Viticulture
Et soudain, tout s’est arrêté
La crise sanitaire impacte de plein fouet la filière viticole. Un professionnel côte-d’orien témoigne.

Sa dernière bouteille vendue date du 13 mars. Depuis, plus rien. « Pour ceux qui font essentiellement de la vente directe comme moi, la situation actuelle ne pardonne pas, le marché est plus qu’au ralenti », confie Benoît Lahaye, viticulteur à Pommard. L’ancien responsable des dossiers viticoles à JA BFC cite également celles et ceux qui travaillent à l’export : «les conséquences de cette crise sont importantes là aussi. Il n’y a plus ou presque plus de ventes pour eux non plus, tout est bouché. Les producteurs qui ont d’ordinaire des échanges avec les États-Unis connaissent un second frein consécutif après les taxes instaurées par Donald Trump». La fermeture de la restauration, des bars et des caveaux est une autre complication de taille pour la vente de bouteilles. «Notre zone œnotouristique démarre généralement fin mars début avril, avec une clientèle étrangère non négligeable. Tout est à l’arrêt aujourd’hui», ajoute le jeune côte-d’orien. Le travail dans les vignes est aussi touché, lui qui se destine en ce moment à l’ébourgeonnage : «les domaines doivent se réorganiser car la main-d’œuvre n’est pas toujours au rendez-vous. J’entends dire que beaucoup de travailleurs sont recherchés. Les sociétés de prestations n’ont pas autant de monde à disposition, d’autres personnes qui venaient parfois de très loin ne peuvent plus se déplacer».
Interrogations pour la suite
Les produits viticoles peuvent se conserver et ne sont bien sûr pas perdus. Mais cette situation très particulière engendre des mouvements inhabituels dans les trésoreries, à l’heure où il faut continuer de travailler sans rentrées d’argent. Benoît Lahaye doute que les consommateurs se ruent sur le vin dès la fin du confinement : «celui-ci n’est pas un produit de première nécessité et la plupart des ménages devront, je pense, se refaire sur le plan économique avant d’en acheter de nouveau. Cela risque donc de prendre un petit moment. Pour toutes ces raisons, les stocks de bouteilles risquent de s’accentuer davantage, ce sera problématique». De nombreuses questions subsistent pour la sortie de crise : «nous ne savons pas combien de temps cela va durer et dans quelles conditions reprendront la consommation, le commerce et les échanges internationaux. Si les perturbations subsistent jusqu’aux vendanges, les stocks de bouteilles s’accumuleront, alors qu’il faudra de la place dans les cuveries… La récolte pourrait être aussi impactée avec le logement, la restauration et les conditions de travail des vendangeurs. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là».
Interrogations pour la suite
Les produits viticoles peuvent se conserver et ne sont bien sûr pas perdus. Mais cette situation très particulière engendre des mouvements inhabituels dans les trésoreries, à l’heure où il faut continuer de travailler sans rentrées d’argent. Benoît Lahaye doute que les consommateurs se ruent sur le vin dès la fin du confinement : «celui-ci n’est pas un produit de première nécessité et la plupart des ménages devront, je pense, se refaire sur le plan économique avant d’en acheter de nouveau. Cela risque donc de prendre un petit moment. Pour toutes ces raisons, les stocks de bouteilles risquent de s’accentuer davantage, ce sera problématique». De nombreuses questions subsistent pour la sortie de crise : «nous ne savons pas combien de temps cela va durer et dans quelles conditions reprendront la consommation, le commerce et les échanges internationaux. Si les perturbations subsistent jusqu’aux vendanges, les stocks de bouteilles s’accumuleront, alors qu’il faudra de la place dans les cuveries… La récolte pourrait être aussi impactée avec le logement, la restauration et les conditions de travail des vendangeurs. Heureusement, nous n’en sommes pas encore là».
La Viti au ralenti
Benoît Lahaye évoque la situation au lycée viticole de Beaune, qu’il préside depuis plusieurs années : «comme dans tous les autres établissements d’enseignement, il n’y a plus d’élèves ni d’enseignants sur place. Seuls les salariés du domaine continuent le travail dans les vignes, c’est là aussi compliqué, car il faut faire appel à de la main-d’œuvre extérieure pour réaliser différents travaux. La date du 11 mai et le retour à l’école nous interrogent, nous ne savons pas encore comment organiser nos classes car toutes comptent plus de 15 élèves… À la cantine, il y a généralement 300 jeunes qui se côtoient… À l’heure où je vous parle, nous attendons encore les consignes du gouvernement. Pour préparer la rentrée de septembre, une chose est déjà calée : samedi 16 mai, l’EPLEFPA Beaune Viti Agro Campus organisera une porte ouverte à distance. Ce format original permettra de renseigner les familles sur l’orientation de leurs enfants, malgré la crise sanitaire».