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Aides du deuxième pilier

« Faites du bio et des Maec qu’ils nous disaient ! »

Alors que cette campagne 2018 se termine, les paiements de la Pac 2016 se soldent seulement en ce moment pour certaines exploitations. La FDSEA n’a de cesse de condamner ces retards.
Par Hélène Dapvril, Référente bio FDSEA89
« Faites du bio et des Maec qu’ils nous disaient ! »
Hélène Dapvril exploitante en polyculture-élevage bio avec son époux à Champignelles.
Vous ne pouvez pas le louper en ce moment tous les politiques nous disent de nous convertir en bio pour mieux vivre, pour mieux coller aux attentes de la société. En bio, j’y suis depuis 2003, c’est un choix que nous avons fait avec mon mari, à une époque où la bio n’avait pas autant le vent en poupe comme aujourd’hui. C’était notre pari sur l’avenir !
Mais quand je vois que je viens de percevoir mes aides bios 2016 seulement vendredi dernier, avec donc 2 ans de retard, je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il y a là une grosse incohérence. Sans parler de l’aide au maintien qui a été remise en cause pour financer les conversions. Il y a eu un sacré micmac entre les plafonnements annoncés au départ, puis drastiquement baissés et enfin l’annonce de déplafonnement pour les zones à enjeux eau, avec parfois plusieurs zonages et plusieurs plafonds sur une même exploitation, une vache n’y retrouverait pas son veau !

Changement des règles du jeu
Alors bien sûr cette campagne Pac a été une gabegie dès le lancement, et ce pour tous les agriculteurs, mais quand un paysan s’engage dans une démarche environnementale que ce soit la bio ou une Maec, il est en droit de connaître à l’avance les règles du jeu. Ça n’a pas été le cas ! Quel arbitre oserait changer les règles encours de partie ? À l’exemple de l’aide aux légumineuses fourragères vendue comme une vraie solution pour les éleveurs. Ils les ont implantées en pensant toucher une aide et hop d’un coup les mélanges graminées-légumineuses ne sont plus éligibles. Ce changement d’aide me coûte aujourd’hui plus cher que la baisse des aides bio, par ce qu’une prairie temporaire s’implante pour plusieurs années.
Les agriculteurs engagés dans une MAEC ont connu les mêmes déboires que nous en bio avec des paiements sans cesse repoussés aux calendes grecques, toujours à cause de l’informatique.
Et pendant ce temps-là ces agriculteurs ont respecté des cahiers des charges contraignants sans la moindre considération des services publics. En 2016, les récoltes ont été plus que décevantes, voire catastrophiques en bio. On aurait pu espérer un geste de l’État pour accélérer les paiements mais non !

Faire entendre sa voix
En 2017, le gouvernement a annoncé qu’il fallait reprendre une partie du 1er pilier de tous pour pouvoir payer les aides bios, les MAEC et l’ICHN, les financements avaient été mal budgétisés. Une telle aberration ne devrait pas se produire. Lors d’une conversion ou d’un engagement en MAEC, nos pratiques sont engagées sur le long terme, nous sommes en droit d’attendre de la lisibilité et un financement à la hauteur des efforts consentis.
Nous avons signé un contrat avec les services publics, nous attendons qu’ils respectent leur part !
Si je m’engage aujourd’hui à la FDSEA c’est pour faire entendre notre voix, parce que la FNSEA appuie les agriculteurs bios depuis 1998 et que le réseau s’est mobilisé fortement pour que nos aides soient versées en temps en heure.
L’État doit créer des fonds s’il veut convertir plus de surfaces en agriculture biologique. Personne n’a rien à gagner dans l’opposition des systèmes et ça JA + FNSEA l’ont bien compris.
C’est toute la Pac 2015-2020 qui a été mal mise en musique et nous devons nous mobiliser ensemble pour éviter un nouveau désastre lors de la prochaine programmation.