en autonomie protéique». Après une première session en salle au mois de mars, les agriculteurs se sont réunis le 7 mai pour une visite de leurs parcelles implantées en protéagineux et légumineuses. «Nous échangeons nos idées, chacun fait part de ses expériences, bonnes ou mauvaises, le but est de s’améliorer. C’est plus facile à dire qu’à réaliser mais nous voulons faire baisser nos charges» indique Michel Bureau, agriculteur à Saulieu, visiblement bien calé en chiffres: «depuis deux ans, ces charges ont augmenté de 18%. Dans le même temps, la viande a baissé de 43% et le prix au consommateur a connu une hausse de 11%. Il  faut absolument trouver des solutions».

Cap sur les meilleures variétés
Cette nouvelle formation s’intéresse aux protéines. Étienne Bourge, président du canton JA et éleveur à Villargoix, indique que la session a été ouverte «à tous les agriculteurs du secteur» et pas uniquement au groupe JA : «La problématique est la même pour tout le monde, les revenus baissent et l’autonomie alimentaire apparaît comme un intéressant levier. Nous nous sommes concentrés sur les protéines car elles représentent une part importante des dépenses. Si l’on peut incorporer notre propre production dans les rations, cela peut générer des économies non négligeables, tout en prenant en compte les grandes lignes de la Pac».
Étienne Bourge rappelle la complexité du secteur sud Auxois et Morvan avec des caractéristiques climatiques et pédologiques bien particulières: «il y a notamment le risque de gel et nous ne pouvons pas implanter n’importe quoi, d’où l’idée de faire des essais tous ensemble. Cette démarche n’est pas évidente car les années se suivent mais ne se ressemblent pas avec les aléas climatiques, mais je pense qu’il y aura des résultats au moins à moyen-terme». Michel Bureau cite plusieurs exemples de cultures déjà testées comme le pois ou divers  mélanges comme le ray-grass/luzerne, le pois/vesce/triticale/avoine ou encore le pois/vesce/seigle.

Tests sur la luzerne
Philippe Bolatre, à Liernais, s’est lancé pour la première fois en luzerne et proposait la visite de sa parcelle : «C’est un essai sur une toute petite surface, soit une soixantaine d’ares. La culture présente aujourd’hui un bel aspect, je ferai un bilan après les coupes mais elle a l’air plutôt bien partie».
Pierre Robin, technicien grandes cultures de la Chambre d’agriculture, confirmait les belles promesses de cette parcelle et invitait les agriculteurs à effectuer des tests pour «se faire la main»: «la luzerne revient un peu à la mode dans le coin. Elle était bien présente dans les anciens systèmes agraires mais sa pratique s’est un peu perdue devant la bonne productivité de l’association trèfle/ray-grass. Si l’agriculteur fait le bon choix dans sa variété et assure une bonne fertilisation calcique, il n’y a pas de risque particulier à en faire ici, dans le Morvan, même si la conduite reste assez technique».

La formation se poursuit
Julia Sagetat, dans le village de Sussey, opte pour le pois protéagineux avec son père depuis de nombreuses années : «Nous en faisons sur quatre hectares. Cette culture dépend beaucoup de la météo, c’est la raison pour laquelle nous n’en faisons pas davantage. Cette formation devrait me permettre d’avancer dans ma réflexion pour tester une nouvelle culture ou un nouveau mélange.  Nous avons des prairies temporaires à re-semer. Je tiendrai également compte de ce qu’indique la Pac». L’après-midi de cette visite était dédiée au rationnement des animaux, exposé proposé par Aurore Gérard et Vincent Doal de la Chambre d’agriculture. Cinq jours plus tard, mardi 12 mai, les agriculteurs de Saulieu et Liernais «remettaient ça» avec un rendez-vous dédié cette fois-ci aux charges de mécanisation. Jérémie Nobs, conseiller à l’antenne Côte d’Or de la Fédération Cuma de Bourgogne, assurait la présentation aux agriculteurs une nouvelle fois très intéressés. «Se rencontrer, échanger, se former et s’informer lors de journées construites autour de demandes et de problématiques spécifiques, tels sont les objectifs des groupes de développement» rappelle Aurore Gérard, conseillère de développement, qui invite les agriculteurs à la contacter au 03 80 90 68 72.