Chambre d’agriculture 89
Faire face à la crise
Les effets de la crise une nouvelle fois au cœur des débats qui ont alimenté la dernière session de l’année à la Chambre d’agriculture de l’Yonne.
L’ampleur des pertes estimées lors de la session de septembre est désormais confirmée, avec une diminution globale de la récolte icaunaise de 45% et autant de trésorerie en moins dans les exploitations. Les rendements décevants en cultures d’automne n’ayant fait qu’amplifier le bilan catastrophe. Concernant le secteur des céréales, les volumes en baisse n’ont pas eu d’effet haussier sur les prix, avec un prix moyen de vente du blé à 125 €/tonne, bien loin de compenser la chute des rendements. Ce sera, précise le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne, Etienne Henriot, «une année difficile en terme de clôture. Le travail que mènent aujourd’hui les organismes économiques est compliqué, avec en plus des pertes liées à la production, des pertes au niveau des filières, conséquence de contrats annulés, ainsi que celles liées au travail du grain». Si le colza semble la production qui s’en sort le mieux, avec des prix payés à l’agriculteur de l’ordre de 390 €/t, le maïs a connu lui aussi des rendements catastrophiques, de l’ordre de moitié d’une année normale. En secteur laitier, si un frémissement à la hausse est annoncé au premier trimestre 2017, le prix payé au producteur reste faible, (en moyenne, 30 € de moins aux 1 000 litres qu’à fin 2015) et la volatilité des prix ne fait qu’aggraver la situation. Toujours des prix en-deçà des années précédentes, pour la filière viande bovine, notamment concernant les broutards mâles. Concernant la viticulture, les hausses de prix de l’ordre de 50% enregistrées dans le chablisien sont loin de compenser la faiblesse de la récolte. Situation encore plus catastrophique pour les vins de l’Auxerrois, où certains secteurs ont vu leur récolte entièrement détruite.
Un lieu pour rebondir et aller de l’avant
Pour certains exploitants, cela fait trois années de suite que les résultats ne sont pas au rendez-vous et les conséquences seront lourdes. L’Yonne fait partie des départements les plus touchés par la crise et se trouve dans l’œil du cyclone rappelle Etienne Henriot : «un nombre significatif d’exploitations est hélas déjà à devoir prendre des orientations décisives, face à des créanciers qui, eux aussi, dans leur ensemble, sont indirectement impactés par cette crise sans précédent». Parmi les dispositifs mis en place : la cellule Réagir 89, qui peine à recenser les agriculteurs en difficulté, avec une quarantaine de dossiers actifs depuis juillet dernier et autant de contacts : «Réagir 89 n’est pas un centre de soins palliatifs, mais bien un lieu où l’on doit trouver des solutions pour rebondir et aller de l’avant». Une nouvelle réunion de l’ensemble des partenaires de la cellule Réagir 89 se tiendra le 5 janvier prochain, mais l’urgence est bien à coordonner l’ensemble des dispositifs de soutien : «il faut une concertation entre toutes les OPA, de sorte d’apporter la meilleure solution à l’agriculteur concerné. On s’aperçoit encore aujourd’hui que certes, chacun met en place ses propres politiques, mais essayons d’être le plus efficace possible». Parmi les aides publiques apportées, celle du Conseil régional, pour un dispositif d’audit subventionné à 70%, avec un plafond à 1 500 €. Une mesure qui ne concerne que les exploitations dont la pérennité n’est pas remise en cause. Le Conseil départemental a lui aussi annoncé sa volonté de soutenir l’activité agricole, selon un schéma et des modalités restant à définir. Si les dégrèvements de taxes foncières sur le non-bâti ont porté leurs fruits, le système de zones et de taux différenciés a du mal à être accepté par les agriculteurs.
Toujours des dégâts de sangliers
Autre sujet portant à polémique : celui de la révision des zones défavorisées simples, servant à rendre éligibles certains soutiens publics comme l’ICHN, avec une nouvelle carte qui soulève de vives réactions, explique le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne : «force est de reconnaître que l’on a un peu de mal à comprendre celle nouvelle classification. Un travail de la profession a été engagé, avec pour objectif de faire rentrer à nouveau dans le dispositif, les zones qui en sont sorties et voir si on ne peut pas y intégrer certaines zones à handicaps naturels, comme les Plateaux de Bourgogne».
Sujet toujours récurrent : les dégâts de gros gibier, conséquence notamment d’effectifs de sangliers en hausse, avec par endroits, des concentrations jamais égalées. Alertée, la Chambre d’agriculture a adressé un courrier à la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Yonne, réclamant notamment un prélèvement d’animaux accru, l’interdiction de l’agrainage, ainsi qu’une délivrance de bagues sans restrictions et avec des tarifs avantageux.
