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Colza

Du mieux, mais des rendements encore loin d’être satisfaisants

Depuis quelques années, la production de colza connaît d’importantes difficultés dans le département, avec des 0 q/ha relevés l’année dernière notamment. Cette année, les rendements semblent être un peu meilleurs, grâce aux préconisations de Terres Inovia sur la qualité d’implantations. Des rendements toutefois encore loin d’être satisfaisants pour une culture qui était, il y a encore peu de temps, prédominante dans l’Yonne.
Par Christopher Levé
Du mieux, mais des rendements encore loin d’être satisfaisants
Dans le département, les rendements en colza sont hétérogènes allant de 5 q/ha à 40 q/ha.
«Cette année, les rendements vont de 5-7 q/ha à 40 q/ha», lance Gilles Robillard, agriculteur à Méré et secrétaire générale de la FDSEA 89. «Il y a des parcelles pour lesquelles, globalement c’est une bonne année et d’autres pour lesquelles c’est une année vraiment très mauvaise».
Alors, comment expliquer cela ? Plusieurs facteurs sont à mettre en cause. «Il y a tout d’abord la qualité de levée puisque l’été dernier la sécheresse a été importante», explique Gilles Robillard. «Il y a également eu une qualité d’implantation qui a été très différente selon les zones. Là où il y a eu de l’eau, les levées ont pu être régulières et homogènes, avec un potentiel de rendement encore satisfaisant. Et dans les zones où il n’y a pas eu d’eau, le potentiel était déjà entamé à la levée», assure-t-il.
L’excès d’eau hivernal n’a pas aidé au bon développement de la plante. «Le colza est très sensible à cela. Avant l’hiver, le colza fait 80 % de son système racinaire pour l’année. S’il y a un excès d’eau, le système racinaire ne se développe pas. Cela réduit donc la capacité du colza à absorber des éléments», détaille l’agriculteur.
Et le coup de gel au mois d’avril a causé des dégâts sur une partie des colzas, réduisant encore le potentiel de rendement sur certains secteurs.

Une problématique liée à la nutrition azotée
Puis, il y a eu la sécheresse d’avril à mai-juin. «Sur les bonnes terres, le potentiel du colza a été conservé grâce aux réserves hydriques. Mais sur les terres plus superficielles, la plante a souffert du sec», confie Gilles Robillard.
À cela, s’ajoutent deux problématiques. La première est la pression insecte, toujours présente. «Mais, en suivant les préconisations de Terres Inovia sur la qualité d’implantation, on limite les risques liés à la pression insecte à l’automne», assure le secrétaire général de la FDSEA 89. «Pour moi, cette année, la pression insecte était moins prégnante que les conditions climatiques».
La seconde problématique concerne la nutrition azotée. «Pour augmenter les chances de réussir son colza, il faudrait aussi que l’on puisse avoir l’autorisation de mettre de l’azote à l’automne sur des colzas qui sont en bonne santé. Aujourd’hui, la directive nitrates ne nous autorise pas à mettre de l’engrais azoté à l’automne mais nous savons que si nous voulons que le colza soit plus résistant pour lutter contre les insectes, il faudrait pouvoir le faire», affirme Gilles Robillard.
Car pour l’agriculteur, «malgré les pratiques agronomiques qui ont amélioré la robustesse du colza, sans solution chimique en dernier recours, le colza pourrait disparaître dans certaines zones. Cela voudrait aussi dire que notre autonomie protéinique en France pourrait s’en trouver menacée», conclut Gilles Robillard.