Éternelle bataille entre prévention et extinction des « incendies »
L'assemblée générale du GDS BFC démontrait une fois de plus le rôle essentiel de ces organismes, militants d'actions préventives avant tout, mais qui doivent aussi jouer les pompiers.

Il se passe toujours quelque chose en matière de santé des animaux d'élevage ! Le 30 juin à Dijon, l'assemblée générale du Groupement de défense sanitaire (GDS) de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) se tenait au lendemain de l'annonce d'un cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un élevage de vaches laitières en Savoie. Cette maladie, qui touche uniquement les bovins, entraîne des pertes de production importantes dans les troupeaux. Pascal Martens, président du GDS BFC voit là une nouvelle source d'inquiétude, même si notre région est, pour l'instant épargnée. La situation résume la nécessité de ne jamais baisser la garde face aux pathologies qui affectent les élevages, et donc l'importance du rôle des GDS, organismes fonctionnant par et pour les éleveurs.
Être inventifs
En BFC, comme le souligne Pascal Martens, « les choses fonctionnent plutôt bien. Tous les acteurs concernés par les questions sanitaires arrivent à travailler ensemble, ils se parlent. C'est essentiel parce que si nous ne sommes pas inventifs sur nos manières de détecter les maladies, on aura besoin de beaucoup de Canadair pour éteindre les incendies à venir, liés à une mondialisation qu'on n'arrêtera pas… » C'est d'autant plus important que le GDS régional fédère des sections couvrant un large périmètre d'élevage, des bovins aux abeilles, en passant par les caprins, les ovins, les porcs, les volailles ou les poissons. Pour le président du GDS BFC, la prévention doit demeurer une préoccupation centrale des éleveurs, face à des crises sanitaires à répétition. « Les éleveurs, déplore-t-il, ont encore trop peu le réflexe de la vaccination préventive et la biosécurité est aussi trop peu adoptée. On doit s'interroger collectivement sur notre résistance au changement. » C'est encore plus vrai dans le contexte actuel où les élevages ovins et bovins de la région sont confrontés aux menaces des FCO 3 et 8 ainsi que de la MHE. Ce contexte met en évidence les questions de responsabilité individuelle et collective des éleveurs.
Effet pervers
Si on peut saluer le fait que l'État a mis en place des systèmes d'indemnisation face aux conséquences de ces pathologies, Pascal Martens y voit aussi un effet pervers : « Je déplore que le Fonds national de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) ait accepté d'indemniser, pour des éleveurs qui n'ont pas fait l'effort de prévention. C'est pareil pour la mesure M23 de la Région. J'y vois un risque de désengagement des éleveurs face à la politique nécessaire de prévention. » La question reste la même : où faut-il placer le curseur entre la prévention et l'indispensable nécessité d'éteindre les « incendies » une fois qu'ils se sont déclenchés ? Une question récurrente dans le quotidien des GDS, souligné par un constat de Vincent Lavier, président de la Chambre régionale d'agriculture de BFC : « je reste marqué par le fait que ce qui nous arrive ne sert pas de leçon pour la suite. Vacciner, c'est un des meilleurs investissements qu'on peut faire aujourd'hui en tant qu'éleveur. » En tout cas, pour Pascal Martens, la chose est claire : « On n'augmentera pas les cotisations des éleveurs qui font le job pour les 5 % qui ne le font pas. »
Tour d'horizon
Les différentes sections du GDS BFC présentes à Dijon le 30 juin ont dressé leur état des lieux sanitaire :
– section bovine : on note un fort impact des FCO 3 et 8 et de la MHE. La FCO a entraîné 10 000 morts et un déficit de 45 000 naissances. 55 000 animaux manquent à l'appel. On s'inquiète de l'émergence de la besnoitiose qui remonte du sud. On note également que l'aspect sanitaire devient un frein pour l'installation des jeunes.
– section apicole : Il y a un besoin de structuration et de montée en compétences des apiculteurs professionnels et une nécessité, pour eux, de se rapprocher des GDS. Les enjeux sanitaires sont le Varroa destructor, la loque américaine, mais aussi de nouveaux parasites qui risquent d'arriver : aethina tumida (en Italie) et tropilaelaps (en Russie). Il y a aussi le frelon à patte jaune (frelon asiatique).
– section porcine : les enjeux sanitaires portent sur la biosécurité. Il y a le risque de la fièvre porcine africaine, présente en Allemagne et Italie. Cette maladie présente une incubation longue, ce qui la rend difficilement détectable le plus tôt possible.
– section aquacole : on trouve deux maladies principales dans ce secteur : SHV et NHI qui touchent de manière importante les élevages de truites. Un Plan national d'éradication et de surveillance (PNES) est décliné en régions.
– sections caprine et ovine : en 2024, cette section s'est affirmée sur le sanitaire. L'épreuve de santé des Ovinpiades s'est déroulée en BFC. Ici, la FCO s'est traduite par 6 000 morts supplémentaires. Il y a la volonté de mettre en place de nouveaux outils de diagnostic.