La réhabilitation du bâtiment de la rue Guynemer suit son cours et le chantier avance sans retards notables, avec pour objectif une fin des travaux toujours programmée pour juin 2017. La question du financement demeure, le Conseil régional ayant précisé qu’il n’interviendrait pas, faute de dispositif approprié. Ce dont s’étonne Etienne Henriot : «c’était le cas également pour la construction du nouveau bâtiment de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, ce qui ne l’a pas empêché d’intervenir quand même». Un courrier sera adressé et une rencontre sollicitée, pour évoquer «cette incohérence qui dénote une iniquité territoriale».
Un lieu pour rebondir et aller de l’avant
Pour certains exploitants, cela fait trois années de suite que les résultats ne sont pas au rendez-vous et les conséquences seront lourdes. L’Yonne fait partie des départements les plus touchés par la crise et se trouve dans l’œil du cyclone rappelle Etienne Henriot : «un nombre significatif d’exploitations est hélas déjà à devoir prendre des orientations décisives, face à des créanciers qui, eux aussi, dans leur ensemble, sont indirectement impactés par cette crise sans précédent». Parmi les dispositifs mis en place : la cellule Réagir 89, qui peine à recenser les agriculteurs en difficulté, avec une quarantaine de dossiers actifs depuis juillet dernier et autant de contacts : «Réagir 89 n’est pas un centre de soins palliatifs, mais bien un lieu où l’on doit trouver des solutions pour rebondir et aller de l’avant». Une nouvelle réunion de l’ensemble des partenaires de la cellule Réagir 89 se tiendra le 5 janvier prochain, mais l’urgence est bien à coordonner l’ensemble des dispositifs de soutien : «il faut une concertation entre toutes les OPA, de sorte d’apporter la meilleure solution à l’agriculteur concerné. On s’aperçoit encore aujourd’hui que certes, chacun met en place ses propres politiques, mais essayons d’être le plus efficace possible». Parmi les aides publiques apportées, celle du Conseil régional, pour un dispositif d’audit subventionné à 70%, avec un plafond à 1 500 €. Une mesure qui ne concerne que les exploitations dont la pérennité n’est pas remise en cause. Le Conseil départemental a lui aussi annoncé sa volonté de soutenir l’activité agricole, selon un schéma et des modalités restant à définir. Si les dégrèvements de taxes foncières sur le non-bâti ont porté leurs fruits, le système de zones et de taux différenciés a du mal à être accepté par les agriculteurs.
Toujours des dégâts de sangliers
Autre sujet portant à polémique : celui de la révision des zones défavorisées simples, servant à rendre éligibles certains soutiens publics comme l’ICHN, avec une nouvelle carte qui soulève de vives réactions, explique le président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne : «force est de reconnaître que l’on a un peu de mal à comprendre celle nouvelle classification. Un travail de la profession a été engagé, avec pour objectif de faire rentrer à nouveau dans le dispositif, les zones qui en sont sorties et voir si on ne peut pas y intégrer certaines zones à handicaps naturels, comme les Plateaux de Bourgogne».
Sujet toujours récurrent : les dégâts de gros gibier, conséquence notamment d’effectifs de sangliers en hausse, avec par endroits, des concentrations jamais égalées. Alertée, la Chambre d’agriculture a adressé un courrier à la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Yonne, réclamant notamment un prélèvement d’animaux accru, l’interdiction de l’agrainage, ainsi qu’une délivrance de bagues sans restrictions et avec des tarifs avantageux.
La réhabilitation du bâtiment de la rue Guynemer suit son cours et le chantier avance sans retards notables, avec pour objectif une fin des travaux toujours programmée pour juin 2017. La question du financement demeure, le Conseil régional ayant précisé qu’il n’interviendrait pas, faute de dispositif approprié. Ce dont s’étonne Etienne Henriot : «c’était le cas également pour la construction du nouveau bâtiment de la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, ce qui ne l’a pas empêché d’intervenir quand même». Un courrier sera adressé et une rencontre sollicitée, pour évoquer «cette incohérence qui dénote une iniquité territoriale».
