Moutarde
Essais à transformer
La Chambre d’agriculture mène un travail expérimental près de Dijon. Certaines variétés présentes depuis plusieurs années pourraient être détrônées.
Le canton de Genlis aime la moutarde. Avec 1 500 hectares dédiés à cette culture, son territoire représente à lui seul 30% des surfaces semées dans la région. Ce secteur de l’Est dijonnais a été choisi par la Chambre d’agriculture de Côte d’Or pour mener des essais variétaux. Une parcelle de 12 hectares est mise à disposition par l’Earl Chadoeuf sur la commune de Fauverney. «L’idée est de trouver, pour un secteur donné, la variété la mieux adaptée, en remplissant les objectifs des agriculteurs et ceux des industriels» commente le technicien Jérôme Gervais. Espérance et Corolle, les variétés «reines» lancées respectivement en 2002 et 2008, peuvent trembler. Il est possible qu’elles se fassent prochainement dépasser dans les préférences des agriculteurs, eux qui les privilégient encore dans 70% des cas, pour un total de 3 500 hectares. «Trois variétés, qui n’ont pas encore de nom, ont donné de très bons résultats l’an passé. En cas de confirmation lors de cette campagne, elles pourraient fort logiquement rentrer au devant de la scène» note Jérôme Gervais. Si Espérance et Corolle sont des valeurs sûres en terme de qualité, ces deux variétés sont déjà dépassées sur le critère «rendement» et restent sensibles au gel, surtout Espérance. «Toute la complexité est là. La résistance au froid va souvent à l’encontre d’une bonne qualité. D’importants progrès génétiques sont réalisés dans ce domaine, mais les graines sont encore trop riches en huile. Cela donne une pâte de moutarde trop liquide et ne satisfait pas du tout les industriels» relate le technicien. En étudiant 54 variétés sur les 12 hectares de Fauverney, la Chambre d’agriculture met toutes les chances de son côté pour trouver les meilleures variétés de demain. Fin juin début juillet, les graines seront récoltées puis transmises aux industriels pour être analysées et transformées en pâte de moutarde. Trois autres plateformes de ce type existent dans la région : une en Saône-et-Loire, une dans l’Yonne et la dernière à Barges, dans le canton de Nuits-Saint-Georges.
État des lieux
Les agriculteurs ont effectué leur premier apport d’azote à la fin février. La deuxième intervention est prévue ces jours-ci. La surveillance des ravageurs est également d’actualité, comme l’annonce Jérôme Gervais : «Le charançon de la tige arrive généralement au début du printemps, dès que les températures dépassent 10°C. Nous mettons des cuvettes jaunes dans les parcelles avec du produit vaisselle à l’intérieur. Nous intervenons huit jours après la première capture, c’est le délai nécessaire aux femelles pour arriver à maturité et pondre leurs œufs dans les tiges. Ce sont les larves qui font des dégâts». L’autre menace est à mettre à l’actif des méligèthes, connues pour dévorer les boutons floraux dès la fin du mois de mars. «L’an passé avait été exceptionnellement calme et aucun dégât n’avait été déploré. Les moutardes avaient un mois d’avance et cela avait particulièrement bien aidé» rappelle Jérôme Gervais. Cette année, les cultures ont quinze jours d’avance par rapport à un calendrier plus classique. Les prochains jours permettront d’en savoir davantage sur la menace de ces ravageurs. Les cultures ont belle allure pour l’instant : «les semis ont été effectués autour du 24 septembre dans de très bonnes conditions. Les terres étaient sèches et il a plu la semaine suivante. L’automne a été doux et l’appareil végétatif s’est bien développé. L’hiver a été froid tardivement, en février, mais n’a pas causé de dégâts en Côte d’Or».