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Grandes cultures

Ensilsage de maïs : «des rendements très décevants»

Alexis Renier est polyculteur éleveur avec son frère et son père sur la commune de Charrin. Ses chantiers d’ensilage ne sont pas encore terminés mais le bilan ne fait déjà aucun doute.
Par Théophile Mercier
Ensilsage de maïs : «des rendements très décevants»
Les rendements des 12 ha de maïs non irrigués ne donneront quasiment rien.
C’est une année à oublier. Alexis Renier et son frère Léo ont débuté l’ensilage de maïs il y a quelques jours. Sur leurs 160 hectares de maïs, 60 ha sont à ensiler dont 12 ha en non irrigués. En l’absence de pluviométrie importante, ces 12 ha ne donneront quasiment rien en termes de rendements. «On peut s’apercevoir clairement qu’un pied de maïs sur deux n’a pas de poupées. Même si toute la parcelle n’est pas encore ensilée, on peut estimer les rendements de maïs non irrigué entre 3 à 4 MT/hectares. Le problème c’est que nous enregistrons une deuxième année de mauvais rendements. En 2018, nous avions eu entre 9 à 10 MT contre 14 à 15 MT en 2017, ça devient problématique. Nous allons donc avoir 20 ha de moins à vendre cette année. Pour ce qui est de l’irrigué je ne me fais pas trop de soucis, malgré les restrictions d’irrigation le week-end, nous devrions tourner autour de 18 à 20 MT» estime le polycultueur. Malgré ces aléas, ce dernier estime ne pas avoir trop de solutions pour remplacer le maïs qui rentre dans 20 % de la ration quotidienne des 350 vaches. «La seule option pour le moment est de conforter encore plus l’irrigation. C’est la raison pour laquelle, nous allons mettre en place une nouvelle conduite de près d’1 km pour avoir 20 ha de maïs irrigué en plus. J’estime aussi qu’il faudrait avoir plus d’harmonisation dans les restrictions des tours d’eau. Notre exploitation se situe sur le bassin-versant de la Loire et tous les départements concernés ne sont pas logés à la même enseigne. Seule la Nièvre conserve à jour des jours de restrictions. Pour nous, il n’y aura plus d’incidence car nous arrivons en fin de campagne d’arrosage mais il faudrait réfléchir à la question pour l’année prochaine».

«Des solutions existent aussi sur l’atelier élevage»
La sécheresse force les exploitants de la SCEA de la Baulme à revoir aussi la stratégie de l’atelier élevage. Actuellement, ils consomment environ 4 tonnes de fourrage par jour pour nourrir les bêtes. Une situation qui ne pourra pas tenir dans le temps, d’autant que l’affouragement a débuté, comme l’an passé, depuis le 1er juillet selon les lots de vaches. Pour compenser le surplus de fourrage, les deux frères réfléchissent à emblaver du ray-grass avant le maïs. «Nous allons devoir passer notre atelier élevage en extensif pour consommer moins de fourrages. Chaque année, nous avons besoin de renouveler 30 à 40 hectares pour faire pâturer nos vaches. L’autre solution c’est aussi de semer plus de prairies temporaires et faire plus de fauche précoce en ensilage pour refaire du stock» explique Alexis Renier.

Pour tenter de limiter les dégâts de cette sécheresse, les exploitants ont assuré leurs prairies contre la perte de production : «Nous préférons faire ainsi car les conséquences peuvent se faire sentir pendant cinq ans. Mais contrairement à ce qu’on peut penser ou entendre, nous ne prenons pas ces assurances pour se faire de l’argent, mais plutôt à contrecœur. Une cotisation qui nous revient à 30 €/ha, le reste est subventionné à 65 % par l’État. Les indemnités sont calculées par commune en fonction d’une production moyenne sur les cinq dernières années». Malgré tous ces aménagements, la situation inquiète ces polyculteurs éleveurs qui restent bien démunis face à la pluie qui se fait toujours attendre.