Syndicat des irrigants
Enjeu Eau : le dialogue ne coule pas de source
Le Syndicat des irrigants a réuni ses membres en assemblée générale le 4 juin. Une assemblée placée sous le signe de l’adaptation au changement climatique et à la nécessité d’un dialogue ouvert entre deux acteurs essentiels du dossier eau - l’Agence de l’eau RMC et la Police de l’eau – et les agriculteurs irrigants. De la difficulté à concilier certains points de vue et certains usages aussi…

Les années se suivent et se ressemblent, 2018 se sera ainsi imposée (comme la précédente et la prochaine année certainement) comme «une année atypique générant une campagne d’irrigation délicate à mener». Au point qu’il devient évident que «les années normales font désormais partie du passé» constate Pasccal Chadœuf, président du Syndicat des Irrigants. Les cellules de veille se sont ainsi succédées chaque semaine pour gérer au plus près du terrain la situation et les besoins. La nécessité s’impose donc de trouver des pistes d’adaptation au changement climatique, sous la forme «de mesures concrètes plus que de belles paroles» insiste le président, en évoquant notamment les fortes attentes des agriculteurs irrigants en termes d’augmentation des capacités de stockage, dans un département qui peut voir passer beaucoup d’eau sans en avoir l’usage.
Priorité au «stockage naturel» dans les milieux
La charge revenait ensuite au directeur de la délégation de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée, François Rollin et au chef du service Police de l’eau DDT 21, Yann Dufour, de clarifier les positions de leurs structures et les différents plans qui en découlent. La bonne nouvelle annoncée par l’Agence de l’eau c’est qu’ «on en sait déjà assez pour agir». Ce constat encourageant débouche sur une nécessité dont découlent toutes les actions : «il faut économiser l’eau» ce qui suppose «de raisonner les investissements en conséquence et de combiner les mesures». La logique est clairement énoncée «face à la pénurie» actuelle et annoncée, «on économise», en jouant sur toute la gamme des pratiques et des usages vertueux, pour tous les usages et les usagers et en assaisonnant le tout «d’une forte concertation».
Le bilan hydrique des sols n’est pas bon et leur assèchement graduel constitue «un vrai casse-tête». Les conséquences s’évaluent en perte de biodiversité, diminution de la fertilité, moindre résilience des systèmes et conséquences économiques aggravées. Quand l’agence RMC parle de retenir l’eau, elle entend : limiter les drainages, végétaliser, mieux utiliser les reliefs, couvrir les sols, lutter contre l’artificialisation, pratiquer l’agroforesterie… Quand les agriculteurs s’expriment sur les retenues d’eau, ils attendent : des aides concrètes pour construire des ouvrages de retenues permettant de limiter les prélèvements en période d’étiage… Les deux parties ne sont donc pas tout à fait sur la même longueur d’onde, ce qui ne facilite pas le dialogue. En revanche ils se rejoignent sur une dynamique : « plus le changement climatique est important plus l’ambition doit être grande» Mais ils divergent sur la nature des moyens à mettre en œuvre.
François Rollin rappelle que les aides de l’Agence de l’eau peuvent aller jusqu’à 50 % d’un projet et que «les créations de stockages représentent un vrai sujet», mais encore faut-il qu’elles «interviennent en substitution des prélèvements actuels et pas en augmentation» des quantités utilisées. Les appels à projets doivent aussi être orientés vers des changements de pratiques. Le 11ème programme est désormais opérationnel, explicite François Rollin ; il soutient la vocation «d’accompagner tout effort d’économie d’eau». La question du stockage de l’eau n’étant pas si simple qu’il y paraît mais au contraire «particulièrement complexe». La priorité semble aller pour le moment «au stockage naturel de l’eau effectué par les milieux naturels eux-mêmes» (zones humides, couverture des sols, pratiques agronomiques, etc.).
