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Luzerne

Faire un choix adapté

Le 17 avril à Corbigny, sur l'impulsion du GIEE Bio Logic 58, la Chambre d'agriculture de la Nièvre organisait une formation sur la luzerne.

Par Chloé Monget
Faire un choix adapté
La formation dédiée à la luzerne s'est déroulée à Corbigny le 17 avril.

Durant l'assemblée générale du GIEE Bio Logic 58 (1), les membres avaient émis le besoin d'obtenir des informations dédiées à l'implantation de la luzerne. Suite à cela, la Chambre d'agriculture de la Nièvre – accompagnant le GIEE Bio Logic 58 – a proposé une formation sur le thème « la luzerne sous toutes les coutures » à Corbigny, le 17 avril. Animé par Stéphane David, formateur chez Semae, le déroulé de la formation fut interactif, avec l'utilisation de questionnaires sur application mobile notamment sur les attentes des agriculteurs et leurs problématiques spécifiques. Les échanges furent également nourris tout au long de la journée, avec de nombreuses questions exprimées par les participants ; manifestant un véritable désir d'en savoir plus.

Plus précisément, les objectifs de la formation étaient d'être capable de choisir les espèces de légumineuses adaptées aux besoins et spécifiquement pour la luzerne de raisonner les itinéraires techniques à mettre en œuvre du semis à la récolte ainsi que d'identifier et caractériser les bénéfices attendus de la luzerne au niveau agronomique et économique. Entre la recherche de qualité ou encore le pouvoir couvrant de la luzerne, les agriculteurs ont donc pointé leurs objectifs avant de préciser que l'implantation pouvait être complexe dans certains secteurs. Stéphane David stipule alors : « certaines espèces et variétés seront plus propices aux terrains hydromorphes (trèfle hybride, trèfle de micheli), et d'autres résisteront mieux aux sécheresses et stress hydriques (sainfoin, minette, luzerne) ». Il ajoute : « Dans tous les cas, chacun à sa référence d'un semis bien fait, il faut donc remettre votre réalité de terrain au centre du problème ».

Cibler, anticiper, décider

Pour la luzerne, Stéphane David alerte : « Vous pouvez laisser la luzernière 3 à 5 ans avant sa destruction, mais prenez garde à bien attendre 6 ans dans votre rotation avant de réimplanter de la luzerne sur la parcelle afin de limiter la pression des maladies. De plus, la luzerne a des propriétés allélopathiques pour elle – même qui empêche sa germination ». Dans l'optique de réussir les semis, Stéphane David pointe : « une certaine profondeur de sol est nécessaire au développement du système racinaire de la plante. Effectivement, plus son chevelu racinaire peut s'enfoncer dans le sol, plus elle sera résistante à la sécheresse. Pour rappel, son chevelu peut s'enraciner jusqu'à 4 m sous terre. Pour que cet enracinement profond soit possible, il faut de la porosité ; dépendant donc de la compaction de votre sol. Connaître vos horizons pédologiques de vos parcelles peut donc être un levier intéressant afin de cibler la parcelle la plus favorable à cette culture, et avoir une idée de comment elle s'implantera ». Il poursuit : « L'association d'automne méteil-luzerne peut être une piste, car le méteil sera systématiquement fauché tôt, permettant donc à la luzerne d'avoir un bon accès à la lumière. Par contre, il faut avoir l'utilité de faire un méteil et aussi d'avoir comme but la bonne implantation de la luzerne… l'architecture de votre couvert doit donc se réfléchir, toujours en fonction de vos objectifs ». En ce qui concerne la fertilisation, François Bonal, conseiller productions végétales référent Bio à la Chambre d'agriculture de la Nièvre, détaille : « l'apport de matière organique compostée avant l'implantation permet de mettre toutes les chances de votre côté pour une bonne levée, car la luzerne a de gros besoins en phosphore et surtout en potassium ; autant les anticiper. Toutefois, durant la culture de la luzerne, il est inutile d’apporter des engrais organiques azotés sur la luzerne au risque d’empêcher les nodosités d’être efficaces. En revanche, Les apports de soufre en sortie d’hiver sous formes de kieserite ou de patentkali renforcent la photosynthèse et la synthèse des protéines, une augmentation du rendement et de la teneur en matière azotée totale est souvent observée dans les essais ». La gestion des ravageurs fut également abordée avec un focus sur les limaces. Pour cette problématique, il détaille : « un passage de herse étrille avant le semis détruit les œufs et perturbe les chemins des limaces ». D'autres sujets furent abordés comme les chardons ou encore le rumex. Enfin, Stéphane David conclut : « Pour réussir, il faut cibler vos priorités en alliant cela avec les possibilités autorisées par votre sol et en ajustant le tout en fonction des conditions climatiques, seulement ensuite vous pouvez vous lancer ».

1. Voir notre édition 1829 du 11 avril dernier.