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CER France BFC

Faire face et s’adapter

Cadres et collaborateurs des entreprises et organisations partenaires de l’agriculture étaient conviés mardi 23 janvier à Saint-Apollinaire.
Par Aurélien Genest
Faire face et s’adapter
François Massuard a présenté sur les principaux systèmes en Côte-d’Or.
CER France BFC vient d’organiser sa traditionnelle réunion «partenaires» de début d’année. Exploitations céréalières, laitières et bovins viande étaient à l’ordre du jour, avec des tendances économiques présentées dans chaque système de production. Sans grande surprise, la situation financière globale des exploitations est encore «compliquée». De grands écarts de performances sont une nouvelle fois recensés entre les exploitations, issues parfois d’une même commune.

L’intérêt d’une Cuma
Face à une baisse sensible des produits et de l’EBE dans les fermes céréalières, certains équilibres financiers «sont à revoir» pour recalibrer les montants d’annuités et les prélèvements privés. François Massuard, chargé d’études à CER France BFC, a rappelé l’importance du ratio charges / produits : «Il n’est pas toujours assez pris en compte. Les exploitations les moins performantes ont un ratio charges opérationnelles / produit brut proche de 55%, quand les plus performantes ne sont qu’à 38%». François Massuard pointe également du doigt les charges de structure : «elles sont parfois très importantes, même dans des exploitations qui raisonnent très bien leurs charges opérationnelles. Je pense notamment à la mécanisation qui pèse très lourd dans certains cas. La mise en commun de moyens a fait ses preuves depuis très longtemps. Les coûts d’utilisation du matériel en Cuma sont très intéressants et permettent de réaliser de sérieuses économies. Il faut saisir les opportunités quand elles se présentent. Il y a encore les projets d’investissement dans des moissonneuse-batteuse neuves pour des surfaces de 150 hectares: ce n’est, bien sûr, pas du tout recommandé».

Se différencier en lait
D’importants écarts sont également enregistrés dans les exploitations laitières. Des audits révèlent d’importants problèmes de rentabilité. Les perspectives à court terme ne sont pas favorables avec un stock de poudre qui ne cesse de s’accumuler et une production mondiale qui augmente régulièrement. «Ces éléments vont peser sur les cours dans les mois qui viennent. Nous n’avons aucune idée de l’échéance, ni de l’ampleur de ce phénomène» indique François Massuard. Lors de la réunion du 23 janvier, l’intervenant a mis l’accent sur la nécessité de bien maîtriser la notion de prix d’équilibre sur une exploitation : «en fonction du résultat, il est possible de connaître l’impact d’une future baisse du prix du lait sur la trésorerie, ce qui est primordial pour mieux appréhender les difficultés futures». Le chargé d’études récence deux positionnements «tendance» pour les éleveurs : «certains se dirigent vers une valorisation du lait en conventionnel. Ils font face à une concurrence mondiale exacerbée, la maîtrise de leurs coûts de production est plus que jamais capitale. D’autres éleveurs partent à la recherche de valeur ajoutée, il existe différentes façons pour y arriver. Le lait bio en est une, les références que nous avons démontrent une performance similaire à celle des systèmes conventionnels. Les circuits courts et toute sorte d’initiatives locales se mettent aussi en place. Il faut être très technique, avoir des réserves en trésorerie et savoir s’adapter, car il s’agit souvent de nouveaux métiers».

L’herbe n’a pas de prix
Le contexte des bovins viande a été rappelé en fin d’exposé, avec la baisse de la consommation de produits carnés et les récents évènements sanitaires. Pour ce type de système, les principaux leviers demeurent la productivité du travail et l’optimisation de l’herbe : «sur ce dernier point, l’herbe pâturée reste l’aliment qui coûte le moins cher, il y a encore des pistes à exploiter dans de nombreux cas. Le bassin allaitant est doté d’importantes ressources dans plusieurs secteurs, elles méritent sans doute d’être exploitées au maximum». Une cohérence entre les charges engagées et le produit généré est aussi essentielle selon François Massuard : «un producteur dont le ratio charges opérationnelles/ produits atteint les 50% doit se poser des questions. Dans ce cas, il y a sans doute un certain nombre de choses à optimiser sur l’exploitation».