Un périmètre d’action limité
Pas de doute non plus pour Yann Dufour, chef du service Bureau Police de l’eau DDT 21, qu’en matière de changement climatique on s’oriente aussi vers «une gestion de crise» sur la question de la disponibilité en eau. «Mieux gérer la ressource, être plus sobre» cela concerne «tous les usages sur un bassin hydrographique cohérent», cette gestion s’effectuant «en coconstruction avec tous les acteurs du territoire». En Côte d’Or, quatre grands territoires sont ainsi définis : l’Ouche, la Tille, la Vouge et la Nappe de Dijon ; les acteurs agricoles participant au plus près et activement à ces instances de concertation. Là où le bât blesse, c’est que de concertations, en études, en réflexion et en… inaction, il faut facilement dix ans pour bâtir un projet cohérent. Ce qui n’est pas sans faire bondir nombre de participants à cette assemblée générale, face au temps gaspillé pendant que l’argent de l’Europe retourne à l’envoyeur… (voir notre encadré).
Le périmètre des actions est très limité : «pas de nouveaux usages ni de surfaces nouvelles irriguées», un objectif de réduction des prélèvements, le rétablissement du bon état des masses d’eau… La priorité étant de ne pas dégrader les ressources en eau naturelle et de tout mettre en œuvre pour favoriser «la remontée des nappes». Exemplaires de cette stratégie de reconquête des milieux naturels, les travaux de continuité écologique sur le territoire de la Vouge seront inaugurés le 19 juin prochain. «On est sur tous les fronts», insiste la Police de l’eau, en précisant que les efforts sont répartis sur tous les usages. Les nouveaux parkings dans les centres commerciaux doivent maintenant être filtrants pour que l’eau passe dans le sol sans ruisseler.
Les agriculteurs irrigants présents restent en tout cas dubitatifs quant aux intentions réelles et aux moyens déployés… Ils s’interrogent encore sur la volonté politique sous-jacente : Gérer ou laisser-aller ?
Priorité au «stockage naturel» dans les milieux
La charge revenait ensuite au directeur de la délégation de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée, François Rollin et au chef du service Police de l’eau DDT 21, Yann Dufour, de clarifier les positions de leurs structures et les différents plans qui en découlent. La bonne nouvelle annoncée par l’Agence de l’eau c’est qu’ «on en sait déjà assez pour agir». Ce constat encourageant débouche sur une nécessité dont découlent toutes les actions : «il faut économiser l’eau» ce qui suppose «de raisonner les investissements en conséquence et de combiner les mesures». La logique est clairement énoncée «face à la pénurie» actuelle et annoncée, «on économise», en jouant sur toute la gamme des pratiques et des usages vertueux, pour tous les usages et les usagers et en assaisonnant le tout «d’une forte concertation».
Le bilan hydrique des sols n’est pas bon et leur assèchement graduel constitue «un vrai casse-tête». Les conséquences s’évaluent en perte de biodiversité, diminution de la fertilité, moindre résilience des systèmes et conséquences économiques aggravées. Quand l’agence RMC parle de retenir l’eau, elle entend : limiter les drainages, végétaliser, mieux utiliser les reliefs, couvrir les sols, lutter contre l’artificialisation, pratiquer l’agroforesterie… Quand les agriculteurs s’expriment sur les retenues d’eau, ils attendent : des aides concrètes pour construire des ouvrages de retenues permettant de limiter les prélèvements en période d’étiage… Les deux parties ne sont donc pas tout à fait sur la même longueur d’onde, ce qui ne facilite pas le dialogue. En revanche ils se rejoignent sur une dynamique : « plus le changement climatique est important plus l’ambition doit être grande» Mais ils divergent sur la nature des moyens à mettre en œuvre.
François Rollin rappelle que les aides de l’Agence de l’eau peuvent aller jusqu’à 50 % d’un projet et que «les créations de stockages représentent un vrai sujet», mais encore faut-il qu’elles «interviennent en substitution des prélèvements actuels et pas en augmentation» des quantités utilisées. Les appels à projets doivent aussi être orientés vers des changements de pratiques. Le 11ème programme est désormais opérationnel, explicite François Rollin ; il soutient la vocation «d’accompagner tout effort d’économie d’eau». La question du stockage de l’eau n’étant pas si simple qu’il y paraît mais au contraire «particulièrement complexe». La priorité semble aller pour le moment «au stockage naturel de l’eau effectué par les milieux naturels eux-mêmes» (zones humides, couverture des sols, pratiques agronomiques, etc.).
