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Les femmes dans l’agriculture

Elles y ont leur place et plus personne ne dit le contraire

À 27 ans, Élisa Lechenault est agricultrice à Etaule, installée depuis décembre 2017 en Earl avec son père. Entre le travail avec ses vaches, ses chevaux et ses cultures, elle prend le temps de raconter son parcours : celui d’une femme arrivée à la tête de son exploitation.
Par Christopher Levé
Elles y ont leur place et plus personne  ne dit le contraire
Élisa Lechenault est agricultrice dans l’Avallonnais depuis maintenant sept ans. Elle a su faire sa place dans un monde encore masculin.
De nos jours, il n’est plus rare de retrouver des femmes à la tête d’une exploitation. Mais dans un milieu encore fortement masculin, il nous semblait important, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, de montrer que les mentalités changent et qu’aujourd’hui, les femmes cheffes d’exploitation sont enfin reconnues à leur juste valeur. Et il était temps.
À Etaule, dans l’Avallonnais, Élisa Lechenault est l’un des nouveaux visages de l’agriculture icaunaise. À 27 ans, elle est installée depuis décembre 2017, en Earl avec son père, sur une ferme d’environ 200 hectares, avec une centaine de vaches laitières, une quinzaine de chevaux de course et des cultures. « Majoritairement du maïs et du blé, ainsi que de la luzerne pour l’autoconsommation », précise-t-elle.
Après un Bac pro en conduite et gestion d’une exploitation agricole, fait à Châtillon-sur-Seine, suivi d’un BTS en production animale en apprentissage en Normandie, Élisa Lechenault décide de revenir sur l’exploitation familiale, il y a maintenant sept ans.

L’agriculture ancrée en elle
Alors, comment sa vocation pour le milieu agricole est-elle née ? « Je crois que cela s’est décidé lorsque j’étais dans le ventre de ma mère », rit-elle. « Depuis toute petite, je savais que je voulais travailler à l’air libre. Au fil des années, en venant de plus en plus souvent à la ferme, cela m’a donné envie d’y travailler ».
De là à s’installer ? « Non, je ne pensais pas », sourit Élisa Lechenault. « L’idée est venue sur le tard. C’est en travaillant ici, aux côtés de mon père, que je me suis dit pourquoi pas ».
Un choix qu’elle ne regrette pas. « C’est un métier plaisant malgré les contraintes. Que ce soit sur l’aspect personnel ou sur l’aspect animalier, j’en apprends tous les jours. C’est passionnant ».

« La femme a une place importante »
En tant que jeune agricultrice, la vision d’Élisa Lechenault sur la place de la femme dans le milieu agricole est claire : « Elle a une place importante. Elle rend une ferme un peu plus joviale, elle apporte un peu de gaieté. C’est comme ça que je vois les choses », confie-t-elle. « Quand je suis arrivée dans l’exploitation, j’étais la seule femme et je le suis encore aujourd’hui », rit l’agricultrice. « Il faut aussi réussir à faire sa place. Mais je pense que depuis sept ans, ma place est faite ».
Aussi, elle assure qu’elle n’a jamais souffert de clichés ni jamais été rejetée. « Aujourd’hui, les hommes ont une ouverture d’esprit différente de celle d’il y a quelques années. Beaucoup ont compris qu’une femme pouvait accomplir les mêmes tâches et la même charge de travail qu’eux. Je fais partie des Jeunes agriculteurs où il y a d’autres femmes. Jamais je n’ai ressenti que je n’avais pas ma place dans ce milieu, bien au contraire. On nous fait comprendre que les femmes apportent un autre œil et une autre façon de faire », affirme Élisa Lechenault. « Je pense que le métier s’est ouvert, les mentalités ont changé. On n’est plus dans ces clichés de mettre la femme dans un bureau, à l’abri, et l’homme dehors ».
L’agricultrice a également un message pour toutes ces jeunes femmes, qui veulent évoluer dans le monde agricole. « Il ne faut pas lâcher. Si on est motivée, on est capable de faire sa place dans un milieu encore masculin. Il ne faut pas hésiter à rencontrer des agricultrices, leur demander des conseils. Mais les hommes sont réceptifs. Chacun à sa place, peu importe le corps de métier. On a voulu l’égalité homme/femme, l’agriculture ne fait pas exception », conclut Élisa Lechenault.

Les femmes dans l’agriculture

En 2019, la France comptait 441 747 chefs d’exploitation (tous les chiffres ont été transmis par la MSA Bourgogne, ndlr), dont 29 222 en Bourgogne Franche-Comté et 3 955 dans l’Yonne. Parmi eux, se trouvent 107 100 femmes cheffes d’exploitation (en France), soit 24,3 %, ou près de ¼, des chefs d’exploitation (20 % en Bourgogne Franche-Comté et 21 % dans l’Yonne).
Toujours en 2019, la France comptait également 19 300 collaboratrices d’exploitation (sur les 24 308 collaborateurs d’exploitation, hommes et femmes confondus). Ce qui porte le total de femmes dans l’agriculture à près de 126 500, soit 27,1 % des non-salariés agricoles.