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Conseil Général

Fin de mandat

Parmi les nombreux élus à ne pas se représenter aux élections départementales à l’issue de leur mandat, Michel Courtois, Jean Massé et Jacques Baloup, tous trois élus en 2008 et issus du monde agricole
Par Propos recueillis par Dominique bernerd
Fin de mandat
Michel Courtois, élu depuis 2008 conseiller général du canton de Charny et président jusqu’alors, de la Commission Agriculture, environnement et cadre de vie.
C’ est peu de dire que le Conseil général va connaître un profond bouleversement à l’issue des prochaines élections, puisque la moitié des 42 élus ont fait le choix, pour des raisons diverses, de ne pas se représenter. Parmi lesquels Michel Courtois, ancien éleveur laitier et président depuis le début de son mandat, en 2008, de la 6e Commission «Agriculture, environnement et cadre de vie». Retour sur ces sept années passées au service de la collectivité.

- Comment décide t-on un jour, de se présenter aux élections cantonales ?
Michel Courtois : «Je venais de prendre ma retraite, ma fille et mon fils étaient prêts à ce que je leur transmette l’exploitation et puis à l’époque, la présidence de la Communauté de communes était quand même moins chronophage qu’aujourd’hui…»

- Pas trop difficile de concilier ces différents mandats ?
«Les journées sont parfois très longues mais éleveur laitier, se lever tôt, j’ai fait ça toute ma vie. Le plus difficile c’était d’être encore opérationnel au delà de 21 h, à l’heure des réunions. Mais en fait, ces trois fonctions sont complémentaires et à l’époque où le Conseil général aidait bien les collectivités, c’était extrêmement intéressant de suivre le mouvement. Et puis le binôme Maire et Conseiller, c’est un minimum, je le vois bien avec certains collègues non élus dans leur commune et déconnectés de toutes les affaires du quotidien…»

- Votre élection aura été l’occasion de découvrir le Conseil général de l’intérieur : des choses vous ont surpris ?
«De voir à quelle point c’est une grosse entreprise et une machine de travail énorme. J’ai particulièrement apprécié les différents directeurs avec qui j’ai pu travailler. On ne voit souvent que la face visible des choses, eux, c’est plutôt la face cachée. Ce que je regrettais parfois, c’est la lenteur à laquelle certaines choses se mettaient en place, du fait de freins politiques au départ, mais aussi parfois de la lourdeur de la machine administrative, qui met quand même et encore, quand tout va bien, un an a minima pour lancer un dossier… J’ai été surpris également par la politisation des positions. On ne connaît pas ça encore, même si on y vient, à la CC, encore moins au conseil municipal, où c’est avant tout une histoire de personnes».

- Ce dont vous êtes particulièrement fiers, après avoir exercé sept ans durant la présidence de la Commission agriculture et environnement ?
«D’avoir fait adopter la taxe sur l’environnement, qui nous a donné des moyens d’intervention supplémentaires en ce domaine, comme par exemple, la protection des zones humides, certaines réserves, comme Bas Rebourseau ou encore les marais d’Andryes. Faisant adopter également de subventionner des projets apportés par les associations environnementales plutôt que de subventionner leurs frais de fonctionnement. Je suis satisfait aussi, d’avoir pu rapprocher le Conseil général de l’Agence de l’Eau, ce qui n’était pas le cas lorsque je suis arrivé, il y avait une réelle fracture…»

- En la matière, ce n’était pas difficile parfois de concilier ces choses avec les intérêts du monde agricole ?
«J’ai toujours conservé d’excellents rapports, que ce soit avec la FDSEA ou la Chambre d’agriculture et toujours discuté de ces sujets de façon à ne pas être en contradiction. On doit protéger, mais de façon intelligente. En l’occurrence, tous ces endroits, on n’y gelait pas des terres, puisque ce n’était pas cultivable. Les marais d’Andryes, on avait bien essayé de les assécher pour y faire du maïs, mais ça n’a jamais marché et on va les remettre en eau. Où cela aura été plus délicat, c’est avec l’entretien des rivières, où certains ne l’envisagent qu’à travers des pelleteuses, mais aujourd’hui, on ne peut plus !»

- Quelques regrets, à l’issue de votre mandat ?
«Celui de ne pas avoir réussi à finaliser le système de circuits courts que l’on est en train de mettre en place et qui se développe doucement. Aujourd’hui, sept collèges sont impliqués et d’autres se disent intéressés, le problème étant de pouvoir garantir de manière linéaire et durable l’approvisionnement des restaurants scolaires. Il faut que ça prenne une dimension supérieure, d’autant que ce pourrait être une manière de diversification pour des agriculteurs nouvellement installés, sur de petites structures. Mais il est vrai qu’à mes yeux, ça ne marche jamais assez vite… ! » (ndlr : rires)

- Seulement 8 agriculteurs sur les 180 candidats en présence pour ces élections départementales : un chiffre qui vous interpelle ?
«Qui m’inquiète même ! Le fossé se creuse de plus en plus entre la ville et le monde rural et ce scrutin ne fera que l’amplifier. Il est vrai qu’autrefois, les cantonales servaient avant tout à aider la ruralité. Pour preuve toutes ces aides destinées aux communes de moins de 5000 habitants, mais la réforme fait que demain, ce sont les villes qui seront le plus représentées…»

- Pourquoi vous arrêter à l’issue de ce mandat ?
«Faute de pouvoir suivre la cadence, il m’aurait fallu sinon, abandonner la présidence de la Communauté de communes, où je suis à travailler sur « la commune nouvelle », un projet de fusion des 14 communes en présence, à la place de l’interco, avec au final un seul budget et un seul maire. Un sacré challenge, il y avait un choix à faire, j’ai fait celui là. Et je sais déjà qu’à l’issue des mandats qu’il me reste, ce sera terminé. J’aurai 72 ans et fait mon temps, j’ai assez longtemps dénoncé les vieilles croutes qui voulaient s‘accrocher ! Et puis ma femme ne me voyait plus que par téléphone, ça va que j’ai une épouse qui prend bien les choses…»

«Tous là pour travailler dans le bon sens…»

Elu également en 2008, Jean Massé, agriculteur à Saints en Puisaye et maire de sa commune, était en charge de l’eau et de l’assainissement au sein de la 6e Commission. Lui aussi tourne la page et ne se représente pas, mais conservera de son passage au Conseil général un souvenir heureux : «j’ai particulièrement apprécié l’ambiance avec les collègues. Chacun avec ses divergences, ses opinions politiques, mais on était tous là pour travailler dans le bon sens pour faire avancer le département. J’ai pu apprécier également le rôle des administratifs, toujours à notre disposition, pour nous aider dans notre travail…»

Parmi les actions réalisées et dont il est le plus fier, «le plan d’élimination des déchets, qui n’avait jamais été fait au niveau du département, ainsi que la mise en place de l’Espace Naturel Sensible…» Quelques regrets aussi : «comme l’arrêt d’activité du laboratoire d’analyses IDEA, dont le déficit était déjà connu en 2008 ; J’avais proposé à l’époque un laboratoire régional, mutualisé sur toute la région, avec une spécialisation par département, mais la politique s’est mêlée de tout ça…»