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Chambre d’agriculture

«Ensemble, construisons l’avenir»

Vincent Lavier a présenté les vœux de la profession agricole lundi soir à Dijon.
Par Aurélien Genest
«Ensemble, construisons l’avenir»
La cérémonie s’est tenue dans les locaux de la caisse régionale du Crédit Agricole. Le président de la Chambre d’agriculture reste «résolument optimiste» malgré un état des lieux 2014 particulièrement délicat.
Des difficultés, des interrogations mais aucune résiliation : telle pourrait être la synthèse des propos tenus en début de semaine par le président de la Chambre d’agriculture. Vincent Lavier espère un avenir meilleur dès cette année, après une campagne 2014 durant laquelle la ferme Côte d’Or n’aura pas dégagé de revenu (hors viticulture). «La perte globale n’est pas encore estimée mais elle est bel et bien là» rappelle d’emblée le président aux élus présents dans l’assistance, «vous allez dire qu’avec la volatilité des prix et la variabilité de la production, il y a des années à revenus élevés et, de temps en temps, il doit y avoir un retour de balancier. Mais lorsque l’on établit des moyennes sur plusieurs années, on peut être légitimement être inquiet, puisqu’entre 2009 et 2014, le revenu moyen par unité de main d’œuvre s’établit à 8 487€ pour les bovins viande, 10 328€ pour les exploitations mixtes céréales lait, 12 408€ pour les exploitations grandes cultures plateau et 22 605€ pour les exploitations grandes cultures plaine». En se fixant un revenu de 1,5 Smic comme objectif, «il faut alors dégager 20 300€ chaque année, revenu que seules les exploitations de grandes cultures plaine réussissent à atteindre, en moyenne».

Les limites d’un système
Ce constat interpelle le responsable côte d’orien. Celui-ci s’interroge tout d’abord sur la spécialisation des exploitations  : «historiquement, il y a avait beaucoup plus de mixité entre les productions animales et végétales, alors que la restructuration engagée ces dernières années s’est accompagnée d’une spécialisation que l’on observe facilement lorsque l’on traverse le département. Probablement que la spécialisation réduit la résilience. Néanmoins, nous avons pu constater, que les systèmes mixtes grandes cultures lait n’obtenaient pas de meilleures performances économiques». Vincent Lavier s’interroge également sur l’agrandissement des exploitations : «engagé très tôt dans les zones à plus faibles potentiels, il nous a paru, pendant longtemps, être la meilleure réponse à cette problématique de rentabilité. Aujourd’hui, on s’aperçoit que ce n’est pas suffisant, les économies d’échelle n’étant pas systématiques».
La volonté de ne pas être «esclave sur son exploitation» ou de vouloir assurer la meilleure maîtrise technique de son système a pu «engendrer des investissements importants qui pèsent à la fois sur la rentabilité économique des exploitations et leur trésorerie». Dans les zones les plus arides, certains agriculteurs «se demandent s’il ne faudrait pas cesser de cultiver les parcelles à plus faible productivité» dont l’intérêt agricole «s’amenuise année après année» avec l’accroissement global des charges de production : «entre 2006 et 2013, celles-ci ont augmenté de 41%. Quand il fallait 52 quintaux par hectare de blé pour couvrir les charges en 2006, il en faut 74 en 2013, et nous savons tous que pendant cette période, les rendements n’ont pas augmenté».

Réforme de la Pac
Parmi les différents points évoqués sur la prochaine Politique agricole commune, Vincent Lavier s’est arrêté sur l’IFT de référence initialement proposé dans le dispositif : «il était largement inférieur à la réalité des exploitations. Il aurait fallu réduire les désherbage de 50% en l’espace de cinq ans, autant dire que c’était mission impossible. Au terme d’un intense travail d’expertise et de lobbying auprès du ministère, nous avons réussi à faire accepter l’idée que les référence issues des enquêtes officielles n’étaient pas conformes à la réalité des exploitations et qu’il nous fallait tous ensemble faire bouger les lignes de manière objective afin que les agriculteurs puissent contracter la mesure, du moins ceux qui le souhaitent. Sur ce dossier, la Côte d’Or est une nouvelle fois en première ligne tout comme elle l’avait été lors de la mise en place de la MAE rotationnelle».

Rendez-vous à Bretenière
Le plan Ecophyto figurait lui aussi dans le discours du président : «du point de vue des connaissances et de l’innovation, on observe aujourd’hui une vraie mobilisation du monde de la recherche et du développement. Mais cette dynamique est trop récente pour combler le retard scientifique et technologique engendré par un recours prédominant à la chimie depuis plusieurs décennies. Quant aux agriculteurs, pour un grand nombre d’entre eux, le désir de changement est là. Mais si désir de changement il y a, il n’est pas suffisant aujourd’hui pour passer à l’acte. Il pourrait le devenir pour peu que les outils d’accompagnement soient disponibles et les signaux économiques favorables». Si les produits de protection des plantes servent de «bouc émissaire» selon Vincent Lavier, c’est bien «l’ensemble de la chimie qui pose problème que ce soient les plastiques ou la pharmacie humaine, sauf que les lobbys n’ont dans ce secteur pas tous la même influence. Un exemple : le lindane, puissant insecticide, a été interdit en agriculture dès 1998 mais est resté autorisé dans le produits autorisés pour la lutte contre les poux jusqu’en 2005 !». Vincent Lavier a terminé son tour d’horizon en remerciant les collectivités territoriales pour leurs soutiens : «nous avons la chance dans notre département, voire dans notre région, que ces collectivités reconnaissent la Chambre d’agriculture comme interlocuteur incontournable du monde agricole». Des  remerciements leur ont été adressés pour leur engagement financier dans les futurs locaux de Bretenière, là où se déroulera la cérémonie des vœux dans un an.

L’accompagnement des agriculteurs

Vincent Lavier a rappelé le contexte de diminution des ressources des Chambres d’agriculture : «Nous avons toujours mis un maximum de moyens au service du développement et malgré ces mauvaises nouvelles, nous ne sommes pas prêts à baisser les bras. Certaines Chambres n’ont pas d’autres solutions que de supprimer des postes d’agents de développement. En Côte d’Or, nous avons fait le choix d’engager une démarche qui vise à appréhender au mieux les besoins des agriculteurs afin de leur proposer des produits et services qui répondent à leurs attentes».