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Sanitaire

FCO : les résultats de l’enquête du GDS dévoilés

Suite aux nombreux cas de FCO détectés dans le département l’hiver dernier. Le GDS 58 a demandé à la fédération régionale des GDS de Bourgogne Franche-Comté de réaliser une enquête sur l’évolution de la FCO depuis plusieurs années. Après un travail approfondi sur le sujet, les résultats sont enfin dévoilés.
Par Théophile Mercier
FCO : les résultats de l’enquête du GDS dévoilés
L’enquête révèle un déficit de moins 10 000 veaux dès 2018
C’est une enquête qui va servir de référence pour les années à venir. Afin de répondre aux questions des éleveurs de la Nièvre confrontés l’hiver dernier à des cas très importants de FCO, le GDS 58 a voulu connaître l’ampleur du phénomène afin d’en évaluer l’impact. Il s’agissait avant tout de comprendre ses effets cliniques spectaculaires qui se sont manifestés en grande partie par des veaux anormaux sur le début de saison 2018-2019. Le GDS 58 avait dans un premier temps réalisé une enquête rapide auprès de ses adhérents et des vétérinaires pour alerter l’administration et les services sanitaires sur l’ampleur de la situation. Ces derniers avaient alors estimé que l’échantillon observé n’était pas assez représentatif pour généraliser le phénomène à l’ensemble du département. Rodolphe Morizot, directeur du GDS 58 a donc fait appel à Étienne Petit, vétérinaire conseil et directeur de GDS BFC. Les données observées proviennent de la base de données nationale d’identification.

Un déficit de plus de 10 000 naissances dès 2018
1 851 élevages actifs ayant au moins 10 femelles de plus de 30 mois au 1er juillet 2018 et ayant eu au moins 1 vêlage sur la campagne 2017-2018 ont ainsi été étudiés. La période d’étude s’est étalée du 1er juillet 2018 au 31 mars 2019. La méthode consistait à comparer, élevage par élevage, d’une part les naissances attendues en réalisant une projection à partir des 5 années antérieures par rapport aux naissances observées sur la période équivalente et d’autre part les mortalités néonatales attendues aux naissances par rapport aux mortalités observées. Cela conduisait à pas moins de 460 indicateurs par élevage. Sur cette population, entre 2013 et 2017, les naissances sur une campagne arrêtée au 31 mars ont progressé environ de 109 000 à 120 000 naissances. Mais ce nombre a commencé à régresser dès 2018 et 2019 pour revenir à 109 000, pour une valeur attendue de 120 000, soit 11 000 naissances de moins en 2018 et en 2019. Parallèlement, le nombre de morts en période néonatale (moins de 30 jours) sur la période d’étude a régressé de 8 000 têtes en 2016 à 6 500 têtes en 2017-2018 et a légèrement augmenté en 2018-2019. Ce n’est donc pas le nombre de morts qui a été spectaculaire mais les causes de mortalités (anomalies congénitales) et paradoxalement le déficit important de naissances (10 % des naissances) déjà présent en 2017-2018 et renouvelé en 2018-2019 n’a pas provoqué un ressenti aussi vif.
Pourtant plus de 75 % des élevages ont eu moins de veaux présents qu’attendus. Lorsqu’on zoome plus précisément, c’est le mois de décembre 2018 qui a été le plus impacté au niveau des naissances. Le mois de décembre 2017 avait été également encore plus impacté, mais avait connu un léger rattrapage en mars 2018. Pour 2019, l’évaluation n’a pas été faite, puisque les données étaient arrêtées au 31 mars.

Aucun canton n’a été épargné, mais l’ouest du département a été plus touché
Géographiquement le phénomène a touché toute la Nièvre mais c’est au nord-ouest où les enlèvements de veaux ont été le plus importants que le rapport observés/attendus dépassait 110 % dans les cantons de Pouilly-sur-Loire, Donzy, Premery et la Charité. Les déficits de naissance ont été plus importants dans les cantons du sud-ouest (Saint Pierre le Moutier, Decize, Saint Bénin d’Azy…) Ces enlèvements ont été particulièrement marqués en janvier et février. Au moment de conclure son enquête Étienne Petit ne pouvait pas précisément expliquer l’origine des déficits de naissances et des surmortalités des veaux à la naissance. Certaines malformations congénitales sont assez spécifiques de la FCO mais d’autres facteurs peuvent intervenir dans ce phénomène, notamment les effets de la sécheresse, et de la maladie de Schmallenberg présente également dans le département.

Des pistes de réflexion
Cette enquête aura mis en évidence la nécessité de la vaccination notamment sur le troupeau reproducteur. Bon nombre d’éleveurs se sont contentés seulement  de vacciner les animaux vendus, or ce n’est pas suffisant pour assurer une protection collective du troupeau. Étienne Petit espère aussi à travers cette enquête montrer aux autorités compétentes que la FCO n’est pas une maladie anodine. «Je pense que l’on a baissé les bras sur le sérotype 8 à l’origine de cette maladie. Cette dernière est pourtant classée en catégorie 1 et elle est donc à ce titre de la responsabilité de l’État. Il serait utile d’interroger l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur la pertinence de la stratégie adoptée en France par rapport aux autres pays européens. Il faudrait en effet évaluer le coût actuel de la maladie en termes de perte d’animaux, de coûts d’export et de mettre en face les coûts et les bénéfices d’une stratégie qui viserait à retrouver le statut indemne perdu en 2015» conclut Étienne Petit.