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Contexte écnomique

En flux tendu

Les trésoreries des exploitations ne sont pas au mieux dans le département. Le Crédit Agricole livre son point de vue.
Par Aurélien Genest
En flux tendu
Après des échanges avec leur conseiller, de nombreux agriculteurs ont bénéficié de prêts bonifiés à court terme et moyen terme.
Les difficultés sont là, quelles que soient le secteur d’activité et la zone géographique considérées. Tristan Lamy, directeur de l’agriculture, des entreprises et de la banque privée au Crédit Agricole de Champagne Bourgogne, dresse un état des lieux du département. En céréales, les tensions résultent de la combinaison d’une récolte de moindre qualité, de rendements décevants et d’un contexte de prix baissiers.

Sur certaines zones de plateau, la conjoncture est défavorable pour la troisième année consécutive. Les producteurs allaitants, eux, font face à une augmentation de leurs charges dans un contexte de prix de vente peu favorable. La réforme de la Pac n’est généralement favorable pour personne dans la zone intermédiaire. Pour la viticulture, même si 2014 peut être qualifiée de «normale» (à l’exception du secteur de Pommard qui a été durement touché par la grêle pour la troisième année consécutive), les trois dernières années de faibles récoltes commencent à se faire sentir en trésorerie avec la commercialisation des millésimes 2012.

Du travail dans le préventif
Tristan Lamy poursuit son analyse: «les difficultés sont  bien réelles, je pense notamment aux charges qui restent particulièrement élevées. Sur les dernières années, les investissements ont été importants pour diverses raisons : productivité, mise aux normes, optimisation fiscale.... Ils génèrent aujourd’hui des charges de remboursement importantes. Le décalage entre revenu et paiement de l’impôt MSA amène un effet de ciseau important sur les trésoreries des exploitations qui n’ont pas anticipé». Pour Tristan Lamy, les mesures préventives telles que la DPA (Déduction pour aléas) et le système assurance récolte sont encore «trop peu utilisées»: «même si ces systèmes sont à parfaire, ce sont de véritables amortisseurs de choc pour ceux qui les ont souscrits».

Construire ensemble la solution la plus adaptée
Devant les difficultés, le Crédit Agricole de Champagne Bourgogne rencontre ses clients pour échanger et construire ensemble la solution la plus adaptée. «Quand cela est nécessaire, nous mettons en place des mesures spécifiques liée à un évènement majeur» explique Tristan Lamy, «ainsi, pour les épisodes de grêle de la côte de Beaune ou pour faire face aux conséquences des moissons 2014, nous avons décidé de mesures spécifiques en faveur des agriculteurs touchés, notamment des prêts bonifiés à court terme et moyen terme avec un taux super bonifié pour les jeunes agriculteurs». Ces mesures concernent près de 1500 bénéficiaires et représentent
45 millions d’euros sur le territoire de la caisse régionale, dont environ un tiers pour le seul département de la Côte d’Or. A la DPA et à l’assurance récolte précédemment mentionnées, Tristan Lamy ajoute l’épargne de précaution et l’assurance grêle comme mesures préventives prônées par le Crédit Agricole: «nous constatons que les exploitants qui les utilisent s’en sortent mieux que les autres» confie le Côte d’orien. La banque échange régulièrement avec les Organisations professionnelles agricoles : «ces moments sont réguliers, constructifs et essentiels à nos yeux» poursuit Tristan Lamy.

Prospectives 2015
Que penser de l’année en cours? «Il est difficile de faire des prévisions dans un monde où volatilité des prix et accidents climatiques défient les lois statistiques quasiment chaque année !» répond le directeur de l’agriculture. Les situations de trésorerie devraient, selon lui, «continuer à être tendues jusqu’à l’été et nous aurons à accompagner ce phénomène. Une bonne moisson et des prix de vente supérieurs à 180€ devraient permettre de résoudre une bonne partie des problèmes de trésorerie pour les producteurs céréaliers. A l’issue de cette moisson, nous saurons si nous devons ou non consolider une partie des crédits court termes octroyés et sur quelle durée. Pour la viticulture, 2015 est la seconde année de commercialisation des petites récoltes, il est indispensable que le niveau des prix reste au niveau actuel pour compenser la moindre quantité vendue. Concernant l’élevage allaitant, le niveau des prix n’est pas suffisamment haut actuellement pour résorber les situations déjà difficiles. Enfin, après une bel exercice2014, le prix du lait est au plus bas en ce début d’année et nous retrouvons quelques tensions de trésorerie».