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Emmanuel Bernard en visite dans le Morvan

Le nouveau président de la FDSEA était en visite dans le Morvan à la rencontre des adhérents du canton de Montsauche-les-Settons. L'exploitation d'Éric Boucher, président cantonal, a servi de cadre à cette visite.
Par Théophile Mercier
Emmanuel Bernard en visite dans le Morvan
À l’image du temps, les dossiers brûlants n’ont pas manqué d’alimenter les échanges de ce mercredi 5 août sur l’exploitation de d’Éric Boucher, président du canton de Montsauche-les-Settons de la FDSEA. Même si la plupart des agriculteurs présents à cette rencontre connaissaient Emmanuel Bernard, nouvellement élu à la présidence départementale de la FDSEA, l’objectif était pour lui de prendre la température et de recueillir les problématiques morvandelles. Le Morvan qui est une terre d’élevage mais aussi un lieu d’accueil pour les touristes a plus que jamais besoin de ses agriculteurs. Cette notion n’a pas échappé à Emmanuel Bernard qui a résumé l’objectif de sa rencontre ainsi : « Je suis venu à la fois pour entendre vos problématiques et pour que l’on trouve ensemble des solutions pour ne pas dépendre des aléas du temps, de la réglementation, trouver des solutions alternatives à la paille et essayer de construire des relations avec ceux qui défendent le tourisme dans la Morvan. Ce territoire a besoin de touristes et il ne peut y avoir de touristes sans des agriculteurs qui entretiennent les paysages. Nous sommes les derniers à connaître véritablement la nature. C’est une force dont il faut se servir » a-t-il déclaré en préambule. La défense de ce territoire débute entre autres par la lutte contre la fermeture des paysages que l’absence de réglementation des boisements et la non application de la réglementation sur les sapins de noël continue d’entretenir. « Concrètement aujourd’hui, on peut planter où l’on veut et quand on veut. Par exemple en face de chez moi, rien ne peut empêcher l’exploitant forestier à planter de la sapinière. Cette situation aberrante va nous obliger à aller chercher du foncier ailleurs, alors qu’il en existe au pied des exploitations » résume ainsi Éric Boucher. Les agriculteurs du Morvan étudient la possibilité d’attaquer au tribunal le Conseil départemental (en charge de cette réglementation ndrl) pour défaut d’application du pouvoir de police. «Nous devons être plus mordants juridiquement, mais il faut être prudent en choisissant la bonne juridiction » martèle Emmanuel Bernard. Michel Loison, en première ligne aussi sur ce dossier estime « qu’il y a une volonté délibéré du Conseil Départemental de ne pas envoyer de courriers aux propriétaires forestiers ». Ce dossier, véritable épine dans le pied des agriculteurs morvandiaux va peut-être (enfin) trouver une issue favorable.

« Il faut désormais anticiper »
L’autre sujet brûlant du moment c’est bien évidemment le problème du manque de paille. Un problème récurrent qui devient désormais structurel et qui met les éleveurs morvandiaux dans des situations de tensions. C’est pour tenter d’enrayer ce phénomène que la FDSEA a proposé à ces adhérents un projet collectif de bâtiment de stockage, une quasi-révolution dans le secteur. « Il n’y a pas de solution miracle, mais je suis convaincu que l’on doit avoir un stock stratégique pour passer les coups durs. L’idée est de partir sur un bâtiment de 2 000 tonnes équipé de panneaux photovoltaïques. L’objectif est d’anticiper au printemps lorsque la paille est la moins chère et le bon sens pour moi et de le faire en collectif. Sur ce projet, je pense que la FDSEA a les capacités de se charger du dossier pour aller chercher des subventions dans le cadre du plan de relance annoncé par le gouvernement. Charges à vous ensuite d’acheter la paille » détaille Emmanuel Bernard. Un projet accueilli avec bienveillance par les adhérents, même si le travail de persuasion va être nécessaire pour faire changer les mentalités. « C’est un beau projet Emmanuel, mais nous aurons toujours les problèmes liés aux coûts de transport » résume ainsi un adhérent. L’idée de ce projet est donc d’alléger un peu la facture.

De nouveaux indicateurs
Cette rencontre s’est conclue sur le niveau des prix pratiqués dans la filière de la viande bovine. Fort son expérience à la FNB, Emmanuel Bernard affirme aujourd’hui que la baisse du broutard telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui est organisée. Pour le président de la FDSEA, « la situation en Italie n’est pas si mauvaise que l’on veut bien nous le faire croire ». Normalement selon lui une vache R= de moins de 10 ans, doit être vendue minimum 4 euros. Un sentiment qui n’est pas du tout partagé sur le terrain par les adhérents qui s’estiment floués par les coopératives, Sicarev en tête. Certains à l’image de Pierre Bobin, réclame une rencontre rapide avec eux pour trouver des solutions plus favorables aux éleveurs. « Sur le sujet du prix, je vous rappelle que la loi permet à tous les adhérents de coopérative de connaître la construction de son prix. Deuxièmement, nous sommes en train de travailler avec la FNB pour vous proposer des indicateurs plus clairs. L’objectif est également de proposer à la presse agricole ces cotations pour qu’elles soient lues par le plus grand nombre de personnes » conclut Emmanuel Bernard.