Un périmètre d’action limité
Pas de doute non plus pour Yann Dufour, chef du service Bureau Police de l’eau DDT 21, qu’en matière de changement climatique on s’oriente aussi vers «une gestion de crise» sur la question de la disponibilité en eau. «Mieux gérer la ressource, être plus sobre» cela concerne «tous les usages sur un bassin hydrographique cohérent», cette gestion s’effectuant «en coconstruction avec tous les acteurs du territoire». En Côte d’Or, quatre grands territoires sont ainsi définis : l’Ouche, la Tille, la Vouge et la Nappe de Dijon ; les acteurs agricoles participant au plus près et activement à ces instances de concertation. Là où le bât blesse, c’est que de concertations, en études, en réflexion et en… inaction, il faut facilement dix ans pour bâtir un projet cohérent. Ce qui n’est pas sans faire bondir nombre de participants à cette assemblée générale, face au temps gaspillé pendant que l’argent de l’Europe retourne à l’envoyeur… (voir notre encadré).
Le périmètre des actions est très limité : «pas de nouveaux usages ni de surfaces nouvelles irriguées», un objectif de réduction des prélèvements, le rétablissement du bon état des masses d’eau… La priorité étant de ne pas dégrader les ressources en eau naturelle et de tout mettre en œuvre pour favoriser «la remontée des nappes». Exemplaires de cette stratégie de reconquête des milieux naturels, les travaux de continuité écologique sur le territoire de la Vouge seront inaugurés le 19 juin prochain. «On est sur tous les fronts», insiste la Police de l’eau, en précisant que les efforts sont répartis sur tous les usages. Les nouveaux parkings dans les centres commerciaux doivent maintenant être filtrants pour que l’eau passe dans le sol sans ruisseler.
Les agriculteurs irrigants présents restent en tout cas dubitatifs quant aux intentions réelles et aux moyens déployés… Ils s’interrogent encore sur la volonté politique sous-jacente : Gérer ou laisser-aller ?
Emmanuel Bonnardot : «Un enjeu essentiel au maintien des filières»
Les interventions des représentants de l’agence de l’eau RMC et du service police de l’eau de la DDT 21 ont suscité quelques réactions. Si le ton est resté mesuré, certains dans la salle ont exprimé leur incompréhension face à des décisions qui leur semblent bien éloignées de la réalité économique des territoires et qui révèlent une méconnaissance des enjeux agricoles. Emmanuel Bonnardot, agriculteur à Bonnencontre a soulevé la question du maintien de filières d’avenir comme celle du soja non OGM : «C’est une filière vertueuse par excellence, que se passera-t-il si dès le mois d’août on ne peut plus irriguer ? Le fossé entre les positions de principe et les ambitions se creuse et la problématique des retenues d’eau reste entière. C’est une vraie priorité pour les agriculteurs». Ils dénoncent aussi la lenteur des prises de décisions et du montage de certaines opérations qui aboutit à gaspiller certaines opportunités d’aides européennes. «Le temps passé en études et définition de programmes nuit à l’efficacité, il est temps de privilégier l’action et de mettre les moyens nécessaires en face». Il dénonce ainsi «le magma dans lequel on s’enlise sur le stockage de l’eau avec des financeurs qui ne tirent pas tous dans le même sens. Au final, nous sommes toujours en attente d’une orientation claire, qui nous permettrait de maintenir des productions rentables. La perte de valeur s’aggrave en Côte d’Or et plus spécifiquement dans la plaine, du fait d’un manque d’approvisionnement régulier en eau. N’oublions pas que nos filières subissent de plein fouet la concurrence avec d’autres pays européens qui ne supportent pas les mêmes contraintes». Une position soutenue par la salle et par Pascal Chadœuf, président du syndicat des irrigants, qui a souligné dans sa conclusion la nécessité de sécuriser les volumes pour maintenir à niveau certaines productions qualitativement et quantitativement. Les irrigants attendent toujours les signes tangibles «d’une vraie volonté de gérer au mieux l’eau, en regard des enjeux économiques pour l’agriculture départementale et pour les exploitations agricoles».