Faire porter l'effort sur les transports ruraux
Récemment, l'association Agro Paris Bourse a invité Dominique Bussereau, nommé à la présidence de la conférence de financement des mobilités et ancien secrétaire d’Etat aux Transports, pour traiter de l’« Aménagement du territoire et des mobilités ».

L’association Agro Paris Bourse (APB) facilite les interactions, le dialogue et les échanges d'informations entre les leaders de la filière des grains (céréales, oléagineux et produits dérivés) en organisant à Paris les Journées de Bourse internationale plusieurs fois par an. Beaudoin Delforge, président d’APB depuis trente ans, tient à ce que chaque journée allie « business » et « culture ». Aussi, programme-t-il à l’attention des centaines de participants, des conférences portant sur des sujets transversaux en liens avec leurs activités commerciales. Récemment, ils ont invité Dominique Bussereau, nommé à la présidence de la conférence de financement des mobilités et ancien secrétaire d’Etat aux Transports, pour traiter de l’« Aménagement du territoire et des mobilités ». « Il faut redéployer l’offre de transport », défend Dominique Bussereau, également ancien ministre de l’Agriculture. « En zones rurales, les contribuables et les entreprises ne veulent plus financer un réseau de transport et de logistique qui leur échappe ». « Les habitants, les agriculteurs, et les entreprises paient sans retour des taxes et des impôts aux collectivités territoriales et à l’Etat », ajoute-t-il.
Trouver des sources de financement
L’usage massif des voitures et des camions en zones rurales traduit cette absence. Autre impératif : « il faut trouver de nouvelles sources de financement en leur donnant une dimension pluriannuelle avec une vision à 40 ans, Les travaux d’équipement s’inscrivent dans un temps logistique qui n’est pas le temps politique : il ne faut pas procéder par à-coups. Les lois environnementales combattent les politiques économiques ». La fin des concessions autoroutières pourrait permettre à l’Etat de récupérer quelques milliards d’euros chaque année pour les redistribuer aux collectivités locales sous une forme qui reste à définir afin d’améliorer l’offre de transport. Du reste, les engagements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’ils induisent, imposent de relancer le ferroviaire et le navigable, délaissés depuis des dizaines d’années. La remise en état des lignes capillaires, construites pour relier des coopératives céréalières et des entreprises au réseau ferroviaire national, doit être associée à la réouverture de lignes de trains voyageurs, avec des engagements de trafics significatifs. Elles desserviront ainsi des petites localités en retrait des grands axes routiers. Les Régions et la SNCF ne peuvent pas prendre, seules, à leurs charges, les travaux nécessaires. De même, l’aménagement de voies navigables ou l’ouverture de grands canaux, comme le canal Seine-Nord-Europe, doivent accueillir de grandes aires de stockage pour financer et rentabiliser les infrastructures nécessaires. Dans les villages, les agriculteurs et les ruraux dans leur ensemble, déplorent la dégradation des chemins communaux et des routes départementales. Mais comme les départements consacrent une part de plus en plus importante pour financer leurs actions sociales, ils n’ont plus les moyens d’entretenir la voierie. Pour leur part, les communes voient leurs dotations se réduire. Enfin, les collectivités locales et les entreprises des travaux publics manquent de moyens humains et de compétences pour entretenir et moderniser les réseaux routiers et ferroviaires. Les métiers de la voierie ne sont pas attractifs auprès des jeunes.