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Polyculture-élevage

Encore une année à la c...

Le printemps très pluvieux engendre bon nombre de difficultés pour la récolte d’herbe. Les grandes cultures ne sont pas exemptées.
Par Aurélien Genest
Encore une année à la c...
Il n’a pas toujours été facile de rentrer dans les parcelles.
Que de péripéties dans les élevages. Dans un contexte économique démoralisant, les caprices de la météo n’arrangent vraiment rien. «Avril, mai, juin... Il n’a cessé de pleuvoir depuis la mise à l’herbe» rappelle Edouard Bénayas, à la Chambre d’agriculture de Côte d’Or.

Certaines prairies se retrouvent aujourd’hui «matraquées» par le piétinement des animaux. «Les éleveurs n’ont pas pu ouvrir leurs parcelles de fauche dans de telles conditions. La concentration en animaux est restée importante et on assiste à d’importants dégâts dans les pâturages» poursuit le conseiller.

Le manque de fourrages se fait de plus en plus ressentir et bon nombre d’éleveurs ont débuté  l’affouragement depuis plusieurs semaines. «Certains ont même été contraints de rentrer leurs animaux en stabulation. Il est très rare de le faire à cette période de l’année, en juin. Des éleveurs l’avaient déjà fait au printemps 2013 mais ils avaient pu relâcher assez rapidement car la météo s’était nettement améliorée.... Malheureusement pas cette année».

Du retard
Les récoltes d’herbe affichent un retard considérable par rapport à un calendrier plus classique, sur les prairies de fauche et sur prairies temporaires. La situation se complique sérieusement car le stade grainage est déjà bien entamé. Si la quantité devrait être au rendez-vous, Édouard Bénayas s’attend  à une récolte de foin «moyenne à médiocre» d’un point de vue qualitatif. «Il y a eu aussi un phénomène de verse avec les orages, l’humidité est restée au pied des plantes, ça n’a rien arrangé» ajoute le conseiller, déplorant de très mauvaises conditions de récolte : «c’est tout l’opposé de 2015, année qui s’était terminée sur des quantités certes moyennes mais au cours de laquelle les fourrages avaient été récoltés dans de très bonnes conditions, juste avant le coup de sec». Il restait «énormément» de travaux de fenaison à effectuer la semaine dernière. «Dans tous les cas, il faudra être extrêmement attentif sur la température des bottes» prévient le Côte d’orien.

Ça a beaucoup filmé
Édouard Bénayas constate une augmentation de la partie enrubannage, «logique» au vu des événements : «beaucoup d’éleveurs en ont fait à la place du foin. D’habitude, l’enrubannage est plutôt réservé à une fauche précoce, de très haute qualité. Ce sera différent cette année. Cela n’est pas sans poser de problèmes. Cette technique coûte cher (entre 3 et 4 euros par botte, voire même jusqu’à 5 euros si l’on tient compte de l’amortissement de la machine), et la piètre qualité du fourrage impliquera une complémentation plus importante».

Le passage d’engins a été plus que difficile avec l’excès d’eau, laissant de nombreuses ornières : «il va falloir rénover les prairies et remettre en état. Cela s’ajoute aux nombreuses empreintes de pieds laissées par les vaches. Du travail supplémentaire sera nécessaire l’hiver prochain avec le passage de rouleaux. De nombreux éleveurs l’avaient déjà fait en 2013».

Quant à l’ensilage, il devrait réserver des fortunes diverses : «l’ensilage d’herbe de début mai devrait être assez correct. Mais pour ce qui a été ensilé plus tardivement, il faudra réaliser des analyses pour en connaître la qualité. Quant à l’ensilage de maïs, il est bien trop tôt pour connaître le résultat. Il semble qu’il y ait du bon et du moins bon».

Une année atypique

Rencontré la semaine dernière dans un champ se préparant à recevoir du sorgho, Jean-Louis Doret, agriculteur à Arconcey, reconnaît lui aussi avoir  affaire à une année atypique, avec certains prés gorgés d’eau, un affouragement de ses animaux assuré depuis plusieurs jours, des récoltes de fourrages en bonnes quantités mais de piètre qualité : «Nous avons fait beaucoup d’enrubannage cette année. Fait assez exceptionnel, nous avons rentré une quinzaine de vaches au mois de juin. Les récoltes étaient parties pour être en avance mais avec tout ce qui est tombé, ce ne sera pas le cas». Julien Bandonny, 17 ans, se rappelle que toutes les récoltes étaient terminées le 18 juillet l’an passé : «elles s’annoncent beaucoup moins bien que nous le pensions il y a quelques mois. De nombreuses maladies se sont développées, bien que nous ayons passé un fongicide dans l’ensemble des cultures. J’espère que les conditions de récoltes seront meilleures que pour l’herbe. Nous sommes loin d’avoir fini et guettons constamment le beau temps pour sortir les machines...»