Ils ont dit…
«Il faut bien l’avouer, le traité Ceta est passé par dessus nos têtes et avance plus vite que le Tafta… Il nous faut être vigilant et j’invite chacun à bien mettre le doigt sur la problématique que cela peut engendrer pour notre agriculture et nos Etats aussi…» (Pascal Rouger)
«Une aide pour réduire notre production laitière ? Je ne sais pas si c’est ça l’avenir pour l’Yonne, mais ça m’a outré ! Aujourd’hui, j’investis dans la génétique, dans la qualité et j’arrive à avoir 25 € de plus, c’est ce qui me sauve en ce moment et je devrais vendre mes vaches…! Je pense que dans quelques années, je n’en aurai plus, c’est sur !» (Mélanie Varache)
«Je comprends que pour des jeunes, ce n’est pas le schéma dans lequel on s’inscrit quand on s’installe et souhaite se développer… Mais au niveau de la FNPL, cette aide là, cela fait 18 mois qu’on la pousse, pour réduire la production et faire que les volumes correspondent aux marchés. Parce qu’effectivement, 1% de trop et tout se casse le nez !» (Nadine Darlot)
«On a sur certains secteurs, comme Diges ou Leugny, des populations de sangliers qui n’existaient pas ces dernières années. Si aucun prélèvement n’est fait dans les prochains mois, de façon importante, on court à la catastrophe. On voit des prairies commencer à être détruites par pans entiers du fait du peu de fruits forestiers…» (Gilles Abry)
«Il faut que les pouvoirs publics nous accompagnent pour expliquer à la population que le traitement des vignes, ce n’est pas par plaisir, mais nécessaire, pour pouvoir avoir un acte de production et atteindre l’équilibre économique de l’exploitation. Si on ne peut plus traiter autour des villages, en bordure des maisons construites ces dernières années, ce seront des pans entiers de vignes qui seront abandonnés, avec toute l’activité économique que cela engendre…» (Jean-Baptiste Thibaut)
«Les efforts faits par les OPA, il y en a eu. Je pense que ce n’est pas satisfaisant, on doit aller plus loin. Je sais que les OPA aujourd’hui ont des réserves, de grosses réserves ! Et c’est en partie grâce aux paysans. Et bien tapons dedans…» (Francis Letellier)
«La fédération de chasse a demandé comme c’était la coutume, une dérogation d’agrainage sur le département tout entier…. Je considère que ce n’est pas comme ça qu’on gère la biodiversité. Et si les quotas de prélèvements dans les populations de sangliers ne sont pas réalisés, je prendrai des arrêtés de battues administratives… (Préfet Moraud)
«Une aide pour réduire notre production laitière ? Je ne sais pas si c’est ça l’avenir pour l’Yonne, mais ça m’a outré ! Aujourd’hui, j’investis dans la génétique, dans la qualité et j’arrive à avoir 25 € de plus, c’est ce qui me sauve en ce moment et je devrais vendre mes vaches…! Je pense que dans quelques années, je n’en aurai plus, c’est sur !» (Mélanie Varache)
«Je comprends que pour des jeunes, ce n’est pas le schéma dans lequel on s’inscrit quand on s’installe et souhaite se développer… Mais au niveau de la FNPL, cette aide là, cela fait 18 mois qu’on la pousse, pour réduire la production et faire que les volumes correspondent aux marchés. Parce qu’effectivement, 1% de trop et tout se casse le nez !» (Nadine Darlot)
«On a sur certains secteurs, comme Diges ou Leugny, des populations de sangliers qui n’existaient pas ces dernières années. Si aucun prélèvement n’est fait dans les prochains mois, de façon importante, on court à la catastrophe. On voit des prairies commencer à être détruites par pans entiers du fait du peu de fruits forestiers…» (Gilles Abry)
«Il faut que les pouvoirs publics nous accompagnent pour expliquer à la population que le traitement des vignes, ce n’est pas par plaisir, mais nécessaire, pour pouvoir avoir un acte de production et atteindre l’équilibre économique de l’exploitation. Si on ne peut plus traiter autour des villages, en bordure des maisons construites ces dernières années, ce seront des pans entiers de vignes qui seront abandonnés, avec toute l’activité économique que cela engendre…» (Jean-Baptiste Thibaut)
«Les efforts faits par les OPA, il y en a eu. Je pense que ce n’est pas satisfaisant, on doit aller plus loin. Je sais que les OPA aujourd’hui ont des réserves, de grosses réserves ! Et c’est en partie grâce aux paysans. Et bien tapons dedans…» (Francis Letellier)
«La fédération de chasse a demandé comme c’était la coutume, une dérogation d’agrainage sur le département tout entier…. Je considère que ce n’est pas comme ça qu’on gère la biodiversité. Et si les quotas de prélèvements dans les populations de sangliers ne sont pas réalisés, je prendrai des arrêtés de battues administratives… (Préfet Moraud)