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Irrigation

Encore une année atypique

Les derniers tours d’eau s’opèrent dans le département, après des épisodes climatiques une nouvelle fois changeants.
Par Aurélien Genest
Encore une année atypique
Pascal Chadoeuf, président du syndicat des irrigants de Côte d’Or, dresse un bilan intermédiaire de 2016 et évoque plusieurs dossiers.
Le printemps très pluvieux l’aurait presque fait oublier... L’irrigation ne s’est mise en route que fin juin cette année. «L’eau était à volonté et il n’y a pas eu besoin d’irriguer. Les fortes précipitations du premier semestre ont permis aux nappes de se recharger» relève Pascal Chadoeuf, agriculteur à Fauverney et président du syndicat départemental des irrigants. La donne a complètement changé fin juin, presque du jour au lendemain.

Les premières irrigations ont été effectuées dans le département, principalement dans les cultures de printemps. «Les plantes ont eu du mal à s’adapter, étant donné le développement superficiel du système racinaire» poursuit Pascal Chadoeuf. La sécheresse «de surface» a perduré et l’irrigation a été sollicitée.

Aujourd’hui, celle-ci ne concerne plus que quelques parcelles de maïs semences, de soja, des semis d’oignons d’hiver et de colza. «Le coup de feu est pratiquement passé» note le Côte d’Orien, saluant une nouvelle fois les bienfaits de l’irrigation : «sans être exceptionnelles, les récoltes des cultures de printemps qui ont pu recevoir de l’eau devraient être dans la moyenne. J’espère ne pas être déçu autant qu’en juillet avec les cultures d’hiver... Concernant les parcelles non irriguées, je pense que la punition sera totale».

Financements incertains
Outre les récoltes, le président du syndicat s’interroge sur le devenir de certains projets d’irrigation, dont les financements seraient plus qu’incertains. En cause : la loi NOTRe et ses incidences sur les actions de l’accord-cadre du Conseil départemental. «Plusieurs soutiens sont remis en question avec ce nouveau dispositif» déplore Pascal Chadoeuf, qui participait à la dernière session de la Chambre d’agriculture. «Des lignes doivent être abondées pour que nous puissions percevoir des aides, je pense notamment au Feader. Sans ces aides, les autres subventionneurs ne peuvent apporter leur participation» a t-il insisté auprès de Sophie Fonquernie, vice-présidente du Conseil régional en charge des dossiers agricoles. Pascal Chadoeuf a également informé de l’existence de plusieurs projets individuels, «méritant d’être soutenus au même titre que les collectifs». Une visite du bassin de récupération d’eau de pluie de la zone d’activité économique de Boulouze à Fauverney était proposée après cette réunion. «Ce rendez-vous nous a permis de sensibiliser Sophie Fonquernie aux enjeux de l’irrigation» indique Pascal Chadoeuf, «nous lui avons montré qu’il était possible de réaliser des projets conciliant plusieurs objectifs. En effet, ce bassin répond à trois objectifs : le stockage d’eau pour l’irrigation agricole, la rétention des eaux pluviales de la zone d’activités de Boulouze et des deux plate-formes logistiques et enfin, le soutien d’étiage du ruisseau du Chamapaison alimentant les étangs du Parc de Chassagne».

Sauver les filières
«Il est capital de maintenir l’irrigation sur notre département, il en va de la survie de nos filières» insiste Pascal Chadoeuf, «en seulement quelques années, nous avons déjà perdu la sucrerie d’Aiserey qui représentait tout de même 4 000 hectares de cultures de betteraves. Il y a eu ensuite l’usine D’Aucy, Farm Frites et STL... Cela fait beaucoup. Aujourd’hui, nous avons Val Union à Ciel qui cherche à développer la filière maïs semence. Les pommes de terre partent à Terres de France dans l’Ain et une centaine d’hectares d’oignons prennent la direction de l’Aisne pour y être déshydratées. La société Terres de Saône a rétrocédé son unité de conditionnement au groupement CBC Proleco- Terre de Beauce durant l’hiver 2015-2016».

Pascal Chadoeuf recontactera la vice-présidente du Conseil régional d’ici la fin de l’année pour redéfinir le programme de l’irrigation pour les années à venir.

Dans cet univers incertain, le président du syndicat invite les agriculteurs à rester plus que jamais solidaires et motivés pour défendre l’irrigation.